Chapitre 22 - Parc

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Je sais que ma tête et mon cœur ont pardonné à Maxence. 


Je me suis persuadé que rien n'était de sa faute et qu'il m'aimait, pourtant, je n'arrive pas à en être sûr. L'effet de l'alcool sur son cerveau m'a dévoilé une face de sa personne que je ne connaissais pas : un Max festif, lâche et infidèle. Je ne sais plus si je peux encore lui faire confiance mais j'aimerais être convaincu que oui. Pour me prouver son amour et sa fidélité, il faudra qu'il fasse le premier pas, qu'il revienne à moi lui-même pour se faire pardonner. Mais il me manque tellement... Je veux qu'il comprenne qu'il devra se battre pour me récupérer et regagner ma confiance, mais j'ai beaucoup de mal à attendre, sans le voir, lui parler, lui exprimer tout mon amour et mon attachement. Peut-être faut-il que j'aille le chercher pour le rassurer et lui dire que je l'aime toujours. Il a besoin de moi.
 Et moi j'ai besoin de réfléchir !

Je regarde ma montre : il est 20h. Je ne me sens pas très bien, j'ai mal à la tête, j'ai l'impression de suffoquer dans cet appartement... Je vais sortir prendre l'air un moment.
 Après m'être préparé, je sors dans ma rue et marche droit devant moi sans trop savoir où aller. Mais à seulement quelques pas de mon immeuble, je pense à un détail... La lettre ! Je remonte en courant à mon appartement et trouve le mystérieux message. Je sais où je vais aller pour la lire...
 Au bout de l'avenue, il y a un grand parc où je vais parfois me poser pour réfléchir ou être tranquille. Là-bas je pourrais penser sans être déranger et en prenant l'air. Je glisse la lettre dans ma poche et sort.

Je me pose sur un banc dans une clairière et regarde les arbres autour de moi. Ça fait du bien de se sentir coupé du monde même en plein Paris... De pouvoir déprimer tranquillement...
J'observe la nature, l'herbe verte, les arbres pleins de fruits, et les talus de fleurs... J'aime bien ce cadre, il m'apaise et me rassure.
 Des gens passent devant mon banc de temps en temps et je les observe, les détaillant de haut en bas. D'abord, des enfants courent sur le chemin et disparaissent aussi vite qu'ils ne sont apparus, ensuite un couple passe en marchant tranquillement et se tenant la main, puis une vieille dame armée de sa canne qui me dévisage en avançant. Je détourne le regard gêné et observe au loin un étudiant à vélo accompagné de son chien qui traversent une ruelle. Je me mets au bout d'un moment à penser à la lettre, mais plus le moment de l'ouvrir et de la lire approche, plus j'ai envie de le repousser. Je n'ose pas. J'ai peur d'un lettre putain ! Ou bien de la personne qui l'a écrite... Ou bien de la réaction de mon coeur...

Deux adolescentes arrivent à mon niveau et attirent mon attention. Ce n'est pas la première fois que je les vois par là, elles doivent habiter dans le quartier... Elles s'assoient sur un banc à côté du mien. J'ai bien remarqué qu'elles chuchotent en me désignant, peut-être m'ont elles reconnu mais elles n'osent pas venir me voir. Tant mieux, comme ça je suis tranquille ! Je continue à observer le parc, l'air de rien, mais dès que les deux jeunes se désintéressent de moi, je tourne la tête et les fixe. J'avoue qu'un détail m'a frappé et je ne peux m'empêcher de l'admirer pendant plusieurs minutes... Les cheveux de la plus petite sont magnifiques ! Ils sont bruns mais le soleil leur donne des reflets roux, forment par endroit des boucles dorées qui tombent lâchement sur ses épaules. Ils paraissent fins, soyeux, brillants,... Je devine déjà leur douceur, je sens presque ma main les caresser tendrement... et je sais pourquoi. Ces cheveux, ce sont les mêmes que ceux de Maxence... Tout est pareil, de la forme à la couleur, de leur douceur à leur éclat... Tout me rappelle à cet homme qui prend tant de place dans mon cœur.

Rien qu'à cette vision, tous les souvenirs reviennent dans ma tête accompagnés de tous mes sentiments, tous mes envies et désirs, tout l'amour que j'ai pour lui... Je lutte difficilement contre les larmes qui montent à mes yeux... J'enfouis rapidement la tête dans mes mains pour me cacher des autres et laisse mes yeux s'écouler. J'en peux plus ! C'est fatiguant d'aimer ! Aimer trop sans pouvoir s'en empêcher, sans s'arrêter, et sans arrêter de penser à lui... Il ne sort jamais de ma tête, ne me laisse jamais tranquille, c'est comme un fantôme qui me suis partout ! Le fantôme de l'amour...
"Depuis quand tu es poète toi ?!" C'est marrant, pourquoi je dis des choses belles tout d'un coup ? "C'est l'amour !" Sûrement... Maxence me fait complètement délirer... Mais c'est la classe ! Il pourrait se vanter d'être le seul homme capable de faire dire de la poésie à Lucas Hauchard !

Mes sanglots se calment et je rie intérieurement. Sacré Maxence ! Mais mon sourire se fige rapidement...

- Salut Maxenss, désolé de te déranger mais... on est vraiment des très grandes fan ! Est-ce qu'on pourrais avoir un autographe s'il te plaît ?

Mais elle est con celle-là ?! J'imagine que cette voix est celle de la petite brune qui me regardait toute à l'heure avec sa pote. Mais elle est sérieuse ! Je suis pas Maxence, moi c'est Squeezie !

Je relève la tête, m'apprêtant à lui répondre droit dans les yeux qui je suis et à lui faire une rapide signature. Mais quand je lève les yeux ils rencontrent le vide... Il n'y a personne en face de moi. Les deux jeunes filles sont debout devant un autre banc derrière le mien et qui me tourne le dos. Et sur ce banc est assis... Maxence ! Mais c'est pas possible, qu'est-ce qu'il fait là ?! Ça veut dire que depuis le début Maxence était juste à coté de moi ? Quand j'ai pleuré, quand j'ai pensé à lui, quand je me suis rappelé tous mes moments avec lui... il était à un mètre de moi, juste dans mon dos.

Je suis tellement surpris que je n'arrive plus à bouger. Je reste immobile pendant cinq minutes à regarder Maxence écrire, parler aux filles,... Je ne vois pas son visage mais sa voix résonne dans ma tête... Il est si proche de moi, mon Maxence ! Je pourrais lui sauter dessus, le serrer dans mes bras, l'embrasser... 
Mais je suis beaucoup trop apeuré. En voyant les deux adolescentes partir en courant une fois leur rêve accompli, ma seule idée est de fuir.

Je me lève brusquement de mon siège, lorsque une vibration arrête net mes gestes. Je sort mon portable de ma poche et allume l'écran.

Message de " Maxou♥ "

Je sais que tu m'as vu

Luxenss - Avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant