Betrayed

Chapitre 6

« La révolte, c'est aussi le miroir de l'incompréhension des autres. »

- Régine Defroges

Des pas puissants parcourant la salle du trône remplaçaient désormais les voix des guerriers. Chaque tête se tournait progressivement, à l'allure lente de ce nouvel arrivant. Éléonore fronça légèrement les sourcils. Elle était perplexe. Que faisait-il ici ? Il n'intervenait jamais lors des procès. Alors pourquoi son grand-père marchait-t-il en direction de son fils, le roi de Galïa ?

Lorsque Warren arriva au niveau d'Alrick, tenu fermement par les bras, il s'arrêta. Les deux gardes tirèrent instantanément le traître sur le côté afin de laisser passer cet homme aux cheveux et à la barbe blanche. Alrick serra la mâchoire. Il était en colère. En colère contre lui-même pour s'être fait attraper, en colère contre cet homme, son fils, cette famille. Et ce qui l'énervait encore plus était qu'il n'avait même pas croisé le regard profond et glaçant de l'ancien roi.

Ce dernier se dirigea au pied du trône. Il ne dit rien. Il regarda simplement son fils qui comprit le souhait de son père.
En même temps, il avait eu le temps de s'habituer à ces yeux bleu acier, identiques à ceux d'Éléonore. Il savait les décrypter. Et à cet instant, celui qui lui avait céder le trône une décennie plus tôt voulait discuter.

Mais Skalias était le roi. Warren ne l'était plus. Alors, il lui faudrait des arguments bien fondés pour le convaincre de quoique ce soit. Skalias serra les poings en jetant son regard sur Alrick. Mais la responsabilité de son statut l'obligea soudain à retrouver ses esprits. Il se leva donc de son trône et se dirigea avec son père vers une porte dissimulée par l'immensité de la pièce.

La salle dans laquelle ils entrèrent avait été aménagée pour ce genre de situation. Skalias n'y avait pas mis les pieds depuis six mois. A première vue, rien n'avait changé. Les pensées du roi quittèrent rapidement l'esthétique de la pièce pour se concentrer sur Warren.

— Que veux-tu ? demanda-t-il simplement.

— Tu fais une grave erreur, répondit son père d'un air sérieux. Et j'étais certain que tu allais la commettre.

Skalias fut étonné de cette révélation. Il leva les yeux au ciel et contempla quelques secondes cette pièce éclairée d'une petite fenêtre et habillée d'une simple table en chêne massif au milieu.

— Et quelle est-elle ?

Son ton léger trahit son mécontentement face à l'intervention de son père.

Il savait que l'ancien roi surveillait de près ses actions. Mais de là à l'interrompre devant de nombreux guerriers et membres du royaume...

— L'exécution d'Alrick Clive.

— Ah ! J'en étais sûr. Savoir que justice soit faite ne te plait pas ? Tu voudrais peut-être que je le laisse en liberté ? Répliqua Skalias, déconcerté.

— Non, pas en liberté. Il ne mériterait même pas de vivre.

Le roi était un peu perdu. Son père se contredisait et il ne voyait pas où il voulait réellement en venir.

— Mais le faire mourir serait une sentence trop facile. Il n'attend que ça, continua Warren, toujours aussi sérieux.

De son côté, il voyait bien que son fils était déboussolé ; ces yeux foncés écarquillés, cette mâchoire prête à répliquer, ces poings serrés, cette allure de roi touché dans son égo.

— Qu'est-ce que tu attends de moi ? Que je le garde dans le royaume ? demanda finalement Skalias sur un ton ironique.

— Exactement.