Chapitre 3

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« La surprise est l'épreuve du vrai courage. »

- Aristote

Cette main serrait toujours aussi fort son cou. Ces doigts étaient crispés autour de sa gorge. L'air devenait impossible à inspirer pour Yel. Tout son corps était comme paralysé. Son sang s'était glacé à la seconde où le guerrier avait entendu la voix de ce traître :

— Alrick... réussit-il à dire faiblement.

— Chut... Ce serait dommage d'alerter tes amis, chuchota Alrick, sa bouche collée à l'oreille de Yel. Vous pensiez réellement m'attraper aussi facilement ? continua-t-il d'un air arrogant.

Yel foudroya Alrick du regard. Qu'avait-il fait de Seymour ? Son inquiétude ne fit que s'accroître. Et s'il avait tué ses coéquipiers ?

— Je ne me laisserai pas faire, bande d'enkàr*, rajouta Alrick en sortant une dague.

Il passa alors la lame aiguisée sur la joue de Yel. Quelques gouttes de sang roulèrent lentement puis glissèrent vers son oreille. Le traître déplaça ensuite sa dague vers le bas et s'arrêta au niveau de son ventre. Le poignard était désormais prêt à transpercer sa chair :

— Vous mériteriez que je vous tue... commença-t-il par dire.

Soudain, il leva son bras, tenant fermement la dague, et donna un coup violent sur la cuisse de Yel qui lâcha un cri étouffé par la main d'Alrick.

— ... Tous.

Par réflexe, Yel pressa la profonde blessure et secoua violemment tout son corps pour se libérer de l'emprise d'Alrick. Mais ce dernier résista fortement, serrant un peu plus ses doigts autour du cou du guerrier. Après avoir mis toute sa force à l'œuvre, Alrick enleva sa main de la bouche de Yel ainsi que de sa gorge pour partir tel un fantôme entre les mille arbres de la forêt. Le guerrier le regarda partir. Il gémissait de douleur, sentant son sang s'écouler le long de sa cuisse.

— Alrick est ici ! hurla soudain Yel de sa voix enrouée. Il est là !

Tous les autres guerriers sursautèrent et bondirent sur leurs jambes endormies en entendant Yel crier à la mort. Ils se précipitèrent tous vers lui.

— Mais... mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?! Ta cuisse... Elle saigne ! s'écria Luzzio, tremblant de froid.

— Alrick, commença Yel d'une faible voix, il était là ! Shiog* ! Et Seymour ? Alrick l'a sûrement eu aussi !

— Que quelqu'un aille le chercher ! cria Romeus. Il t'a parlé ? Qu'est-ce qu'il a dit, Yel ?!

— Il... Il a dit qu'on ne l'attraperait pas aussi facilement...

— C'est ce qu'on va voir... Je veux que tout le monde se prépare, tout de suite ! hurla Romeus, fou de rage. Ça va aller Yel, ta jambe sera vite guérie. Et où est Seymour bon sang !? continua-t-il d'une voix puissante.

Luzzio revint, les yeux écarquillés, le souffle coupé.

— Sey... Seymour, il...

— Parle Luzzio ! répliqua Romeus, impatient.

— Il faut l'aider. Il... Il va mourir...

Yel s'assit instantanément. Il pressa un peu plus sa blessure et vociféra :

— Allez chercher ce traître. Quand il sera à Galïa, je veux le voir crever comme un rat !

Il serrait tellement la mâchoire que ses mots sortaient d'entre ses dents. La rage l'étouffait presque. Romeus ressentait exactement la même chose. Tous étaient prêts à attraper ce fugitif.

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