Betrayed

Chapitre 11

« Face à la roche, le ruisseau l'emporte toujours, non pas par la force, mais par la persévérance... »

- H. Jackson Brown

Les guerriers restaient immobiles, concentrés sur les ordres que Skalias donnait. Éléonore n'avait pas bougé non plus, surprise par la décision de son père. L'avait-il pris grâce à elle ? La fille du roi eut un léger sourire intérieur en imaginant que ses mots pouvaient avoir de l'influence sur son père. Elle reprit tout son sérieux en entendant une fois de plus sa voix puissante encombrée l'espace.

— La route pour Leytra est longue ! commença-t-il. Et si nous voulons aider le peuple de Leytra, nous devons partir au plus vite ! Ce soir, au coucher du soleil, nous partirons ! Tous les chevaux devront être prêts ! Toutes les armes devront être préparées ! Vous ! Guerriers de Galïa ! Vous devez être prêts à vaincre ces maudits soldats de Tennesia !

Tous les guerriers, dans un élan commun, crièrent pour se donner du courage et pour montrer que la victoire était déjà en leur possession. Ils se calmèrent aussi vite qu'ils s'étaient mis à hurler pour laisser parler le roi.

— Mes amis ! Pour l'honneur de notre Royaume, nous devons nous battre jusqu'au bout ! Êtes-vous prêts à me suivre ?!

Ils se remirent à crier pour répondre à la question du roi. Chacun était prêt, bien évidemment. Ce qui comptait le plus désormais, c'était de vaincre Tennesia.

Éléonore était parcourue de frissons. Entendre tous ces hommes aussi déterminés la perturbait presque. Ils allaient au combat. Ils allaient devoir tuer pour vaincre. Si seulement elle, pouvait tuer Eroz... Elle chercha alors du regard son père. Il fallait qu'elle lui raconte ce que Gareth lui avait révélé.

Elle aimerait aussi lui avouer que son seul souhait était de partir avec les guerriers de Galïa. Mais il n'accepterait jamais. Il ne comprendrait jamais.

Elle contourna les innombrables guerriers qui commençaient à se dissiper. Le roi venait de mettre fin à son discours, et chacun partait de son côté. La plupart retournait dans leur foyer pour profiter des éventuels derniers instants avec leur famille. Quant aux autres, ils allèrent s'entraîner ou se préparer psychologiquement à la bataille.

Les premiers chants des oiseaux venaient accompagner les pas de tous ces hommes. Éléonore arrivait presque au niveau de son père et la tension qui circulait dans tout son corps ne faisait qu'augmenter. Elle ne savait pas si elle devait lui dire ce qu'elle voulait... Non. Impossible. Ce n'était pas le moment.

— Père, dit-elle en s'approchant avec hésitation.

— Éléonore. Que fais-tu ici ?

— Je suis allée voir Gareth très tôt ce matin et j'ai vu des guerriers courir pour venir ici alors... Peu importe, passons. Merci... Tu fais le bon choix. Et Je dois te dire quelque chose de très important.

Skalias sembla perplexe. Sa fille était sérieuse. Cela l'inquiétait presque.

— Gareth m'a raconté comment l'attaque s'était passée. Et... Il m'a aussi dit qu'Eroz cherchait à tout prix à avoir Gablïan.

Le roi haussa un sourcil.

— Tous les royaumes voudraient Gablïan.

— Mais Eroz le veut plus que les autres. Et s'il arrivait à l'avoir ? demanda-t-elle un peu préoccupée.

— Il ne l'aura jamais. L'épée est l'objet le plus protégé de ce Royaume. Et, continua-t-il en posant son bras sur les épaules de sa fille et en commençant à marcher tranquillement, tu sais, elle nous appartient depuis des siècles. Tu connais la légende, pas vrai ?