Je me réveille sur le canapé. On discutait tranquillement, mais j'étais trop crevé, je me suis endormi. Le temps d'émerger et je me rends compte qu'il est face à moi, assis sur ma table basse. Je me relève pour finir assis sur le canapé.
- Désolé de m'être endormi comme ça.
- C'est normal, je t'ai réveillé au milieu de la nuit.
- Pourquoi tu me regardais comme ça ?
- Ça te fait peut ?
- Non, c'est juste bizarre.
- Peut être que je suis bizarre alors.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire.
- Ne te prends pas la tête, ce n'est rien.Je n'ai pas remarqué tout de suite qu'il tient un livre à la main. Alors il a quand même cherché à savoir, je m'en doutais.
- Tu as trouvé de la lecture ?
- Ça m'a intrigué alors je l'ai feuilleté. Dorian Gray hein ? Qu'est ce que j'ai en commun avec lui ? Il est tordu.
- L'extrême beauté. La beauté éternelle qu'il convoitait tant, celle que tu as.
- Tu te moques de moi ?
- Pourquoi je ferais ça ?Il ne répond pas. Il n'a pas l'air d'avoir confiance en lui, peut être qu'il ne se trouve pas beau. Mais il n'est pas beau, il est bien plus que ça. Assez pour dérégler complètement mon cerveau. D'ailleurs j'étais tellement fasciné par ses yeux noirs et ses cheveux que je n'ai même pas remarqué ses tâches de rousseurs assez discrètes et son grain de beauté sur l'ourlet gauche de sa lèvre supérieure. Je suis sûr que je rate encore des détails que j'espère avoir le temps de découvrir. Je me demande bien où me mènera cette fascination délirante. Le plus fou, c'est que je n'ai même pas peur.
- On ne m'a jamais dit ce genre de chose.
- Jamais ? On ne t'a jamais dit que tu étais beau ?
- Même pas ma propre mère.
- Tu n'as pas pu changer tant que ça, la transformation ne fait pas de miracle.Il se lève et fouille dans sa veste poussiéreuse. Il en sort une carte qu'il me tend, c'est sa carte d'identité. En effet, il n'a pas changé, sauf le teint et les yeux bien sûr. Il était un peu moins pâle et ses yeux étaient tellement bleus, si bleus. Il était déjà tellement beau.
- Tu étais parfait. Tu l'es toujours.
- Si tu le dis.
- Comment tes yeux ont pu passer du bleu pétant au noir de chez noir ?
- C'est improbable, donc inexplicable.
- Peu importe, ils sont magnifiques.
- C'est une malédiction, je n'ai plus rien d'humain.
- Tu es toujours toi, et tu peux le rester. Ce n'est qu'une couleur, ça ne change rien à ce que tu es.~~~
Ça va faire deux semaines qu'il est là, chez moi. Mon frigo pourrait être celui d'un psychopathe et je vis sous la lumière artificielle mais ça a peu d'importance.
Mon téléphone sonne sans arrêt depuis deux jours. C'est Léo, il m'a laissé plusieurs messages parce qu'il s'inquiète de ne pas avoir de nouvelles. Je ne saurais pas quoi lui dire, il ne comprendrait pas et je n'ai pas envie de trouver une excuse.- Pourquoi tu ne réponds pas ?
- C'est un chasseur.
- Et donc ?
- Je ne veux pas le voir, pas pour l'instant.
- Tu pourrais trouver une excuse.
- S'il était monté à ma place ce jour là, tu serais vraiment mort. Il ne comprendrait pas.
- C'est son boulot, tu aurais dû le faire.
- Je ne pouvais pas.
- Tu as risqué ta vie, pourquoi ?
- Et toi tu ne m'as pas croqué, pourquoi ?Il n'a pas le temps de répondre, la sonnette de mon appartement me fait sursauter. Je lui demande de se cacher dans la chambre et ouvre la porte. C'est Léo, visiblement inquiet, qui n'attend même pas que je l'invite à entrer pour le faire.
- Tu pourrais répondre au téléphone, je m'inquiétais.
- Désolé, je suis un peu malade en ce moment.Je le vois regarder partout autour de lui, je n'ai pas pensé au fait que les volets soient fermés et la lumière allumée, en plein jour...
- Andy, tu n'as rien à me dire ?
- Qu'est ce que tu veux que je te dise ?
- Qu'est ce qui s'est passé dans cette maison pour notre dernière chasse ?
- Mais rien, tout va bien.Je le vois aller vers la cuisine, je commence à paniquer, et je fais bien. Il regarde dans l'évier et c'est le drame. Il me saute dessus et me plaque contre le mur avant de dégainer un pieu.
- Ne me dis pas que tu en es un ?
- Qu'est ce que tu racontes ? Calme toi, t'es dingue ?
- Le sang dans l'évier, les volets fermés, je ne suis pas con.
- Arrête, lâche moi !Dorian sort de la chambre, évidemment qu'il a entendu. Il l'attrape par le dos du t-shirt et le projette au sol. Je me place devant lui, ce n'est pas logique mais c'est un réflexe.
- C'est encore pire que ce que je pensais, ce n'est pas toi...
- Ne t'en mêle pas, s'il te plait.
- Mais merde c'est un monstre !
- Non, pas lui.
- Il faut s'en débarrasser, tu le sais.
- S'il te plait Léo, sors de chez moi.
- Je ne peux pas te laisser avec ce truc, tu te rends compte de ce que tu fais ?
- Je ne risque rien, je t'en prie pars.
- Je suis désolé, je ne peux pas.Il se lève et se jette sur nous, le pieu toujours à la main. Je tente de le lui prendre mais il me pousse et arrive à attraper Dorian qui se défend comme il peut mais qui tente sûrement de ne pas le blesser, à cause de moi. Il va finir par se laisser faire, et je ne peux pas l'accepter. Je me précipite vers la cuisine et saisis un couteau.
- Léo sors de chez moi, c'est ta dernière chance.
- Tu me remercieras plus tard.Il ne le lâche pas et se rapproche du but. Je ne réfléchis plus et lui plante le couteau dans le cou, je l'ai pourtant prévenu. Il s'écroule, lâchant le pieu dans sa chute. Je lâche le couteau, choqué, j'aurais pu lui laisser une chance, qu'est ce que j'ai fait ? Il est mort.
- Andrew... ça va ? Tu n'as rien ?
- Je l'ai tué...
- Éloigne toi de moi s'il te plait.
- Je suis désolé, je ne voulais pas qu'il te fasse de mal.
- Ce n'est pas ça... le sang, son sang, je ne peux pas contrôler. Tu ne dois pas voir ça.Je me lève et m'enferme dans la salle de bain, c'est surtout que je ne veux pas voir ça. Tout se bouscule dans ma tête, je l'ai tué putain, pourquoi il n'est pas simplement parti ? Je suis foutu.
J'ouvre la porte lorsque Dorian revient me chercher.- Je suis désolé, je n'ai pas pu m'en empêcher.
- Peu importe, il est mort de toute façon. Tu n'as tué personne toi au moins...
- Hé, ça ira, je vais régler le problème.
- Tu vas le ressusciter ?
- Ça je ne peux pas, mais je vais nous en débarrasser, tout ira bien.
- Je ne veux pas te mêler à ça.
- Je suis mort, qu'est ce qui peut m'arriver de pire ?
- Il aurait pu te tuer...
- Et il ne l'a pas fait.
- Parce que je l'ai tué, j'ai tué un mec...
- Tu aurais dû le laisser faire, il avait peut être raison.
- Je ne me sens pas en danger avec toi.
- A croire que tu l'es, regarde ce que je t'ai poussé à faire.
- Ce n'est pas toi, c'est lui.Il a attendu la tombée de la nuit et est parti avec la dépouille de Léo, et sa voiture.
Je l'attend comme un con, je suis encore sous le choc, mais je m'inquiète pour lui surtout, je ne sais pas où il est et ça me rend dingue. J'ai besoin qu'il rentre rapidement. J'aurais pu faire autrement, j'aurais pu l'assommer...
Tout ce que j'ai vu à ce moment là c'est que s'il lui avait planté ce pieu dans le cœur, c'était fini. Je ne pouvais pas l'imaginer, pas comme ça.~~~ A suivre...
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Un cœur éteint peut toujours aimer
VampireLes choses ne se passent pas toujours comme on le voudrait, surtout quand il s'agit de débarrasser les rues de créatures telles que les vampires. Et si l'un d'eux chamboulait complètement la vie d'Andrew, pour l'éternité, changerait-il sa vision des...