Andrew

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Je me réveille d'un bond, j'ai entendu sa voix, mais il n'est pas là. Quoi « prend soin de toi » ? Il ne m'a pas abandonné quand même ? Bien sûr que non idiot, il n'aurait pas fait ça. La nuit est bientôt terminée, où est ce qu'il a bien pu aller comme ça ?

Je sors de la voiture, j'ai l'impression d'avoir le double de mon âge. Je ne sais même pas par où chercher, je suis fatigué, je l'étais déjà tellement que je ne me suis même pas rendu compte que je dormais dans la voiture alors que le jour allait bientôt se lever...
Ça ne me dit rien de bon, je suis perdu, et ça m'énerve, je dirais même que ça m'angoisse.

- Merde Dorian, t'es où ?

Je viens d'entendre « Au parc » ou j'ai des hallucinations ? Il n'y a qu'un moyen de le savoir, il ne doit pas y avoir foule au parc à cette heure-ci, ça fout la trouille. Le promeneur de nuit, au mieux ça fait pervers, au pire c'est le début d'un film d'horreur.
Je marche vers le parc. J'essaye de me dépêcher mais je vois très mal, j'ai mal à la tête.
J'y suis enfin... il n'y a aucun éclairage, c'est flippant.

- Dorian ?!
- Devant toi Andrew !

Il est bien là, même si je ne le vois pas encore. J'avance prudemment pour éviter de me prendre les pieds dans je ne sais quoi et je le vois enfin. Des chaînes, encore. Je n'ai pas besoin de lui demander qui a fait ça, c'était trop facile pour être vrai.

- Putain mais pourquoi toi ?!
- Calme toi, tout va bien pour l'instant.
- Tu ne peux pas les casser ?
- J'ai essayé. Je ne sais pas ce que c'est mais ça me résiste.

Je cherche le cadenas, c'est quoi ce truc ? Il est énorme, je ne sais même pas comment on pourrait casser ça. Ça semble être plus facile de couper l'arbre...
Le seul avantage c'est qu'il peut tourner autour de l'arbre, si je peux appeler ça un avantage.

- C'est elle qui a la clé ?
- Je crois oui, je n'ai pas fait attention.
- Alors je vais la chercher, je ne vois pas comment faire d'autre.
- N'y retourne pas, c'est trop dangereux.
- Tu as une meilleure idée ?
- Non, mais...
- C'est bien ce que je pensais, j'y vais.

Il n'y a pas question qu'il crame comme un poulet par ma faute, je suis en rage, et j'ai peur. Mais je ne sortirai pas de cette boite sans la clé. Je n'ai plus qu'à prier qu'elle y soit encore, même si ça m'étonnerait qu'elle soit partie comme ça.
Je ne sais même pas combien de temps il me reste, je n'ai même plus de pieu, je n'ai que mon couteau, à peine assez pour faire des dégâts sur un humain.
Je rentre dans la boite, le videur n'est plus là, à cette heure-ci personne n'entre dans ce truc. La musique me semble encore plus forte que tout à l'heure, ma tête va exploser. Je cherche partout et finis par la trouver. Je l'attrape par le bras et l'entraîne vers ce bureau que j'espérais ne plus jamais voir, c'est le seul endroit où on peut s'entendre alors...

- Tu arrives encore à tenir debout ? J'étais sûre que tu dormirais jusqu'au matin.
- C'est raté, et je ne vais pas te laisser faire.

Un homme rentre dans la pièce et lui demande si ça va, elle lui demande de sortir. Elle se dit qu'elle n'a pas à s'en faire vu mon état, je ne ferais pas peur à un chat errant.

- C'est notre boulot de se débarrasser de ces monstres, tu as bien vu ce qu'il t'a fait faire ?
- Tu traînes ici dans un endroit infesté de ces trucs, et ils sont encore debout !
- C'est pour le boulot, je n'en ai rien à faire d'eux.
- Moi j'en ai quelque chose à faire de lui, donne moi cette clé, s'il te plait.
- Tu sais bien que je ne te la donnerai pas.
- Et toi tu sais que je ne partirai pas sans, je refuse de le perdre.
- Il n'est pas bon pour toi !
- Je m'en fiche putain, donne moi cette clé, je ferai tout ce que tu voudras.
- Tu ne me feras pas changer d'avis.

Je m'approche d'elle, le regard désespéré, elle ne bouge pas. Je ne suis qu'à quelques dizaines de centimètres d'elle.

- Je t'en prie Ruby, j'ai besoin de lui.
- Je ne te la donnerai pas, surtout pas pour lui.

Je baisse la tête, gardant mon air désespéré. Si elle ne veut pas me la donner je vais la prendre, et je n'ai qu'un seul moyen de le faire sans difficulté. Le plus rapidement possible je sors mon couteau et lui plante dans le ventre. Le choc lui a coupé le sifflet, elle me regarde et ça me fend le cœur, mais en ce moment je ne pense qu'à Dorian qui risque de finir en cendres si je ne bouge pas très vite. Elle s'écroule, le couteau me reste dans les mains et je m'agenouille à côté d'elle. J'en ai ras le bol d'avoir à me justifier, je ne laisserai personne me l'enlever, je ferai ce qu'il faut...

- Regarde ce que tu es devenu... à cause de lui...
- Il suffisait juste de me la donner Ruby... si seulement vous vous étiez mêlés de vos affaires...
- Il est si important pour toi ?
- Plus que n'importe qui d'autre. Je suis désolé.

Elle ne bouge pas, elle est comme paralysée. Je fouille dans ses poches et y trouve une clé, je suppose que c'est celle là. Je la prend et sors discrètement de la pièce, je ne dois pas regarder autour de moi et foncer, et surtout cacher ce satané couteau...
J'approche de la sortie, un homme vient vers moi mais une paire de bras l'attrape, c'est Linc. Il a déclenché une bagarre pour détourner l'attention, je suis bien content de ne pas l'avoir vexé ce soir.

Je sors. Il y a peu de chance qu'on me suive, le soleil est presque levé.
Je m'active et retrouve Dorian.

- Mon Dieu, tu vas bien ?!
- Tu peux m'appeler Andrew tu sais ?
- Très drôle...

Je me dépêche d'ouvrir le cadenas et le libère. Je lui prends la main et nous retrouvons la voiture. On n'a pas le temps de réfléchir.

- Tu vas devoir me faire confiance.
- C'est déjà le cas.

J'ouvre le coffre et le vide, jetant son contenu sur les sièges arrière. Je ne laisse qu'une couverture. Il comprend vite et entre dedans.

- Couvre toi au cas où, attention à la tête.

Je ferme le coffre, j'espère que ça suffira. Je soleil a déjà montré un petit bout de son nez. On a évité le drame mais je n'arrive pas encore à me calmer, j'ai les nerfs en pelote.
Je vais opter pour le parking souterrain le plus proche, pour l'instant. On y laissera la voiture.

J'ai roulé quelques minutes avant d'en trouver un, mais nous y sommes. Ici aucune lumière naturelle ne passe, ça fera l'affaire pour la journée.
Dorian a pu sortir du coffre et me rejoindre à l'avant. Quand je le vois je me dis que ça vaut le coup de morfler.

- Tu vas arrêter tes conneries et rattraper ta nuit, cette fois je veille vraiment sur toi.

Je suis complètement vidé alors je ne me fais pas prier. Je ferme les yeux en espérant le retrouver à la même place en me réveillant. 

~~
J'ouvre les yeux et me retrouve face à face avec l'intérieur de la portière. Je me suis endormi assis mais je vois que Dorian a allongé le siège, j'ai dormi comme un bébé. Je souris comme un idiot et me retourne. Je perds vite mon sourire, je regarde partout, il n'est pas là. 

~~~ A suivre...

Un cœur éteint peut toujours aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant