Chapitre 16

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« Aucune diversion ne s'offrant, excepté ce jeu absurde contre moi-même, ma rage et mon désir de vengeance s'y déversèrent furieusement. »

- Stefan Zweig

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Éléonore aperçut un plafond qui lui était familier. La pièce était bercée d'une lumière tamisée et d'un parfum de plantes acidulées. Néanmoins elle se redressa brusquement, ne sachant pas comment elle était arrivée là.

Mira la regardait avec un sourire tendre tandis que la tête d'Éléonore s'amusait à tourner en rond.

— Tu ne devrais pas te redresser aussi vite, dit la femme aux cheveux blancs en retournant à la table sur laquelle elle préparait un liquide violacé.

— Bonne idée, murmura Éléonore en massant ses tempes.

— Tu t'es évanouie. Quand Troy t'a amené ici, tu n'étais pas en forme. Tu as eu une dure journée ? demanda naturellement Mira.

Sa voix calme rassura la Princesse qui ne répondit pas. Elle admira plutôt le vide. Tout ce qui s'était passée frappa soudain de plein fouet. Et puis, elle s'en voulut. Elle n'avait rien vu. Éléonore se réprimanda intérieurement d'avoir été aussi stupide pour croire qu'Alrick était un homme bien. Que Troy était son meilleur ami. Et que toutes les personnes auxquelles elles tenaient, ne lui mentaient pas. Quelles vérités allait-elle encore devoir encaisser ?

— On t'a déjà caché des choses ? finit-elle par dire, le regard fixé sur le plafond pourpre.

Mira s'approcha et tendit un grand verre à Éléonore.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda la jeune femme, plutôt perplexe face au liquide maintenant violet foncé qui remplissait le récipient.

— Ça t'empêchera d'avoir des migraines.

Éléonore hésita quelques secondes avant de boire cul sec.

— C'est... commença-t-elle en toussant, spéciale.

— C'est répugnant, tu peux le dire, avoua Mira d'un air complice.

Les deux femmes esquissèrent un sourire avant que le silence ne s'installe.

— Pour répondre à ta question, on m'a déjà menti, oui.

— Sur des choses graves ? demanda Éléonore en se crispant.

— Évidemment. A quoi servirait le mensonge si ce n'était pas pour des choses graves ?

Mira souriait à pleine dents. Elle était magnifique. Cette femme n'était pas humaine. C'était impossible.

— On n'a fait que me mentir pendant des mois... murmura Éléonore plus sérieusement.

Et la vérité fait vraiment très mal...

Mira s'approcha d'Éléonore, posant son regard affectueux sur elle. Elle était pleine de compassion. La jeunesse de la Princesse l'empêchait de comprendre certaines choses. Elle apprendrait avec le temps, Mira en était certaine.

— Tu sais, les gens mentent pour se protéger. Ou pour protéger leur entourage. A toi de savoir pourquoi ceux qui t'ont menti l'ont fait.

— Ils ne l'ont pas fait dans mon intérêt, ça c'est sûr. Sinon, ils ne l'auraient jamais fait.

La voix d'Éléonore se remplissait à nouveau de colère. On ne ment pas sur la mort d'une personne.

— Tu en es certaine ?

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