Betrayed

Chapitre 8

« Il n'y a d'autre enfer pour l'homme que la bêtise ou la méchanceté de ses semblables. »

- Marquis de Sade

Alrick ne se retourna pas tout de suite, voulant jouer avec les nerfs de cette jeune femme.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? répéta-t-elle avec un peu plus de froideur.

— C'est un endroit privé ? demanda Alrick, les yeux rivés sur la vallée verdoyante.

Ses mains agrippaient la rambarde en bois qui l'empêchait de tomber. Et puis, sa curiosité le poussa soudain à faire face à cette personne. Il voulait voir à qui il avait affaire. Il eut un léger blocage en voyant la fille du roi. Mais il reprit vite son sang-froid habituel, voulant à tout prix l'énerver.

— Ça ne se voit pas ?

Éléonore n'attendait pas de réponse. Bien sûr que cela se voyait. C'était évident.

— Je te prierais de partir, maintenant, exigea-t-elle avec une voix douce et sans méchanceté.

Il y avait plutôt une sorte d'indifférence. Le voir dans son Atelier ne lui plaisait pas forcément mais il allait partir. Cette idée la calmait.

— Et si je n'ai pas envie de partir ? C'est un joli endroit. Le paysage est magnifique, avoua-t-il en appuyant un peu plus son regard sur Éléonore.

Elle non plus ne le quittait pas des yeux. Sa confiance en lui était inexistante.

— Contente de voir que cet endroit te plait. Malheureusement, il m'appartient et personne n'a le droit d'y entrer, annonça-t-elle en s'approchant de lui.

Elle pointa du doigt la sortie, espérant qu'il allait la laisser tranquille.

— Et pourquoi ça ?

— Je n'ai pas besoin de te rendre des comptes.

— Ce n'est pas faux. Mais j'aimerais quand même savoir. Je...

Alrick fut interrompu par la lame d'Éléonore sur son cou. Elle était plus petite que lui. Elle avait moins de force. Et pourtant, il pouvait sentir la tranche de la dague s'enfoncer légèrement dans sa peau.

— Je t'ai dit de partir, maintenant, ordonna-t-elle en lui lançant le regard le plus noir qu'il n'avait jamais vu.

— Je ne pensais pas que le roi apprenait la violence aux jeunes femmes.

— Je ne pensais pas que le roi t'aurait laissé en vie.

— Ton cher père prend parfois les mauvaises décisions.

Il y avait dans la voix d'Alrick un grain accusateur qu'Éléonore arriva à déceler.

— Je sais.

Le jeune homme fut surpris. Elle ne défendait même pas son père, le roi de son royaume. Et ses yeux bleu acier transperçants prouvaient qu'elle disait la vérité. Elle le pensait réellement.

— Maintenant, tu pars, finit-elle par dire sèchement.

La pression sur la gorge d'Alrick s'estompa progressivement pour s'effacer complètement. Ils se regardèrent, les yeux dans les yeux. Pas un seul clignement ne vint interrompre ce duel.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda sèchement une voix d'homme.

Les deux adversaires tournèrent simultanément leurs têtes vers ce nouvel arrivant.