CHAPITRE 3 : LA MÉLODIE DU MALHEUR

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"Qui nous somme et qui nous devons être pour survivre sont deux choses bien différentes."

Bellamy Blake, The 100


ORPHÉE

      
       Assis du côté de la fenêtre dans un des compartiments du train me ramenant à Springdale, je regarde les images du paysage défilées à toutes vitesse sous mes yeux.

À vrai dire je songe à mon retour dans ce village dans lequel j'ai grandi, dans lequel je me suis marié, et dans lequel j'ai aussi perdu ma Lyanna, ma femme. J'ai appris qu'elle avait été une des nombreuses victimes d'un attentat à la bombe orquestré par des communistes   il y a un peu plus de un an et demi.
Je n'étais pas à ses côtés, je n'ose même pas retourner dans cette maison qui est pourtant la mienne. La nôtre.
Elle me manque depuis quatre longues années et le fait de ne pas la retrouver à mon retour est encore plus compliqué que mon départ.

Ce qui est triste c'est que je n'ai passé qu'une seule nuit dans ma maison puisque que le lendemain je partais pour la guerre dans les régions de France.

J'essaye de fermer les yeux pour tenter de dormir un peu, cependant quand je me sens partir des flashs de la guerre. des explosions. Des morts. apparaissent dans mon esprit.
J'ouvre les yeux, effrayé par ces visions d'horreur.
Dormir est maintenant une tâche que je n'arrive plus à réussir par peur de revivre cet enfer que j'ai vécu pendant quatre longues années.
Un enfer qui est le mien.

Je reprends mes esprits, essaye de le stimuler en lisant mon affectation en tant qu'inspecteur à Springdale.
Ce travail n'a pas toujours été celui que j'ai voulu faire, mais après les évènements de ces dernières années je me suis rendu compte que cela m'était maintenant une évidence de protéger les citoyens du danger.
D'après le peu d'informations que j'ai pû avoir pour l'instant, tout les hommes encore vivant qui habitaient dans mon village natal sont revenus. Et que dès mon arrivée je devrais aller voir Monsieur Arthur Saint-Roch, lui aussi inspecteur.

Un léger rictus apparaît sur mon visage. Je connais ce nom, Arthur et moi étions dans le même régiment d'infanterie, le 150e.
Nous nous entendions bien, et j'aimais bien ses histoires d'enfance qu'il me racontait ( pour s'en doute ne pas perdre la tête. ). Cependant nous avons été séparés en septembre dix-neuf cent seize pour être successivement placé en région calme avant de repartir sur les zones de combats.
Je ne l'ai plus vu depuis, j'en avais donc supposé qu'il était mort. Mais quand j'ai appris qu'il ne l'était pas j'étais vraiment enthousiaste de le revoir, trop de soldats qui étaient mes amis sont morts au front.

À travers la fenêtre, malgré la vitesse du train j'arrive à apercevoir le panneau de Springdale. Je me lève donc et saisie ma valise dans le rangement spécialisé à cet effet au-dessus de moi. En tournant la tête je peux maintenant voir le quai de la gare et sentir le train ralentir. Je saisi donc mon long manteau noir et le coince sous mon bras, en ces jours d'été je n'en ai pas vraiment l'utilité.

Je n'ai seulement le temps de déposer un pied à terre que des bras m'entoure et me serre à tel point que le souffle commence à me manquer. Les mains de ces mêmes bras viennent encadrées mon visage.
C'est là que le regard bleu azur identique au mien de ma mère me scrute pour essayer de voir... Je ne sais quoi.

- Tu es enfin de retour mon fils. Souffle t-elle en me reprenant dans ses bras. Une étreinte que je lui rends de bon cœur.

- Allons Calliopé, laisse moi dire bonjour à mon fils. J'entends la voix de mon père râler derrière elle.

Quand elle se détache de moi, je vois mon père et une vague de soulagement m'envahit. Je le prends également dans mes bras.

- Je ne savais pas si tu été encore rentré. Je lui dis rassuré.

TROP jeune : Le Fruit DéfenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant