40 - Le commencement de la fin

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Maison des Dumont, samedi 03 août 1940, 17h30.

-Pensez-vous qu'il va rentrer tard ? Me demande-t-elle d'une voix mielleuse en observant mes photos de famille au salon, je prends les deux tasses de thé puis la rejoinds.

-Je ne sais pas. Rétorque-je d'un timbre neutre en m'installant sur mon fauteuil, calmes-toi Rose, ça va aller.

-C'est incroyable, vous avez une telle ressemble avec votre mère ! Sourit-elle enthousiaste en se tournant vers moi.

-Elle est décédée.

-Oh, j'en suis navrée.. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle a l'air réellement désolée pour mon histoire. J'ai tellement envie de la détester.

-Aucun soucis, j'étais jeune.

-Ça a du être un événement très douloureux à traverser, c'est dur de faire son deuil.

-On ne le termine jamais vraiment, on vit simplement avec. Venez-vous asseoir. Réplique-je lentement tout en prenant ma tasse entre mes doigts pour l'approcher de mes lèvres et souffler lentement sur le liquide.

-Oui j'imagine. Avoue-t-elle en s'installant prêt de moi, je ne peux m'empêcher de la détailler. Elle a de beaux cheveux noirs, ramenés en un chignon au centre de son crâne, sa parure d'or la met en valeur tandis que son chemisier de soie blanche est en accord avec ses escarpins. Sa jupe lui serrant les hanches est de même couleur que sa chevelure.

-J'espère que Engel a été agréable avec vous et votre famille. Si elle savait..

-Il ne nous parlait pas vraiment, mis à part lors des dîners. C'est un homme très discret, après vous me direz, il est venu ici pour son travail et non pour un séjour de vacance. À ma remarque, elle rit franchement, je l'accompagne d'un léger sourire jaune, bien évidement.

-Vous avez totalement raison. Je ne m'attendais pas à être aussi bien reçue, après tout, je suis une allemande et vous une française, nous sommes ennemies selon nos Patries respectives. Et pas que à cause de nos pays ma chère..

-Certes, mais avant tout nous sommes toutes deux des femmes. Je n'ai aucune raison de vous haïr. Non aucunes.

-Bien-sûr que non ! Dans une autre vie, nous aurions été de très bonnes alors. Je ris avec elle, cette fois-ci, ma main me démange et l'envie de lui renverser le contenu bouillant de ma tasse est très présente.

-Vous m'en direz tant. Murmure-je en buvant, elle fait de même.

-Pratiquez-vous une activité ? Ou un métier ? S'intéresse la fiancée du général en me scrutant de ses iris bleus.

-Oui, je suis infirmière. J'aide les médecins, j'ai aussi travaillé à la krankenstation de la kommandantur, j'ai fais de belles rencontres. Et vous ? J'ai du mal à me rendre compte que je suis en train de faire la conversation à une femme que je devrai détester de toute mon âme.

-Non, je n'ai aucune envie de travailler. Admet-elle sincèrement, je hoche la tête, énormément de femmes ne travaillent pas, ce sont surtout les hommes.

-Je pense que le général va finir tard.

-Oui vous avez sûrement raison, je vais aller le rejoindre directement à la Kommandantur. Dit-elle en posant sa tasse vide sur la petite table basse puis nous nous levons.

-Je suis heureuse de vous avoir connu, et encore merci pour cet accueil si agréable mademoiselle Dumont. Si ça ne tenait qu'à moi, je l'aurai laissé dehors sans information.

Romance ou violence ? [Nv T1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant