CHAPITRE 8 : RENCARD

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"Dans ce siècle qui a pour loi d'achever la révolution française et de commencer la revolution humaine, l'égalité des sexes faisant partie de l'égalité des hommes, une grande femme était nécessaire"


Victor Hugo


ORPHÉE

        - Je veux des noms, des visages, des informations et par-dessus tout, je veux que ces communistes de mes deux soient sous les barreaux !

La tension se fait lourde dans la sombre salle de réunion. Le superintendant beugle dans la pièce de tous ses poumons depuis au moins une bonne demi-heure pendant que mes collègues et moi prenons des notes sur les ordres qu'il nous donne pour les prochains jours.

Il y a deux jours, une attaque à la bombe à eu lieu dans le quartier commercial de Springdale qui a fait treize morts, que des femmes et des enfants qui jouaient ou discutaient aux alentours. Ce qui est parfaitement révoltant, je comprends alors la colère et l'indignation du superintendant. Car je la ressens moi-même. Faire subir le deuil à des familles qui n'ont rien demandées et tous cela pour revendiquer une nouvelle politique nous venant de Russie ne sert pour moi qu'à répandre une violence gratuite. Comme si nous ne l'avions pas assez vécue pendant quatre années.
Et ce n'est pas aujourd'hui que je défendrai ceux qui ont aussi fait de ma femme une de leur victime.

- Bien, vous savez tous ce que vous avez à faire. Donc je veux que se soit fait et fait vite ! Hors de ma vue désormais !

Je range mes affaires rapidement et me dirige avec hâte à mon bureau afin de déposer mes documents et récupérer mon manteau car Vilanelle ne devrait pas tarder.

Oui, je l'ai invité une seconde fois, mais seulement elle et moi pour le déjeuner.

Au dîner d'il y a une semaine nous nous sommes très bien entendus.
Je l'ai trouvé élégante, belle, intelligente et en plus de cela intéressante ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Elle devrait arriver d'ici une quinzaine de minutes.

Soudain des coups sur la porte raisonnent dans la pièce :

- Entrez !

La porte s'ouvre sur un Arthur profondément exténué mais tout de même souriant, comme à son habitude. Il s'avachi littéralement sur une des chaises en face de mon bureau en laissant échapper un râle de fatigue.

- Il me gonfle celui-là.

- Cela peut se comprendre, la moitié de la population lui réclame des coupables qu'il n'a pas. Il y a de quoi être nerveux.

J'explique en repensant aux familles qui doivent être possédées par une tristesse incommensurable.

- N'en fais pas une affaire personnelle...

- Je sais faire mon travail.

Je le coupe fermement tout en serrant des dents pour ne pas faire paraître toute ma haine à l'égard de ceux que nous "chassons".

- Tu es mon ami Orphée et je ne veux pas que tu compromette ta carrière à cause d'un manque de discernement.

- Je te remercie de te soucier de moi Arthur mais pour la seconde et dernière fois, je te dis que tout va bien.

Je sens son regard sur moi et sais que cette situation le gène tout autant que moi. Arthur est mon ami cependant il a la fâcheuse tendance à se mêler de ce qui ne le regarde pas.

TROP jeune : Le Fruit DéfenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant