Chapitre 7

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« La souffrance de l'emprisonnement réside dans le fait que l'on ne peut, à aucun moment, s'évader de soi-même. »

- Abe Kabo

Cette sensation de froid était désagréable. Désagréable mais pas inconnue. Les poils qui s'hérissent, le dos pris de frissons, la peau granuleuse, une oreille toujours tendue au cas où, les poings serrés. Tout lui rappelait ces derniers mois. Alrick était dans une cellule. Une cellule crasseuse qui devait le maintenir enfermé et donc, en sécurité. Et pourtant, il ne s'était jamais senti autant en danger que maintenant, allongé sur son muret. Il gardait les yeux fermés, ne voulant plus se réveiller. Partir. Voilà ce qu'il aurait préféré. Mais non, il ne pouvait pas. Le destin ? Le hasard ? Plutôt un ensemble de causes à effets l'avait mené là.

La mâchoire qui se serre à son tour, une vague de chaleur envahit son cœur, un point dans son ventre lui permet de ne plus penser à la froideur de cet endroit. La colère. On ne choisit pas sa vie, on apprend seulement à vivre. Mais si être dans un cauchemar constant était vivre, alors il ne rouvrirait jamais ses yeux.

Puis des pas. Un homme ? Deux peut-être. Il n'en était pas sûr. Le sommeil avait trop pris le dessus. Ouvre les yeux, dit une petite voix dans sa tête. Maintenant des grondements. Des hommes arrivaient. Une clé dans la serrure tourna. Le loquet s'ouvrit dans un grincement insupportable. Enfin, Alrick ouvrit difficilement les yeux. Une petite lumière vint rétracter ses pupilles. Dans un effort douloureux, il se redressa, mettant une main sur le bas de son dos. Il bomba son torse pour l'étirer. En une fraction de seconde, deux mains saisirent ses bras. Sans un mot mais l'esprit recouvré, il se mit sur ses jambes. Il ne fit que les suivre. On ne lui expliqua rien. De toute évidence, il ne voulait rien savoir. Rien que l'idée de se diriger vers la sortie de sa cage l'énervait au plus haut point.

Dehors, ses yeux firent un rapide tour du couloir. Il avait réellement la pire cellule du palais. Les autres semblaient propres malgré l'obscurité. Il pouvait même apercevoir un lit soutenant un homme grand et baraqué. Il détourna rapidement son regard pour se concentrer sur ce qu'il se passait devant lui. Il n'eut pas le temps d'inspirer qu'on le fit entrer dans une nouvelle salle.

La première chose qu'il vit fut cette lumière plus intense, plus présente. Il plissa légèrement les yeux pour s'adapter aux rayons du soleil. Il remarqua ensuite la grandeur de la pièce. Cela changeait de sa luxueuse chambre. Enfin, il posa ses yeux sur les hommes qui lui faisaient face. L'un d'eux était en train de bricoler quelque chose au fond à droite. Il semblait plutôt maigre et portait des gants noirs. Etrange. Au milieu de la pièce, il y avait trois hommes. Ce n'était pas de simples gardes. Ils ressemblaient plutôt à des guerriers surentraînés mais complètement idiots. Chacun portait l'armure clinquante galïenne qui donnait l'impression qu'ils étaient plus forts que les autres. Pathétique, pensa Alrick en haussant un sourcil. Cependant, un des hommes attirait un peu plus son attention. Celui du milieu. Il avait les bras croisés, le regard hautin, insolant et fourbe. C'est lui qui allait lui parler, il en était certain. Et il était aussi sûr qu'il n'allait pas beaucoup l'apprécier. On le fit avancer de deux pas avant que les deux gardes qui l'avaient mené ici ne s'écartent.

L'homme étrange du fond se retourna soudain. Il avait l'air fatigué et les traits de son visage tiraient vers le bas. Ce n'était pas un jeune homme. Il ressemblait plutôt à un vieux père de famille. Son style vestimentaire faisait penser à Alrick au style vestimentaire d'un intellectuel, d'un inventeur.

— Ça y est, j'ai terminé, dit-il en tendant un objet encore plus étrange que lui au fourbe du milieu.

Il ne prit même pas la peine de dire « merci » et arracha des mains l'objet à l'inventeur.

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