Betrayed

Epilogue

La douceur du soir caressait tendrement le visage d'Éléonore, quelque peu rosé par son entraînement intensif. Elle se tenait sur le balcon, juste au-dessus de son Atelier, profitant du paysage. Il ne changeait jamais, il était fidèle à lui-même. C'était bien la seule chose qui restait stable dans ce monde.

La princesse passa une mèche de cheveux derrière son oreille et reprit petit à petit une respiration régulière. En bas, son arc et ses flèches étaient parfaitement rangés, tout comme ses cibles en bois et ses sacs de sable. Enfin, jusqu'au prochain entraînement qui aurait lieu le lendemain, à l'aube. L'après-midi, elle irait rejoindre Seymour pour un duel à l'épée. Elle aurait bien aimé demander à Romeus mais il aurait refusé, sans négociation possible.

Peu importe. Elle devait s'entraîner, encore et encore. Mais aussi s'endurcir. Depuis un mois qu'elle était revenue, Éléonore n'avait cessé de s'entraîner. Son seul objectif : Récupérer Loïs au Royaume de Tennesia. Cette idée la maintenait en vie. De temps en temps, elle se laissait aller à des pensées morbides. Des souvenirs d'antan avec Troy s'échappaient de sa mémoire pour lui exploser au visage. Et venait alors la culpabilité. Il était parti en la détestant. Elle n'avait pas eu le temps de se faire pardonner. Quand ce sentiment revenait à la surface, elle l'effaçait aussi vite que possible pour ne pas se laisser abattre. Car de sa détermination et sa concentration dépendaient le sort de son frère.

- Focalise-toi sur la cible. Ne laisse pas tes émotions te submerger, sinon tu te feras tuer, lui avait un jour dit Romeus alors qu'elle se battait avec Seymour.

C'était la première et dernière remarque qu'il lui avait faite. Mais elle l'avait pris grandement en considération. Seulement, lorsqu'elle déposait les armes, un rien pouvait la faire virer dans ses pensées. Alrick. Ce prénom, elle l'avait hurlé plusieurs fois en se réveillant de cauchemars horribles. Elle se noyait avec lui dans une pièce minuscule. Et elle était impuissante.

Plus jamais.

Après avoir déversé à maintes reprises une eau brûlante sur son corps pour enlever le surplus de savon, elle sortit de son bain, enfila une tunique épaisse qu'elle serra à la taille à l'aide d'une bande de soie noire.

Elle revint alors sur le balcon, s'appuya sur le barreau et ferma les yeux pour profiter du vent chaud. Loïs apparut dans son esprit.

Rester focalisée.

Soudain, Éléonore sentit une présence derrière elle. Cette présence... Elle se retourna aussitôt. Mais il n'y avait personne. Elle leva les yeux aux ciels, se détestant d'avoir ressenti ce fol espoir. Elle avait cru, une fraction de seconde, reconnaître cette présence. Une personne avec beaucoup de charme, un sourire en coin énigmatique, un côté désespérant dont elle s'était plainte pendant quelques mois. Elle eut un léger sourire en pensant à lui, et à ses lèvres qui s'étaient posées sur les siennes, un jour.

Elle tourna la tête vers la gauche et haussa un sourcil.

- Qu'est-ce que ...

Éléonore saisit le bout de papier très usé qui était délicatement posé sur son lit. Elle le déplia et tourna soudain en rond, cherchant dans toute la pièce. Elle jeta le papier sur son lit et sortit en trombe de sa chambre. Les mots, écrits par une main masculine, résonnaient encore dans toute la pièce :

« Je t'ai manqué ? »

Fin