Dorian

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Le soleil s'est couché depuis un bon moment, j'entends des pas puis l'escalier grincer. Je n'ai pas bougé, je l'attendais. Je reconnais ses pas, la même démarche.
Je l'entends derrière la porte, il s'est arrêté, son cœur bat si vite... je ne sais pas ce que c'est mais ça me fait quelque chose. Je baisse la tête et me concentre sur les battements de son cœur. J'entends la porte s'ouvrir et ses pas vers moi, je lève la tête vers lui, il est bien là. Il s'est changé et n'a plus cette horrible odeur, enfin pas aussi forte.
Il n'est même pas armé, il est vraiment fou il n'y a plus de doute. Il me demande où sont les clés, je lui réponds.

- Tu aurais pu te barrer mais t'es encore là ?
- Où est-ce que j'irais ? Tuer la première personne que je croise parce que je crève la dalle ?
- En parlant de ça...

Il sort une bouteille de son sac, il a eu ça où ? Il est tellement bizarre...
Je tente de refuser, je n'ai pas envie de rentrer dans ce jeu sans fin, si je commence je ne m'arrêterai sûrement plus. Il finit par avoir le dernier mot et je vide la bouteille, ce n'est pas mauvais en fait.
Il récupère ensuite la clé sur le mon cher ami et me libère. Il efface nos traces et m'aide à aller jusqu'à sa voiture. Je ne sais pas pourquoi mais je compte bien le suivre.

Il arrête la voiture au pied d'un petit immeuble dans lequel il m'entraîne jusqu'au premier étage avant de m'inviter à entrer dans ce qui est surement son appartement. Je le suis sans hésiter, il n'a peur de rien celui-là.

J'essaie de voir s'il sait ce qu'il fait, il n'a pas l'air d'avoir de regrets alors je le laisse faire. Je vais essayer de ne pas le dévorer, il est trop mignon pour que je risque de l'abîmer.
Il allume la lumière, ça fait longtemps que je n'ai pas vu de lumière, même artificielle. Je vois très bien dans le noir, mais je ne distingue pas les couleurs.
Cette lumière m'agresse un peu les yeux, me poussant à les fermer quelques secondes. Quand j'ouvre les yeux je peux enfin voir les couleurs, ça me manquait. Je peux surtout le voir lui, il était mignon en teintes de gris, mais là c'est encore mieux. J'ai pu le voir quelques secondes quand il ouvert la porte à la lumière qui traversait le couloir mais je n'ai pas vraiment eu le temps de m'y attarder.
Ses cheveux bruns tombent légèrement sur son front et ses yeux d'un marron plutôt bien clair vont très bien avec son teint mat. Il parait bien plus jeune à la lumière, il est vraiment beau.
Il a une tâche dans le cou, on dirait une pièce de puzzle mais je ne pense pas que ce soit un tatouage.
Il me fixe et semble captivé par mes yeux, qu'est ce qu'ils peuvent bien avoir comme ça ?

- Tu vas me regarder longtemps comme ça ?
- Tu devrais prendre une douche. Si moi je sens la côte à l'os, toi tu sens le cadavre et la poussière.
- Je ne suis pas contre.

Je suis ravi de savoir que je sens le cadavre. Après tout, c'est un peu ce que je suis. Il me montre la salle de bain et me donne des vêtements propres, je m'y enferme.
Je ne réalise pas encore ce qui m'arrive, je ne pensais pas sortir de ce merdier mais je suis toujours un vampire...
Je passe devant le miroir, alors ça c'était un mythe, je me vois très bien dedans. Je suis couvert de poussière mais je vois quand même mon teint blafard, et ces yeux que je ne reconnais pas. J'avais les yeux bleus très clairs, les voila noirs... comment c'est possible ?
Ça n'existe pas cette couleur sur un être humain, et encore moins avec cette couleur de cheveux... C'est donc ça qui l'intrigue autant ? Ça n'arrange pas mon physique en tout cas, c'est même pire qu'avant.
Je me déshabille et entre dans la baignoire pour prendre une douche, mes cheveux aussi en ont bien besoin. Je ne sens même pas la température de l'eau.

Je sors de la douche après avoir chassé toute la crasse et la poussière, ça devrait couvrir mon odeur un petit moment. J'enfile les vêtements propres, on a presque la même taille.
Quand je sors de la salle de bain il me regarde encore, je ne sais pas comment le prendre.
Je le rejoins sur le canapé, je me sens un peu bizarre. J'ai l'impression de ne plus être moi, tout se bouscule dans ma tête. Je ne devrais pas être là, ma place est dans un cercueil.
Il me demande ce qui me tracasse. Je ne vois pas l'intérêt de lui mentir alors je lui réponds.
Je n'en reviens pas quand il me propose de rester, il risque tellement pour m'aider. Je le regarde un instant dans les yeux, il est surprenant. Je ne sais pas expliquer ce sentiment, je crois qu'il m'attire.
J'ai eu des coups de cœur dans ma courte vie pourtant, mais personne ne m'avait jamais fait cet effet là, cette espèce d'attraction que je ne m'explique pas. Quelque chose se passe aussi dans sa tête visiblement. Il me regarde avec la bouche ouverte, comme s'il regardait un gâteau dans une vitrine de boulangerie.

- Tu baves.
- Hein ?
- Je déconne, relax.

Il est trop mignon, il vient de vérifier s'il bavait vraiment. Je tente de rattraper le coup mais il finit par partir quand même, fermant la porte à clé derrière lui.

J'ai l'impression de devenir fou. J'ai peur de ce que je suis capable de faire, j'ai peur de lui faire du mal alors qu'il fait tout pour m'aider. Je ne suis pas censé m'inquiéter pour ce genre de chose, je suis un vampire après tout, mais ça m'inquiète, je n'ai que ça dans la tête. Il faut que je trouve une solution.

Je décide d'aller me trouver quelque chose à manger, ou plutôt à boire, suffisamment pour ne pas avoir une fringale en pleine journée et lui sauter dessus.
La porte est fermée alors je sors par la fenêtre.
Je finis par trouver une boucherie. A cette heure-ci elle est fermée alors je casse la vitrine avec une plaque d'égout avant d'y récupérer de quoi tenir un petit moment dans un sac plastique, me faisant un petit repas sur place en même temps.

Je déambule dans la rue pour réfléchir. Je devrais partir pour ne prendre aucun risque, mais j'ai tellement envie de le retrouver... je n'ai jamais été comme ça.

Je ne sais pas combien de temps je suis parti mais je repasse par la fenêtre et dépose mes trouvailles au frigo. Les lumières sont éteintes mais son sac est à l'entrée, il est rentré. Une chance que la fenêtre soit encore ouverte. Je ferme soigneusement les volets et le cherche.
Je le trouve dans la chambre, il dort. J'ai dû passer pas mal de temps dehors sans m'en rendre compte.
Sans y prêter attention je ferme la porte de la chambre qui se claque. Il se réveille en sursaut mais ne semble pas encore voir que je suis là. Visiblement il faisait un beau rêve, son mini lui est déjà levé.
Ça me fait penser que je ne sais même pas si ça fonctionne chez les vampires, je n'ai pas vraiment eu le cœur à vérifier.
Il pose ses mains sur son visage, j'aimerais savoir à quoi il pense. Est-ce qu'il était un peu soulagé de voir que j'étais parti ?
Il finit par enlever ses mains de son visage et se tourner vers moi. Il sursaute en me voyant et tente de cacher son érection, je me retiens de sourire.
Je m'excuse de l'avoir réveillé et lui avoir fait peur. Il n'a pas l'air d'être déçu de me voir. Je lui explique pourquoi je suis parti et ce que j'ai fait, visiblement ça ne le dérange pas.
 Il regarde son réveil, le pauvre n'a pas dû dormir longtemps mais il refuse de se rendormir et se lève en direction du salon.
Il se pose dans le canapé avec un coussin sur les cuisses, il est trop mignon quand il est gêné. Je fais mine de n'avoir rien vu et allume la lumière. Je le regarde et on se présente enfin. Toute cette agitation nous a fait oublier les bases.
Mon prénom lui provoque une drôle de réaction à propos d'un livre mais je ne cherche pas à en savoir plus, j'ai trop d'autres choses à lui dire. On discute un petit moment avant qu'il ne s'endorme sur le canapé. Il avait l'air épuisé.

~~~ A suivre...

Un cœur éteint peut toujours aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant