« Je peux résister à tout, sauf à la tentation. »
- Oscar Wilde
Elle était devant lui, habillée de son armure noire habituelle qui faisait ressortir ses belles formes. Son regard le fixait. Un regard neutre, sans éclat. Cette lueur mystérieuse qu'il voyait toujours en elle avait disparue. Ses lèvres étaient pâles, légèrement entrouvertes. Ses bras étaient détendus le long de son corps. Ses doigts, elle les laissait tomber, attirés par la terre. Elle semblait perdue, ou lasse. Alrick eut soudain l'impression de se reculer en flottant au-dessus du sol. Il sentit sur sa main droite qui serrait quelque chose une douce chaleur. Mais il ne lâchait toujours pas Éléonore des yeux. Elle était plus loin, plus distante maintenant. Quelques gouttes de pluie qui tombèrent sur sa botte vinrent détacher son regard d'Éléonore. Il baissa la tête et admira cette goutte... rouge. Il serra un peu plus l'objet qu'il tenait en main et fut comme paralysé. Il leva alors lentement les yeux vers sa main.
Un poignard.
Du sang.
Sa respiration devint plus rapide, son souffle plus fort. Il leva un peu plus les yeux pour voir sa victime.
— Éléonore, murmura-t-il en voyant du sang couler de sa bouche.
Soudain un cri strident encombra les oreilles d'Alrick qui ne put retirer sa main de ce long et lent poignard. Il répéta alors le prénom de la princesse dans un souffle avant de tourner sa tête vers la gauche. Un miroir se tenait là, au milieu d'un fond blanc, vide et éclatant. Son reflet montrait un homme plein de crasse, ses mains pleines de sang. Son regard était empli de rage et de violence. Il avait poignardé la fille de Skalias, et pourtant, dans cette glace, il semblait fier de lui.
Il se retourna alors vers Éléonore qui sourit. Un sourire vicieux et pervers.
— Tu vois ? Ta nature profonde te rattrapera toujours Alrick.
Elle rit alors sadiquement, prit la main d'Alrick et enfonça un peu plus ce poignard dans sa chair. A bout, Alrick le retira d'un coup sec et le jeta de toutes ses forces sur le miroir en criant.
Dans un sursaut, Alrick se redressa et regarda ses mains. Elles étaient blanches, un peu abîmée par le temps. Il jeta un œil autour de lui et vit des rayons de lumière éclairés une chambre somptueuse aux couleurs bordeaux et or. Des draps en soie recouvraient à peine ses jambes. Il posa alors sa main sur son torse nu et souffla un grand coup. Il était pris de frissons et les gouttes de sueurs sur son front révélaient un sommeil agité.
Mais depuis combien de temps dormait-il ?
Il lui semblait que cela faisait une éternité. Mais à en juger la lumière, il devait être tôt. Sa discussion avec Éléonore avait donc eu lieu la veille. Sur ce lit, il avait beaucoup trop dormi à son goût. Il se leva alors et enfila son haut en tissu blanc cassé usé. Il remit ses bottes et sortit discrètement de la chambre.
*
— Mon roi, commença le messager en s'inclinant devant Skalias, je suis allé demander le soutien que vous avez souhaité au roi Morgan.
— Va-t-il envoyer quelques guerriers à Leytra ?
— Oui, mon roi. Il les a envoyés dès que je m'en suis allé.
— Bien. Je savais que nous pouvions compter sur lui, affirma-t-il d'un ton enthousiaste. Tu peux disposer. Et merci d'avoir fait aussi vite.
Le messager s'inclina une fois de plus respectueusement en repensant au ton malhonnête de Morgan.
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Betrayed
ParanormalDepuis des mois maintenant, le royaume de Galïa est à la recherche d'un traître nommé Alrick. Alors que tout le monde s'agite à l'annonce de sa récente arrestation, Eléonore, la fille du roi, reste indifférente. Tout ce qui compte, c'est s'entraîner...