Chapitre 9

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« La vengeance déguisée en justice, c'est notre plus affreuse grimace. »

- François Mauriac

Alrick tourna sa tête là où la voix venait d'éclater. 

La fille du roi ? se demanda-t-il alors que les rayons du soleil l'empêchaient de bien voir son visage. 

— Laissez-le, renchérit-t-elle. 

Son ton était dur, mais son grain de voix ne laissait échapper aucune émotion. 

— Vous défendez ce traître, Princesse ? l'interrogea Erol avec une pointe de sarcasme.

Éléonore haussa un sourcil avant d'affirmer nonchalamment : 

— Non. Je ne comprends juste pas pourquoi vous vous acharnez sur plus faible que vous. 

A cette remarque, Alrick fit un léger mouvement de recul, par fierté certainement. Je ne suis pas faible, répliqua-t-il intérieurement. Mais il ne dit rien, regardant simplement la fille du roi avec une insistance particulière. Mais elle ne le remarqua pas, ou plutôt, elle ne montra pas qu'elle l'avait remarqué.

— Il a trahi le royaume, commença un autre guerrier du nom d'Orell. Éléonore, ton... 

Il se fit couper par le bras d'Erol qui le poussa légèrement en arrière. 

— Il le mérite, c'est tout. 

— Attendez, Orell, qu'est-ce que tu allais dire ? 

Éléonore se fit soudain curieuse. 

— Mon quoi ? 

Erol lança alors un regard noir en direction d'Orell, ce qui n'échappa pas à Alrick. Ce dernier se releva alors, croisant les bras. 

— Ah ! 

Orell lâcha un petit rire gêné. 

— Non, non, rien du tout. Je ne voulais pas dire « ton ». C'est... C'est... C'était dans l'action. 

Il n'avait absolument aucune crédibilité. Éléonore leva les yeux ciel avant de reprendre : 

— Tu mens très mal. Sois plus convaincant la prochaine fois.

— Mais, je ne mens pas, répliqua-t-il instinctivement. 

Même cette phrase n'avait aucun poids. Éléonore voulait savoir ce qu'on lui cachait. D'ailleurs, c'était la première fois qu'un guerrier lui mentait aussi ouvertement. Mais, il n'allait rien lui dire. 

— J'abandonne... dit-elle en soufflant. 

Erol, qui semblait jusqu'à lors tendu, relâcha ses épaules musclées et retira son regard d'Orell. 

— Dans tous les cas, laissez-le, finit-elle par dire en s'en allant. 

Alrick suivit son mouvement, incrédule. Elle ne lui avait pas lancé un seul regard. L'avait-elle défendu ? C'était difficile à dire au vu de sa totale indifférence. Alrick était intrigué. La fille du roi se trouvait être une fille étrange, ou fascinante, peut-être. Il se retourna alors vers ses agresseurs, une seule idée en tête : Trouver Éléonore. 

— Ça y est ? Vos nerfs sont calmés ? 

— Ne nous cherche pas trop. Elle ne sera pas toujours là, cracha Erol d'une voix menaçante. 

— Tu sais, je n'ai pas besoin d'elle pour me défendre. 

La sienne l'était encore plus. Quelques fractions de secondes s'écoulèrent avec une lenteur absolue. Et puis, soudain, les trois hommes partirent en prenant soin d'esquiver Alrick. Ce dernier ne perdit pas de temps à réfléchir à ce secret certain qui pesait entre les guerriers et Éléonore. Il se dirigea donc vers l'entrée du palais. Son but premier était de retrouver la salle où la fille du roi s'entraînait. Mais dans ce labyrinthe, il avait du mal à se repérer. Et pendant qu'il marchait dans de longs couloirs dorés et marbrés, il ne pouvait s'empêcher de repenser à la scène qu'il venait de vivre. Elle l'avait défendu, n'est-ce pas ? Etait-ce un signe d'une future alliance ? Non, il ne pouvait pas s'emballer autant. Elle était trop indifférente pour l'aider, pour se soucier de son sort. Et pourtant... 

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