Chapitre 12

6 1 0
                                    

« Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis. »

-Victor Hugo

L'Astre du Jour s'endormait doucement. Des centaines de guerriers armés jusqu'aux dents partaient au combat. Les meneurs étaient à cheval. Les derniers, eux, accompagnaient les plus puissants chevaux tirant les charrettes remplies de lances et de boucliers.  L'armée de Galïa était prête et déterminée à renverser Tennesia. Troy et Romeus se tenant fièrement sur leurs chevaux avaient pris un peu d'avance.

— Éléonore est-elle au courant ? demanda soudainement Romeus.

Troy sortit de ses pensées en entendant cette voix grave et autoritaire.

— De quoi parles-tu ? répliqua-t-il en le fixant.

— Éléonore. Est-ce qu'elle sait que tu l'as défendu ?

— Ah...

Troy baissa les yeux, détaillant rapidement toute la scène dans sa tête. Il s'arrêta une fraction de secondes qui lui parut une éternité sur Alrick, ses bras autour d'Éléonore.

— Non, elle n'est pas au courant. Et ce serait inutile qu'elle le soit.

Les sentiments de Troy étaient tellement indescriptibles. Une sorte de déception lui prenait le cœur constamment et cette jalousie incessante qu'il voulait à tout prix refoulée, faisait ressortir une fierté et une froideur qui lui étaient inconnues.

— Pourquoi ? demanda alors le chef de l'armée Galïenne, légèrement mal à l'aise.

— Pourquoi toutes ces questions ?

Romeus lança un sourire en coin et lâcha d'une main les rênes pour la passer dans ses cheveux courts poivre et sel.

— Et bien, je trouve cela juste étrange. Vous avez une relation spéciale, avoua-t-il perplexe.

Troy fut assez étonné. Romeus était le plus âgé des guerriers et il ne se mêlait jamais de la vie de ses hommes. D'ailleurs, il était souvent surnommé « Lèös* » au sein des guerriers. Mais personne n'osait jamais lui dire en face. Romeus était imposant, comme la plupart des bons guerriers. Mais, il avait aussi cette assurance et ce charisme qui rassuraient les troupes. Une vie de combat était derrière lui, cachée sous ses nombreuses cicatrices. Une d'entre elles dessinaient une sorte d'éclair sur son torse. Le titre de chef de l'armée Galïenne lui correspondait. Il avait voué son existence à défendre son royaume.

— Nous sommes juste des amis d'enfance, affirma Troy avec difficulté.

— Essaie de ne pas laisser votre... amitié te submerger. Tu es un excellent guerrier, Troy. Laisse-la de côté pour le moment. 

Troy ne répondit rien, sachant pertinemment que Romeus avait raison. Il jeta un coup d'œil derrière lui. Ils marchaient tous au même rythme. Le rythme de la guerre. Celui qui est violent et lent à la fois. Qui s'accélère tout à coup pour finir silencieux.

*

— Tu me voles mon pont ?

Alrick se retourna en souriant. Les guerriers étaient partis hier au soir et il n'avait croisé personne depuis, mis à part un des gardiens de la prison. Mais ce dernier le regardait toujours avec autant d'agressivité qu'à son arrivée.

— Je n'oserais pas, dit-il ironiquement.

J'essaye juste de comprendre pourquoi tu aimes tant cet endroit.

BetrayedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant