Chapitre 5

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« Les décisions représentent seulement le commencement de quelque chose. »

- Paulo Coelho

Des dizaines de guerriers se tenaient dans la cour, tous impatients. Le son sourd des cors avait cessé depuis peu et chacun attendait l'arrivée du traître. Sauf Éléonore. Si elle était restée aux côtés de Troy, ce n'était que par gentillesse. Le fait qu'Alrick ait été attrapé l'intéressait peu. Cependant, malgré ce qu'elle pouvait dire, l'état des guerriers qui avaient l'ordre de le ramener au Royaume titillait sa curiosité. Elle les côtoyait depuis longtemps et aimait s'entraîner avec eux de temps à autres. Enfin, si elle faisait abstraction des remarques machistes - qui étaient tout à fait normales si on écoutait les hommes du Royaume-.

Éléonore observait toutes ces personnes qui lui tournaient le dos. La tension était palpable. Ils semblaient tous tendus, comme si l'évènement du siècle allait se produire.

— C'est si important pour vous de voir ce traître ? demanda Éléonore, incrédule.

— C'est toi qui me demande ça ? Lui répondit Troy en rigolant presque.

— Et bien, son arrivée ne va rien changer à ma vie. En plus, mon père va le faire tuer sur le champ. Enfin, j'imagine. Ou alors il va être enfermé dans une geôle jusqu'à la fin de ses jours. Plutôt sympathique comme sort, tu ne trouves pas ?

Troy regarda son amie d'un air amusé et désespéré à la fois.

— Quoi ? C'est vrai ce que je dis ! Je serais prête à le parier, lança-t-elle avec défi.

— Non, non, non. Je ne parierai plus jamais avec toi Éléonore.

— Pourquoi ? Tu as peur de perdre... encore ?

— Je n'ai pas peur ! Mais perdre cent kana en une seconde, non merci. Très peu pour moi.

— Donc, tu as peur.

— Je n'ai... Ok. Je suis en train de rentrer dans ton jeu, là.

Éléonore ne put s'empêcher de pouffer devant Troy qui venait de se faire avoir comme un enfant.

— Ton esprit de compétition te perdra, finit-elle par dire difficilement.

— Ah ! Je n'y crois pas ! C'est moi qui aie l'esprit de compétition ? Tu veux...

Le bras droit du roi se fit interrompre par une agitation soudaine de la part de tous les guerriers présents.

— Ils arrivent ! criaient des voix, suivies de dizaines d'autres.

C'était un véritable vacarme. Troy et Éléonore portaient leur attention droit devant eux. Ils pouvaient déjà apercevoir deux chevaux bruns tirant une calèche.

— Tu ne veux toujours pas parier ? dit Éléonore en fixant l'horizon.

Troy ne bougea pas non plus. Il sourit simplement, sans prendre la peine de répondre à cette incorrigible gamine.

Les chevaux se rapprochaient de plus en plus. Des poings se serrèrent progressivement et l'air impatient de Troy surprenait Éléonore. Très vite, tout le monde pouvait entendre les pas des bêtes au trot, les roues usées de la calèche recouverte d'un large tissu rouler sur le sol. De là où elle était, Éléonore pouvait remarquer un des guerriers qui tenait les rênes. Mais lequel ? Elle hésitait entre Luzzio ou Yel. Ils se ressemblaient beaucoup en même temps ; des cheveux courts et châtains clairs avec un regard qui aspirait la bonté - et un peu de naïveté pour Luzzio, s'avoua-t-elle-. Un bon nombre de guerriers présents dans la cour s'étaient déjà élancés vers la calèche. Et puis deux se dirigèrent directement à l'arrière de cette dernière.

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