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Comme depuis plus de deux semaines, je me réveille chez ma mère. Elle a commencé à faire les démarches pour récupérer ma garde définitivement, mais les démarches sont quand même assez longue, et nous ne sommes convoquées au tribunal que le 17 Novembre, soit dans un mois pile.

Je me poste devant mon armoire, récupère un pull, un jean déchiré ainsi que ma paire de Converses, et pars à la douche. Je me prépare assez rapidement, et pars ensuite dans la cuisine faire mon petit-déjeuner.

Ma mère, se trouvant dans la cuisine, me dit bonjour en me faisant un câlin.

— Bien dormi ?

— Oui et toi ?

— Oui. Au fait, tu as prévu quelque chose pendant les vacances ?

— Si possible, faire une soirée pour mon anniversaire, autrement non. Pourquoi ?

Ma mère grimace, et je comprends d'office qu'elle a un nouveau déplacement.

— Je dois partir à Londres pour une dizaine de jours à compter de demain, grimace-t-elle. Soit tu viens avec moi, soit tu dois retourner chez ton père.

— Si je viens, je pourrais rentrer peu avant mon anniversaire histoire d'organiser la soirée, et la faire ici ?

— Du moment que le ménage soit fait quand on rentrera, alors oui.

— Nickel ! Merci maman ! Bon, je file, je vais être en retard. À ce soir, bon courage.

— Bonne journée ma puce !

Je récupère mon sac ainsi que mon téléphone et pars en direction de la station de métro la plus proche.

Pour une fois, j'ai hâte d'arriver au lycée. Déjà parce que depuis qu'Adam a refait le portrait à Jeremy, il s'est excusé d'avoir raconté des salades à mon sujet, et d'avoir aussi eu un geste déplacé envers moi. Il a disparu de nos sorties, ne fait plus partie de notre vie, il reste juste un camarade de classe. Elyo s'est un peu adouci, et a l'air de mieux tolérer ma présence qu'avant, voyant que je suis proche d'Assaf et de Mathieu, et que je ne suis pas prête de partir de leur groupe selon ces deux derniers.

D'ailleurs, en parlant de Mathieu.. C'est assez bizarre. On est proches, je veux dire.. Plus qu'on ne l'était avant. Depuis que j'ai pleuré devant lui, il est constamment sur mon dos, mais joue le gars distant lorsque l'on est avec ses amis. Il n'a aucune raison de l'être, puisqu'il ne se passe rien entre lui et moi, et que je ne lui ai pas demandé d'être aussi proche de moi.

Je me demande aussi de plus en plus s'il ne serait pas temps que j'ai enfin quelqu'un dans ma vie. J'ai bientôt dix-sept ans, je n'ai eu aucun copain, et aucune relation. Lorsque je vois que même les troisièmes se vantent de l'avoir fait, je me demande si c'est moi qui suis arriérée, ou eux qui grandissent trop vite.

Quoiqu'il en soit, une fois devant le lycée, je me dirige vers Mathieu, son éternelle cigarette au bec, et encercle son cou de mes bras. En ce moment, il est en avance, c'est une aubaine.

— J'en connais une qu'est contente de me voir, dis donc !

— Ouais, je vais pouvoir organiser ma soirée chez ma mère !

— Trop bien !

Il jette son mégot par terre, l'écrase, recrache sa dernière bouffée de fumée, et m'embrasse sur la joue. Sauf que ses lèvres glissent légèrement, et atterrissent près de ma bouche. Je fais mine de rien, et l'embrasse au même endroit. Puis je m'écarte de lui, passe mon bras sous le sien, et nous rentrons dans le lycée. 

**

Seize heures sonnent, nous sommes enfin en vacances.

— On s'capte cette semaine ? Faut qu'on organise ta ress !

Je grimace en posant mon sac sur mes épaules.

— Ma mère a un déplacement à Londres, toute la semaine. Soit je vais avec elle, soit je retourne chez mon père. Tu comprendras que j'ai pas trop envie d'aller chez mon géniteur..

— Pas d'soucis. Mais t'as vraiment envie d'aller pécho des rosbeefs ?

— J'ai pas dit que je comptais sortir avec un anglais, dis-je en fronçant les sourcils.

— Nan mais j'me comprends, tu veux vraiment y aller ?

— Oui et non.

— Bah viens chez oim, ma grand-mère voudra bien t'héberger, elle aimerait bien te rencontrer.

— Ah, tu lui as parlé de moi ?

— Vite fait ouais, dit-il en se massant la nuque.

Je ricane devant son air gêné, et passe mon bras sous le sien.

— Donne-moi le numéro de ta mamie.

— Pour quoi faire ?

— Je vais rentrer chez moi, et demander à ma mère si je peux venir chez toi au lieu d'aller à Londres avec elle. La connaissant, elle va dire qu'elle veut d'abord parler à tes parents ou à la personne qui s'occupe de toi, avant de dire si oui ou non elle accepte.

— Aaaah ouais j'vois ! Bah file ton bigo j'vais rentrer le num.

Je lui prête mon téléphone, et je le vois s'activer pour rentrer le numéro de son aînée. Puis il me rend mon GSM, et sourit.

— J'espère elle dira oui, ça va être ouf. Faut que j'te présente des gens en plus !

— Je pense qu'elle dira oui. Je te tiens au courant dès que j'ai sa réponse.

— Ok, bah à plus Nana !

Il me prend dans ses bras avant de déposer ses lèvres au même endroit que ce matin, et je pars vers la station de métro.

En rentrant chez moi, je parle à ma mère de la proposition de Mathieu.

— Étonnamment, je me doutais qu'il allait te proposer. Tu as le numéro de sa mère ?

— J'ai celui de sa mamie.

Je cherche dans mon répertoire, et dès que j'arrive à "mamie du bg PLK", j'appuie sur le téléphone vert, et laisse ma mère discuter avec la grand-mère du polonais, en allant dans ma chambre.

Quelques minutes plus tard, ma mère entre dans ma chambre, me tendant mon téléphone. Je lève ma tête vers elle et l'interroge du regard.

— Elle est très gentille, tu seras bien chez elle.

Je souris et lui saute dans les bras, heureuse de ne pas avoir à entendre parler de travail pendant une dizaine de jours.

IdioteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant