Chapitre 17

7 1 0
                                    

« Le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder. »

- Oscar Wilde

— Je ne vais pas me répéter, dit Troy sèchement après s'être avancé vers Éléonore et Alrick.

Les deux évadés se regardèrent, les yeux emplis de désespoir. Troy n'allait jamais les laisser partir.

— Ecoute, Troy, commença Éléonore en s'avançant d'un pas. C'est de ma faute si l'épée a été volée. Et c'est mon devoir d'aller la récupérer à Tennesia. Que...

Son ami d'enfance la coupa instantanément, les yeux écarquillés :

— A Tennesia ? Tu veux aller à Tennesia toute seule ! s'exclama-t-il en faisant totalement abstraction d'Alrick qui restait derrière.

— Non. Alrick m'accompagne. Il connait mieux Tennesia que quiconque.

Troy fronça les sourcils et jeta un bref regard sur le concerné avant de serrer les poings.

— Et vous comptez aller là-bas tous les deux, récupérer l'épée et revenir ici ? Vous êtes fous ou quoi ? Nous avons une équipe déjà prête qui partira à l'aube !

Soudain, Alrick s'avança au niveau d'Éléonore. Troy serra un peu plus son poing droit. Il devrait être dans sa prison, ce traître, pensait-il.

— Eroz s'attend à votre arrivée. Il n'attend que ça. Si on veut avoir une chance de récupérer l'épée, il faut y aller discrètement. Et je ne pense pas que les Galïens soient assez... discrets, finit-il par dire, une légère note d'humour dans sa voix.

Troy soupira profondément :

— Et tu crois que toi, petit traître, tu arriveras à la récupérer ? répliqua-t-il agressivement.

Troy n'arrivait pas à se retenir avec cet homme. Physiquement, il ne pouvait déjà pas le supporter. Mais ces critiques sur Galïa et cette... manie de passer pour un gentil auprès d'Éléonore le rendait fou. Il ne la connaissait pas. Il n'avait jamais été là pour elle. Il ne méritait même pas d'approcher une princesse. Et encore moins Éléonore.

— Moi au moins j'essaye de faire quelque chose de concret, cracha-t-il en s'approchant légèrement de Troy.

Ce dernier fit de même, de la haine dans le regard. Ses yeux bruns, éclairés par les torches de la cour, scintillaient.

— Comme envoyer l'armée de ton Royaume à l'abattoir ? demanda Troy en grinçant des dents.

— Arrêtez ! cria soudain Éléonore en s'interposant entre les deux hommes. Qu'est-ce que c'est que cette attitude d'enfants puérils ? Je n'ai pas le temps de vous regarder vous chamailler !

Éléonore soupira, exaspérée. Insupportables ! Ils sont insupportables ! S'exclama-t-elle intérieurement. Les deux rivaux se reculèrent en prenant de grandes inspirations. Si la fille de Skalias n'était pas là, Alrick aurait déjà calmé ses nerfs sur ce pantin.

— Et que va penser ton père ? Y-as-tu réfléchis au moins ? Si tu reviens il te bannira...

La voix de Troy s'effaça dans le silence. Éléonore pinça les lèvres, réfléchissant une dernière fois à cette possibilité.

— Je prends le risque, finit-elle par dire avec conviction. On y va, déclara-t-elle ensuite en se retournant vers Alrick.

Elle s'était mise de dos à Troy, ne supportant plus son regard. Il ne voulait pas qu'elle parte. Et ce n'était pas par principe, mais parce qu'il tenait à elle. Ses yeux, emplis d'amitié, la suppliaient de rester.

BetrayedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant