Andrew

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Il est rentré, je peux enfin respirer. Il est tout sale mais en un seul morceau. Il part directement à la douche et beaucoup de choses me trottent dans la tête. Je ne vais pas chercher à savoir, je suis juste soulagé qu'il soit là, je vais me contenter de ça. 

Quand il sort de la salle de bain il est torse nu, je ne l'ai encore jamais vu comme ça. Je pensais qu'il cachait quelque chose, mais je ne voulais pas qu'il se sente forcé de montrer quoi que ce soit qui le gêne, alors j'ai juste profité du temps passé avec lui, sans questions.
Il est plutôt fin, mais si beau. Je vais bien finir par lui trouver un défaut, personne n'est parfait. Il se trouve devant moi, les bras croisés, et me regarde.

- Après les risques que tu as pris pour moi tu as bien le droit de savoir qui je suis vraiment.

Il se pose à côté de moi dans le canapé et me montre ses bras. Ils sont abîmés au niveau de l'intérieur des coudes. Je vois maintenant ce qu'il cachait.

- Alors c'est ça que tu cachais, tu te droguais ?
- J'étais complètement stone le jour où ils m'ont trouvé et mordu, je ne l'ai même pas senti. Je n'étais déjà pas loin de la mort en fait. La drogue m'aurait tué tôt ou tard.
- Pourquoi tu faisais ça ?
- J'ai essayé une fois, pour oublier le bordel qu'était mon quotidien, et ça a marché. Alors j'ai recommencé encore et encore, je n'arrivais pas à en sortir. Mais le jour où je me suis transformé ça a changé, je n'ai plus aucune envie d'en prendre, ma dépendance n'existe plus.
Ce n'est pas pour rien que je n'ai aucune confiance en moi, que j'ai mal réagi quand tu m'as dit que j'étais beau. Je subissais les moqueries de ma mère et ma sœur tous les jours. Je suis le seul roux à la maison, enfin j'étais. Ils peuvent m'oublier, c'est eux qui m'ont fait ça dans un sens. Je me demande ce que ma mère me cachait, c'est évident qu'elle rejetait ses erreurs sur moi. Je suis peut être l'erreur de sa vie après tout.
- Les gens devraient faire plus d'erreur alors.
- Je suis un drogué Andrew, je n'en suis pas fier.
- Tu étais... on fait tous des conneries. Ce qui compte c'est ce que tu es au fond de toi. Tu ne te drogues plus, c'est un bon début.
- Depuis que je t'ai rencontré je n'ai plus envie d'oublier.
- Alors que tu es mort, rien ne sera plus comme avant.
- Ce n'est pas facile à accepter, mais je ne me suis jamais senti aussi vivant.
- Pourtant tu m'as demandé de te tuer.
- Je ne te connaissais pas encore.
- N'importe quoi...
- Tu me traites comme si j'étais important, ça ne m'est jamais arrivé avant. C'est grâce à toi que je me sens vivant.
- C'est peut être parce que pour moi tu l'es vraiment, important.

Je n'en reviens pas d'avoir dit ça. Je me sens tellement con, je n'ose même pas le regarder. Je sens son regard sur moi, il ne répond plus, mais je n'ose toujours pas le regarder. J'ai envie de me cacher dans un trou tellement je dois avoir l'air débile.

- T'es sérieux ?
- J'ai tué un mec pour toi, évidemment que je suis sérieux. C'est moi le drogué maintenant, t'es même plus qu'une dépendance.

Je ne pouvais pas être plus ridicule. Pourquoi tu ne fermes pas ta gueule Andrew ? Il va se barrer si tu continues.

- Alors regarde moi.

Je relève la tête et le regarde enfin. C'est vraiment dingue ce qu'il est sexy avec ses cheveux mouillés. Il l'est toujours mais... je rêve ou il se moque de moi avec son magnifique sourire en coin ?

- Je ne me moque pas de toi. 

Je suis trop prévisible, il savait que je penserais ça.

- C'est juste que, j'entends ce que tu penses.
- Quoi ?
- J'ai tout entendu.
- Dis moi que c'est une blague ?
- Je sais tout ce que tu penses depuis que je suis revenu tout à l'heure. Je t'ai entendu être rassuré de me voir rentrer, ensuite je t'ai entendu t'impatienter et me baver dessus quand je suis sorti de la salle de bain. Tu en trouveras des défauts, c'est sûr.
- Comment tu fais ça ?
- Je n'en sais rien, mais depuis que j'ai croqué ton pote j'ai l'impression d'être plus fort.
- Merde...

Il va sûrement savoir que c'est moi qui a actuellement encore de le bouffer. Merde, il faut que j'arrête de penser, mais je ne peux pas je n'ai que ça en tête. Il sourit encore... la honte.
Il se lève et me regarde, je ne sais pas quoi faire, encore moins quoi dire.

- Commence par te lever peut être.

Je me lève et il prend ma main, tout mon corps frissonne. Je me sens bizarre, comme si... je ne sais même pas. Ne pense plus...
Il s'approche de moi, toujours plus près, jusqu'à ce que je sente ses lèvres dans mon cou. Il ne va pas me mordre quand même ? Et puis je m'en fiche, qu'il me fasse ce qu'il veut.

- Je ne vais pas te mordre, détends toi.
- Je suis détendu, enfin je crois.

En fait pas du tout, mais pas du tout. Je sens sa main soulever mon t-shirt alors que ses lèvres jouent avec ma peau. Je ne m'attendais pas à sentir son souffle, mais ça fait bizarre quand même. Ca ne changera rien à ce que je ressens.
Mon t-shirt finit sur le canapé, j'ai honte... je ne suis pas aussi beau que lui, quel mauvais tableau.

- Détrompe toi, tu es bien plus beau que moi.
- Tu comptes vraiment jouer à ça ?
- A quoi ?
- Tu vas écouter tout ce que je pense ?
- Je ne sais pas comment arrêter, je n'ai pas de bouton marche/arrêt.

Je regarde ses yeux, c'est ma faiblesse et ça je crois qu'il l'a bien compris. N'est ce pas ? Si ça t'amuse tant que ça de lire dans mes pensées, qu'est ce que tu attends pour m'embrasser ?
Ça l'amuse apparemment puisque ses lèvres rejoignent les miennes. Elles sont si froides, mais si douces.
Il me fait pivoter, le dos vers la chambre, et me pousse jusque la porte qu'il ouvre avant de me pousser à l'intérieur. Il ne va pas s'en tirer comme ça. Je le fais prendre ma place et le pousse sur le lit. Il attrape mes bras de façon à ce que je lui tombe littéralement dessus avant qu'il ne me fasse basculer pour prendre ma place. Il m'embrasse à nouveau, ses mains se baladent sur ma peau, ne faisant qu'augmenter mon désir. Je suis peut être fou, peut être juste un simple humain, c'est dans notre nature après tout.

- Tu ne penses pas que tu devrais mettre ton parfum magique pour limiter les risques ?
- Sûrement pas, je ne te mettrai aucune limite.
- Tu sais que je ne sens pas ma force ? Je ne veux pas te blesser.
- Je te fais confiance, tout ira bien. Et si je me trompe je ne t'en voudrais pas.

~~

Je me réveille, il est tard. La nuit a été agitée et mon sommeil assez court, alors tant pis si il est tard, je me débrouillerai avec mon patron. J'ai tué un homme hier, alors à côté de ça, rater une journée de boulot n'est pas un crime.
Je tourne la tête, il est là, dans mon lit, comme dans mes rêves, et il me regarde. Il n'a pas l'air d'être heureux, ça fait plaisir.  

~~ A suivre...

Un cœur éteint peut toujours aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant