Betrayed

Chapitre 2

« On peut tout fuir, sauf sa conscience. »

- Stefan Zweig

Le vent sifflait dans les oreilles d'Éléonore. Son souffle était comme une caresse invisible. Ses cheveux bruns foncés, à la limite du noir, voletaient au rythme de sa course folle. Une de ses mains serrait fortement son arc, sentant le bois lisse sous ses doigts. C'était rassurant. Elle marchait d'un pas déterminé vers les montagnes de roches qui lui faisaient face. Ce paysage était bien différent de Galïa. Il était gris, froid, sombre. Un frisson traversa le corps entier d'Éléonore.

En un instant, elle se retrouva à l'entrée de la vallée. Les deux montagnes, installées de chaque côté cachaient les rayons de soleil. Y en avait-il déjà ? Éléonore ne se rappelait plus. La seule chose qui l'intéressait était de traverser cette vallée. Alors, elle marcha. Elle marcha longtemps, mettant un pied devant l'autre, tenant toujours fermement son arc comme si un ennemi pouvait surgir de nul part. Elle était prête à se battre. Elle s'était entraînée longtemps. Depuis des années elle ne faisait que ça.

Je suis prête.

Le temps passait incroyablement vite ici. Elle voyait déjà la sortie de la vallée, mais aucun rayon lumineux ne l'attendait. Il faisait de plus en plus froid et le vent soufflait avec toujours plus de vigueur. Ne manquait plus que la pluie pour mettre en harmonie totale ce décor. Lorsqu'elle arriva à destination, elle regarda droit devant et plissa les yeux pour mieux voir. Mais rien ne vint. Elle était face à un désert de roche. Elle fut perplexe un instant, guettant à droite et à gauche l'arrivée d'un adversaire redoutable. Mais rien ne vint. Elle leva la tête, cherchant de ses yeux gris l'astre du jour. Il avait disparu. Seule la reine des ombres l'accueillait les bras ouverts. Pensant qu'elle était perdue, Éléonore se retourna. Rien.

La vallée avait disparue, elle aussi. Le désert de roche avait envahi tout l'espace. Elle se retourna de nouveau, sentant quelque chose d'étrange derrière elle.

Un cri s'échappa de sa bouche. Un homme lui faisait face :

— Troy ? murmura-t-elle sous le choc.

— Il faut que tu partes Éléonore. C'est trop dangereux ici. Il y a des choses que tu ne veux pas voir.

— Mais de quoi tu parles ? On est où ?

— Tu ne reconnais pas ? dit-il en se rapprochant d'elle.

— Non. Enfin... Je crois être déjà venue ici. Mais je n'arrive pas à me rappeler.

Éléonore râla et se frotta le front avec sa paume comme si ce geste allait l'aider à se rappeler.

— C'est le Royaume de Tennesia, Éléonore. Tu y es venue une seule fois, mais tu n'es pas restée longtemps. Je t'avais ramené directement à Galïa quand j'ai appris tu étais venue.

La jeune femme fit un tour sur elle-même et regarda le désert de roche. Tout ce que Troy disait résonnait dans sa tête comme l'écho d'un souvenir.

— Pourquoi la vallée a disparu ? demanda-t-elle intriguée.

— Lorsque quelqu'un traverse cette vallée, elle disparaît dès que la personne est sortie. C'est comme ça. Il y a des évènements qu'on ne peut pas expliquer. Alors pars, s'il te plait.

— Je... Je ne peux pas Troy. Je dois voir ce qu'il se passe. Je dois... Je dois le voir, je crois.

— Il n'est pas là. Regarde autour de toi. C'est un désert. Il n'y a que nous deux, Éléonore.

Soudain, elle vit plusieurs silhouettes au loin. Elles semblaient en mouvement, comme si elles se battaient les unes contre les autres.

— Il est là-bas Troy, affirma Éléonore en pointant du doigt l'horizon.