Andrew

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Je sors de la voiture, il ne peut pas être bien loin, j'espère. Je suis angoissé quand je ne sais pas où il est, comme si il me manquait quelque chose. Ma vie a changé depuis notre rencontre, c'est un sacré bordel, mais je ne me suis jamais senti aussi libre. Je ne sais pas à quoi ressemblerait ma vie sans lui après tout ça, et je ne tiens pas à le savoir. J'ai peur de tout perdre, et quand je dis « tout » je pense à lui.

J'ai toujours été plutôt solitaire, sauf pour chasser, par sécurité. J'ai toujours eu un souci avec le contact humain. Je n'aime pas entendre les gens parler de leur vie et je n'aime pas parler de la mienne. Je déteste le contact physique aussi, enfin c'est ce que je croyais. Devoir serrer une main ou faire une bise me dégoûtait, je suppose que c'est toujours le cas. Jamais je n'aurais pensé un jour relever un vampire poussiéreux au doux parfum de cadavre, encore moins pour l'aider. Porter les cadavres de vampires c'était autre chose, je m'arrangeais pour ne pas les toucher directement, c'était comme porter un sac de sable. C'est différent avec lui, j'ai très vite eu envie qu'il me touche, et c'est presque devenu un besoin de le toucher. C'est nouveau pour moi, pourtant avec lui tout me parait tellement simple.

Je m'égare, j'étais censé le chercher, mais ce n'est plus la peine, il est là, devant moi. Peu m'importe où il était, le principal c'est qu'il est là.

- J'ai cru que tu étais parti, encore...
- J'ai essayé mais le soleil m'en a empêché.
- Ah...

Il se rapproche et me serre dans ses bras, c'est tellement bon de le sentir contre moi. Il me fait toujours des frayeurs, j'ai toujours peur de ne plus jamais vivre ça. Au final je me retrouve dans ses bras, mais si un jour il ne revenait pas ? Si il partait ?

- Mais non idiot, je ne te laisserai plus. Par contre évite de m'embrasser pour l'instant.
- Tu n'as mangé personne rassure moi ?
- J'aurais pu, mais je ne pouvais pas manger un gosse. J'ai trouvé des chats errants, ils étaient dégoûtants mais je n'avais pas le choix.
- Ce n'est pas grave, je suis désolé, j'aurais dû y penser.
- Mais non ça va, ne t'inquiète pas.
- On ira faire quelques courses quand on pourra sortir, même si c'est risqué de me montrer.
- Je serai là, ça ira.

Est-ce qu'on a le choix ? J'ai l'impression de sombrer, je me sens faible. Et lui, il doit avoir faim, il a tellement luté, toute la nuit, il est fort mon amour.

- Ah oui carrément, ton amour ?
- Désolé, je me suis perdu dans mes pensées.

Je me sens con, je sais très bien qu'il m'écoute en plus. Il va finir pas prendre peur, je m'emballe trop vite, quelle nouille.

- Mais non, ça me va très bien, je suis surpris c'est tout. Je te l'ai dit, je n'ai pas l'habitude d'entendre ce genre de choses, mais mon petit cœur tout mort aime ça.
- Vraiment ?
- Je sais que je n'exprime pas beaucoup, c'est compliqué de savoir ce que je pense, mais crois moi, tout ce que tu penses est loin de me faire peur.

Il me regarde avec ses beaux yeux noirs, j'ai des frissons. Même si je me sens mal, quand je le vois tout va mieux, dans ses yeux je me sens plus fort.

- Viens t'asseoir dans la voiture, tu dois te ménager.

De toute façon je ne vais pas tenir longtemps debout. Je remonte dans la voiture, avec lui. Il me prend la main et me regarde, il a l'air inquiet.

- Il y a un truc qui ne va pas, je le sens, je l'entends.
- De quoi tu parles ?
- J'entends tout ce qui se passe dans ton corps, et là ce n'est pas comme d'habitude. Je pensais que c'était le choc d'hier soir, mais là c'est toujours pareil.
- Ça va ne t'inquiète pas, c'est sûrement rien.
- Je sais bien que non, qu'est ce que tu trouves de différent ?
- Je ne sais pas, je me sens fatigué, j'ai l'impression de devoir forcer pour respirer.
- Putain mais qu'est ce que j'ai loupé ?
- Mais rien, ne t'inquiète pas, ça va passer.

Un cœur éteint peut toujours aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant