Chapitre 14

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« Être debout, c'est être encore trop grande, trop haute face au choc terrassant de la vérité. Pour soutenir cette vérité sans vertige, il faut être à terre, déjà tombée. »

- Noëlle Chatelet

C'était décidé, un repas allait être organisé entre Morgan et le roi. Cette histoire de guerriers qui n'avaient pas été envoyés devenait de plus en plus étrange aux yeux de Skalias. Il n'avait jamais douté de son ami. De son plus ancien ami. Mais désormais, assis sur son trône, les deux avant-bras posés sur les accoudoirs, le regard fixant le vide, il doutait. De nombreuses questions le tourmentaient. Et si Morgan l'avait trahi ? Mais c'était impossible pour Skalias d'accepter cette idée. Une trahison suffisait amplement. Et celle-ci serait tragique.

Un domestique vint soudain le déranger dans sa réflexion. Il se posta au pied des marches qui menaient au trône et s'inclina.

— Votre fille est là, mon roi, dit-il respectueusement.

Skalias l'avait fait demander pour lui parler. La discussion allait sûrement être explosive. C'était même sûr. Voilà aussi la raison pour laquelle il était aussi pensif. Mais son statut de roi, et de père, l'obligeait malheureusement à lui avouer la vérité. Enfin elle cesserait de parler à ce traître.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-elle en entrant dans l'immense salle du trône.

Sa voix féminine résonna un instant, puis laissa place à la voix grave et autoritaire de son père.

— J'ai quelque chose à te dire, Éléonore, commença-t-il presque nerveux.

— Oui, mère m'a dit.

Skalias fronça alors les sourcils et passa une main sur sa barbe noire et épaisse.

— Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? demanda-t-il d'un ton sûr qui cachait une certaine surprise.

— Et bien, que Seàn arriverait dans deux jours, répliqua-t-elle avec dépit.

Sérieusement, le voir une fois de plus la contrariait déjà.

— Non, ce... commença son père avant d'être interrompu par le ton léger d'Éléonore.

— Mais bon, je comprends. Ça doit être important. Bon, il faut que j'aille m'entraîner, je suis désolée, finit-elle par dire.

Sur ce, elle ne laissa même pas le roi répondre et se dirigea vers la sortie avec l'intention de se vider la tête.

Skalias ne sut pas quoi dire, prit de court par le dynamisme de sa fille. Elle avait de la chance qu'il soit son père sinon, elle aurait passé une des pires journées de sa vie...
Plus tard. Dans quelques jours, il lui dirait.

*

Un mal de dos réveilla soudain Alrick. Qu'est-ce que ce muret pouvait l'énerver ! Il se mit alors assis, les yeux encore endormis, les cheveux emmêlés, la barbe mal rasée par une lame rouillée qu'on lui avait prêtée puis repris. La faim et le soif commençait à se faire sentir. Deux jours. A peine rentré, Greythe recommençait à lui faire vivre un calvaire. 

Il entendit des pas. Certainement Gregor, un des gardes de la prison, qui venait lui ouvrir. Cet homme faisait une tête de moins qu'Alrick. Et ses cheveux blonds, ainsi que ses bras fins, lui donnaient un air de jeune garçon. Heureusement qu'on lui avait seulement confié de garder la prison, un des endroits les plus sécurisés techniquement du palais. Sinon, Alrick aurait douté de la soi-disant puissance Galïenne. Cette idée le fit sourire et il sortit de sa cage crasseuse.

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