Dorian

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Ça fait des jours que je suis dans cette pièce miteuse, attaché comme un animal. J'ai arrêté de compter après une semaine, je ne pensais pas survivre beaucoup plus longtemps de toute façon. Enfin survivre, si on peut dire ça comme ça.
Je suis devenu un monstre, comme ce connard qui me raconte des conneries depuis des heures en tournant en rond dans la pièce. J'ai envie de le déchiqueter.
Son frère m'a tué, je ne peux plus les supporter, mais je ne peux même pas me suicider vu que je suis déjà mort. Ces chaînes m'empêcheraient d'essayer de toute façon.
Depuis que je suis là j'entends des abrutis me raconter des trucs inutiles sur leur espèce, comme si j'allais accepter d'être comme eux. Je me sens faible, complètement mou, et j'ai la dalle mais je n'ai pas envie de boire du sang d'innocents, qu'ils tuent sans pitié.

J'entends du bruit en dessous de moi, ça n'arrive jamais la journée. L'autre idiot a visiblement entendu aussi, il se place devant la porte comme s'il attendait qu'on entre. Je me lève, curieux de savoir si je peux encore être étonné par quelque chose. La porte de la pièce voisine grince, si mon cœur battait encore, il s'emballerait sûrement.
J'entends respirer derrière la porte. J'avais déjà remarqué que j'entendais bien mieux qu'avant, mais à ce point là... je l'entends comme si cette personne était collée à moi. Je pourrais avoir une légère angoisse, mais si on venait me tuer ce serait mieux que cette situation alors je ne crains pas grand-chose.

La porte s'ouvre. Un homme apparaît et mon geôlier se jette sur lui avant de reculer, comme repoussé par quelque chose d'invisible et se prend un pieu dans le cœur, le faisant s'écrouler sur le sol. On ne voit ça que dans les films normalement, mais plus rien ne m'étonne.
Si quelqu'un m'avait dit il y a quelques jours que les vampires existaient, je lui aurais conseillé d'aller se faire aider. J'étais bien loin de m'en douter, ça me paraissait fou, et pourtant...
L'inconnu reste là, au pas de la porte, à me regarder. Je l'observe, il n'a pas l'air d'avoir envie d'avancer, je fais si peur que ça dans cet état ?
J'avance vers lui, faiblement, je dois avoir l'air si pathétique. S'il compte me tuer autant qu'il le fasse vite, je ne vais pas attendre qu'il se décide. Il ne me lâche pas du regard et tiens un pieu à la main mais ne bouge toujours pas.

Je suis arrêté par mes chaînes qui m'empêchent d'aller plus loin, je suis plutôt près de lui, mais il me regarde toujours sans bouger. Je pourrais penser qu'il fait un arrêt cardiaque ou un truc comme ça, mais j'entends très bien son cœur, il a l'air d'aller bien.
Il n'a pas l'air d'avoir peur de moi, en même temps je dois inspirer plus de pitié que de peur, il voit bien que j'aurais du mal à le bouffer dans cet état, surtout avec cette odeur affreuse qu'il dégage. Pourtant il n'a pas hésité à tuer l'autre...
J'écarte les bras pour qu'il comprenne qu'il peut faire ce qu'il a à faire sans crainte, il ne bouge pas. Même en sortant mes dents ça ne change rien, qu'est ce qu'il a à me regarder comme ça ?
Je le vois ranger son pieu dans sa ceinture, il est sérieux là ? Il ne peut pas me laisser comme ça, je ne veux pas vivre dans cet état.

Il refuse de me tuer quand je le lui demande et va jusqu'à m'aider quand je risque de m'écrouler. Je comprends maintenant que la barrière invisible était sûrement cette affreuse odeur, c'est ça qui va me tuer si il reste trop longtemps près de moi. Je ne sais pas ce que c'est mais il empeste, même si il reste appétissant. 

Il me demande de me taire, de rester discret en attendant qu'il revienne, qu'est ce qu'il a dans la tête ? 

Il part en fermant la porte derrière lui, me laissant seul avec mes chaînes et un cadavre, au moins il la ferme maintenant qu'il est vraiment mort. Je sais que la clé de mes chaînes est dans sa poche, mais je n'y toucherai pas.
Ça ne servirait à rien de m'enfuir tant que le soleil est levé, j'ai vu ce que ça pourrait me faire, et il y a plus douce façon de mourir. De toute façon j'ai envie de voir s'il reviendra vraiment. Je sais que je devrais partir au coucher du soleil, mais je ne le ferai pas.

~~~ A suivre...

Un cœur éteint peut toujours aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant