Dorian

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- N'y pense plus mon amour, je vois bien que ça te fait du mal. Tu veux qu'on s'en aille maintenant ?
- Je ne sais pas, on a encore un peu de temps non ?
- Pour faire quoi ?

Comment ne pas sourire devant cette petite expression innocente ? Maintenant que je sais que je ne risque plus de lui infliger du dégât, j'espère, une abstinence n'est plus possible, s'il en a envie aussi bien sûr. A voir son regard je dirais que oui, et si je me trompe il pourra toujours me repousser. Je l'allonge sur le matelas et bascule au dessus de lui, j'ai une folle envie d'embrasser chaque recoin de cet homme sublime qui a changé ma vie.
Je m'approche dangereusement de sa bouche dont l'arc de cupidon si bien dessiné la rend encore plus attirante mais suis coupé dans mon élan, je connais cette sensation que j'avais perdue, je n'ai pas de doute, je l'entends à nouveau, Hallelujah. Cette bonne nouvelle m'arrache un petit sourire victorieux, il ne me manquait plus que ça pour me sentir au top. J'enlève mon t-shirt et le laisse caresser mon torse tout en profitant de ma chance de pouvoir à nouveau savoir ce qu'il pense. J'avais besoin de ça pour me rassurer, même si je sais que je peux avoir confiance en lui. J'ignore si c'était une baisse d'énergie ou une étincelle éteinte entre nous qui m'avait coupé ce lien. J'ose espérer que c'était un coup de faiblesse, indépendant de notre amour.
Je le laisse glisser ses mains sur mon torse pendant qu'il découvre ses nouvelles sensations, il ne va pas être déçu. Depuis la première fois qu'on a fait l'amour, j'en ai envie sans arrêt, comme si j'étais inépuisable. Ces derniers jours ont été légèrement plus compliqués, je n'avalais presque rien, ce n'est pas la même fatigue que celle de l'être humain, mais ça y ressemble. Une fois ce problème réglé, en fait je crois que c'est ça, je suis inépuisable. Aucun souci de respiration, pas de fatigue, je ne comprends pas tout sur le fonctionnement de mon corps de mort mais ça, ça me va.
Je le libère se son t-shirt, savourant de connaître ses désirs, avant de lui arracher un baiser tout doux, tout doux, tout doux. Ce petit filou en profite pour me rappeler, sans un mot, l'inutilité des vêtements dans ce genre de situation. Je suis doublement ravi de l'avoir légèrement forcé à se remettre d'aplomb. Bien sûr que non, je ne vais pas attendre qu'il se déshabille lui-même, je n'en ai pas la patience. Avant que ses mains ne puissent atteindre mes fesses, je fais disparaître tout ce qu'il portait de trop, pour ne pas dire tout. J'en profite pour me débarrasser de tout ce que je porte également, optimisation du temps, comme s'il nous était compté...
Il va bien finir par comprendre que je l'entends de nouveau. En attendant, je m'allonge sur lui et me contente de le regarder. L'entendre s'impatienter me stimule davantage. Evidemment que je le laisse mariner un peu, rien que pour voir cette expression dépitée qui le rend trop craquant.

- Attend ! Tu m'entends ?
- Comment tu sais ça ?
- Tu viens de confirmer que tu me laissais mariner un peu... parce que tu trouves que je suis craquant comme ça...

Oups, grillé. Au moins ça le fait réagir, et pas qu'un peu. C'est qu'il devient arrogant en plus, ce n'était pas un mythe, il est maso. Tu es sûr de toi ? Je n'accepterai pas les réclamations.
Alors je ne vais pas me faire prier. J'utilise mon genou pour séparer ses jambes et crache dans ma main, je ne suis pas un bourrin à ce point là. Il est déchaîné, c'est la première fois que je l'entends penser comme ça, peu importe. Je m'aligne et, en un seul geste, nous ne faisons plus qu'un. J'ai honte, mais j'éprouve un malin plaisir à le voir ployer sous mes coups de bassin, c'est encore meilleur quand on sait qu'on ne fait pas de mal à l'autre. Dans ce cas là comment résister quand il me demande d'y aller plus fort ?
J'obéis sans hésiter et lui tiens les hanches, je ne voudrais pas qu'il finisse empalé dans le mur. Je ne contrôle plus rien, je n'en ai plus besoin, je profite juste de cet instant d'exaltation, de ce moment rien qu'à nous. Il a raison, on dirait presque que le sol tremble.

~~~
On a pu prendre une chambre à l'hôtel, c'est plus propre, ça fait du bien. C'est tellement bon de pouvoir prendre une douche, jamais je n'aurais cru un jour être pressé de prendre une douche.
Andrew a insisté pour aller voir Linc, pas pour rien apparemment. Il peut lire ses pensées comme s'il était humain. Il me demande de le laisser dire, c'est ce que je comptais faire de toute façon. Il nous a demandé si on avait ressenti le tremblement de terre la nuit dernière. Andrew m'a tout de suite regardé, je suis prêt à parier que c'est de notre faute, même si ça parait improbable. 
Il écourte la visite et Linc nous raccompagne, Andrew ne l'aime vraiment pas à ce que je vois.
On fait un peu de route et, enfin, il me raconte ce qu'il a entendu.
Il est inquiet, il croit vraiment être mauvais, mais non. Il est bon pour moi, ça me suffit. S'il était vraiment dangereux, ça ne changerait rien pour moi.
Sur la route je tombe sur l'appartement de ma mère, la lumière est allumée... Andrew a compris tout de suite.

- Oui, elles sont là.
- Ta mère et ta sœur ?
- C'est là qu'elles vivent, je vivais là aussi... avant.
- Il n'est pas trop tard si c'est ce que tu veux.
- Plus maintenant, je peux vivre n'importe où, tant que c'est avec toi.
- Tu veux monter les voir ?
- Si tu viens avec moi oui.
- Comme si j'allais te laisser y aller seul.

J'ouvre la porte de l'immeuble et entre, j'ai l'impression de me sentir mal. Ma mère ouvre la porte et Andrew trouve le moyen commenter son physique. C'est vrai qu'elle n'est pas à son avantage. Ne t'inquiète pas, ça ne fait rien.
Nous entrons, elle nous ignore, mais j'ai l'habitude.

- Ça faisait longtemps, qu'est ce que tu as fait à tes yeux ?
- Des lentilles. Angie n'est pas là ?
- Elle est à une soirée avec son petit copain.
- Et elle va bien ?
- Mieux que toi apparemment, tu es pâles, tu n'étais déjà pas très beau avant...

Comme toujours, des remarques sur mon physique. Voila d'où ils viennent mes complexes...
Andrew n'a pas l'air d'apprécier cette remarque, il veut lui mettre un coup de lampe.

- Je ne suis pas venu pour parler de mon physique, j'ai une question à te poser. Tu ne verras plus ma sale gueule après y avoir répondu, c'est ce que tu attends de toute façon.
- C'est quoi cette question ?
- Qu'est ce que j'ai bien pu faire pour que vous me détestiez Angie et toi ?

Ce regard qu'elle me lance, moi je peux savoir ce qu'elle ressent maintenant... je n'imaginais pas qu'elle pouvait me détester autant, pourquoi elle m'a gardé ? Pourquoi elle ne m'a pas abandonné ? Ça aurait pu être mieux.

- On était heureux avant, on ne manquait de rien. On était ravis d'avoir un deuxième enfant, tout allait bien, jusqu'à ce que tu viennes au monde.
- Alors le problème c'est juste ma naissance ?
- On a cru que ça passerait, beaucoup de bébés changent en grandissant, mais pas toi. Tu étais roux, je ne parle même pas de tes yeux...
- C'est un crime ça ?
- Tu es le portrait craché de ton père. Je n'ai craqué qu'une seule fois, et ça a tout gâché. Le père d'Angie est parti, il a bien compris qu'il n'était pas de lui.

Je savais que mon père n'était pas le même que celui d'Angie, mais je pensais que ça n'avait rien à voir avec ça. C'était tellement évident, je pensais même que j'avais été adopté ou je ne sais quoi. En fait non, c'est juste parce que je suis né, parce qu'elle a merdé. Andrew est en colère, ça se voit, et je l'entends. Fais ce que tu veux.

- Si je comprends bien vous détestez votre fils parce que vous avez trompé votre mari et qu'il s'en est rendu compte ?
- De quoi je me mêle ?
- Vous avez gâché la vie de votre gamin jusqu'à ce qu'il finisse par se droguer juste parce que vous n'assumez pas vos conneries ? Espèce de salope dépravée !
- Si tu l'aimes tant que ça ce gamin prend le et emmène le très loin, taré de junky !
- C'est ce que je vais faire oui... étouffez vous bien avec votre langue de vipère !

Il a entendu lui aussi, il peut le sentir. Il me prend la main lorsque ma mère commence à s'étouffer. Alors là c'est dingue... c'est lui qui a fait ça ?

- Merde...
- Laisse Andrew, on s'en va.
- Mais elle va mourir si on ne fait rien !
- S'il te plait, laisse tomber.

Je veux juste partir, elle n'en vaut pas la peine. Je me fiche de ce qui peut lui arriver, je suis mort à cause d'elle, elle sera morte à cause de moi.
Je sors de l'immeuble, emportant Andrew avec moi. Ça fait mal parce qu'au final je n'y suis pour rien, je n'ai pas eu de chance, c'est tout. 
On rentre directement à l'hôtel, j'ai vu assez de gens pour aujourd'hui.

~~~ A suivre ...

Un cœur éteint peut toujours aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant