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Après avoir pris une douche et m'être changé, j'ai encore remercié Adam, qui a failli m'étrangler (apparemment je l'aurais trop remercié pour quelque chose de normal), et je suis partie, étant déjà un peu en retard. Arrivée à Foot Locker, je vois ma collègue, Laura, faire une tête de trois mètres de long.

Je m'approche d'elle en lui demande ce qu'il se passe. Elle me fait la bise, et me répond après.

— J'suis virée. Et Léo aussi. Et apparemment tu vas suivre.

— Ah bon ?

— Ouais. Et c'est même pas une question de trop de personnel ou je sais pas quoi, c'est qu'ils vont fermer ce Foot Lock' là dans quelques mois et qu'ils veulent renouveler le personnel.

— Merde..

— Ouais. Ca va aller toi ? Je sais que t'es étudiante, tu vas galérer à joindre les deux bouts non ?

— Non, ça devrait aller. J'ai un peu d'argent de côté, et avec les indemnités qu'on va toucher je devrais gérer pour quelques mois, voire un an.

— Quelles indemnités ?

— Bah, le patron m'a sorti que ça serait un licenciement à l'amiable. Qui dit à l'amiable dit indemnités.

Elle ricane.

— Y'a pas de licenciement à l'amiable, le boss te vire juste, t'as pas d'indemnités ou je sais pas quoi.

Je soupire. Là, c'est vraiment la merde. Je vais devoir trouver un autre boulot, clairement.

— Désolée de te dire ça comme ça, tente de me rassurer Laura. Mais je voulais pas que tu te fasses d'illusions.

— T'en fais pas Lau', ça va. Au fond je crois que je m'en doutais un peu. Je vais me faire virer et après on va prendre un café ?

— Ca me va. Je vais faire un tour en t'attendant.

Je lui souris et rentre dans la boutique, puis pars directement à l'arrière-boutique, où se trouve aussi le bureau du patron. Je frappe et rentre.

— Je t'attendais, Louna. Assieds-toi, je t'en prie.

— Pas la peine, il s'agit d'un simple licenciement après tout, non ? Je signe les papiers et je m'en vais.

— Non, il était conclu que ça serait à l'amiable.

— Entre ce qui est dit, conclu, et fait, il y a un écart. Si vous licenciez tout le monde, faites le de la même façon pour tout le monde, ne changez pas de façon en fonction des gens.

— Je ne comprends pas, dit-il en fronçant les sourcils.

— Laura et Léo virés sans arrangement ? D'autres vont suivre ? Et vous me dites à moi que ça sera à l'amiable ?

— J'avais prévu de te faire un licenciement à l'amiable puisque tu étais à mi-temps et que tu suis tes cours en parallèle. Les autres n'en ont pas besoin, ils ont accès au chômage ou pourront retrouver un travail assez vite.

Je soupire. C'est vraiment un merdier sans nom.

— Laura peine à joindre les deux bouts, et c'est pas avec la faible pension que lui verse son ex que ça l'aide. Léo a des soins à payer, je vous rappelle que sa mère n'en a plus pour longtemps et que c'est le seul qui peut les aider, la retraite de son père n'aidant pas et son frère ainé ne voulant rien faire, ajouté-je.

— Et donc ?

— C'est pas à moi d'avoir un arrangement, mais à eux. Je veux qu'ils puissent payer ce qu'ils ont à payer sans avoir à vendre un rein ou se saigner les veines. Certes je devrais accepter sans faire de vagues, mais je suis étudiante. Je peux toujours retrouver un job à temps partiel, et dès que j'ai fini mon master, soit dans peu de temps, je vais rentrer dans la vie active. Eux vont galérer à trouver un job qui assure leurs arrières.

— Tu me compliques la tâche, Louna.

— Je m'en fiche. Je veux m'assurer que vous leur donniez leur dû. Quant à moi, je démissionne.

— Donc tu préfères que ça soit tes anciens collègues qui puissent vivre décemment ?

— Je n'ai pas dit que je vivais mal. Je vis bien. J'ai un toit sur la tête, de quoi manger dans l'assiette, de quoi me laver et me vêtir. Je suis loin d'être à plaindre.

Il soupire et acquiesce, sachant que je ne lâcherai pas le morceau.

Une fois que ma démission est effective, je dépose mon badge sur son bureau, et m'en vais sans me retourner. A peine ai-je franchi les protes du magasin que Laura se précipite vers moi.

— T'as dit quoi au patron ?

— Rien, pourquoi ?

— Il veut qu'on revoit les termes de mon licenciement, apparemment il aurait fait une erreur ou je sais pas quoi.

Je souris doucement.

— Tant mieux pour toi.

— Ouais, mais je sais que t'y es pour quelque chose. Alors merci, Louna.

Elle me prend rapidement dans ses bras, et retourne dans le magasin. Quant à moi, je repère Léo, pas loin. Je vais le rejoindre.

— Alors, ça fait quoi de plus bosser ici ?

— C'est cool, mais je vais en chier pour tout payer, je le sais.

— Je serais toi, je dirais pas ça.

— Pourquoi ? Y'a pas eu d'arrangement, je touche pas d'indemnités.

— Tu vas en toucher. Il va revoir les termes de votre licenciement, à toi et Laura, et vous allez toucher des indemnités. Vous êtes ceux qui en ont le plus besoin.

— Wow, tu lui as dit quoi encore ?

— Je lui ai dit que je voulais absolument que vous puissiez couvrir vos arrières, tout simplement.

— Merci Louna, tu gères.

Je lui souris, et son téléphone se met à sonner. Il s'éloigne afin de répondre, et je décide de sortir le mien. Je constate que j'ai pas mal d'appels manqués (de Mathieu, Iris, Sally et Deen), et décide juste de leur envoyer un message.

A : Iris ; Sally ; Deen
Je vais bien, pas la peine de saturer ma messagerie d'appels. Vous mêlez pas de cette histoire-là, merci :)

Alors que je range mon téléphone et que je vois Léo se diriger vers l'entrée du magasin alors que Laura en sort, un raclement de gorge me fait tourner la tête, et tomber sur Mathieu.

— Tu te fous de moi ?

IdioteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant