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Le lendemain, au lycée, Emma m'accapare directement pour savoir ce qu'il en était.

— Bon.. Une fois arrivée au garage, Assaf s'est barré, me laissant seule avec Mathieu. Il n'avait pas l'air content de me voir, et m'a dit d'attendre qu'il finisse pour qu'il me ramène. J'ai dit que j'en avais marre d'attendre après lui depuis plus d'une semaine, que je n'avais pas à me sentir coupable de ce que j'avais vécu et, par conséquent, de lui avoir dit non. Après je lui ai dit que je ne l'attendrais plus jamais, et je suis partie.

— Tu l'as largué ?

— Attends j'ai pas fini. Du coup hier soir il est venu en bas de mon immeuble. Il m'a appelé cinq ou six fois avant de m'envoyer un message pour me dire qu'il était en bas. J'y suis allée parce que mon frère m'a forcé, et on a parlé. Il m'a dit ce qu'il avait à me dire, tout comme moi j'ai vidé mon sac. Et il m'a dit qu'il préférait me voir heureuse avec lui plutôt qu'avec un autre, parce qu'il supporterait pas de me voir avec quelqu'un d'autre. J'ai pleuré et il m'a pris dans ses bras.

— Et du coup ?

— Bah on est ensemble.

— Compliquée, votre histoire.

— Pas plus que toi et Jeremy hein. D'ailleurs, vous en êtes où ?

— Nul part. C'est un connard pervers, ça m'intéresse pas. J'ai lâché l'affaire.

— Je t'avais prévenu.

Nous nous installons en cours, Emma ayant changé de place dans tous les cours pour se mettre à côté de moi.

En plein milieu du cours d'économie, deux filles en face de nous commencent à se retourner et nous parler. Enfin, à ME parler.

— C'est toi la meuf de Pruski ?

— Euh.. Oui, et ?

— Sérieux ? J'pensais qu'il sortait avec une meuf plus jolie.

— Il me trouve belle comme je suis. Ce qui est un plus d'ailleurs, parce que j'ai clairement pas envie de passer plus d'une heure à me tartiner la face de fond de teint pour cacher mes boutons. En fait, je crois que j'ai pas envie de te ressembler, donc ça m'arrange qu'il me trouve belle sans maquillage, parce que toi.. le cas est pire, dis-je en lui faisant un clin d'oeil.

Outrée, elle se retourne vers le tableau, et j'entends les deux garçons derrière Emma et nous rire, tout comme ma voisine de classe.

— Oh ça m'aurait pas plu ! scande mon amie.

Je sens une main tapoter mon épaule, je me tourne donc vers les garçons derrière moi.

— Louna, c'est ça ?

— Oui ?

— T'as eu raison de l'allumer, elle fait trop sa belle. Moi c'est Théo, et lui c'est Yanis.

Je leur souris juste, et me retourne à nouveau.

— Eh, lâche-toi un peu plus lorsque quelqu'un te cherche. Au moins, ils sauront qu'ils ont pas à t'emmerder.

— T'inquiètes pas pour ça, je souris doucement.

À la fin des cours, en sortant du lycée, je constate que Mathieu m'attend, adossé à son scooter. Je me dirige vers lui, mais une fille me stoppe. Elle est avec trois personnes, dont deux gars. Je la regarde, attendant qu'elle me dise ce qu'elle me veut. Je vois Mathieu s'approcher doucement, mais je lui fais signe que je gère.

— Je peux savoir pourquoi t'as essayé de clasher Sarah tout à l'heure ? Elle t'a rien fait.

— Ah non c'est sûr, dire que je suis moche de façon implicite c'est rien. Mais quand c'est une des autrices de plusieurs des rumeurs qui circulaient sur mon dos l'an dernier, et encore cette année d'ailleurs, c'est justifiée.

— Tu mérites ce qui circule sur ta gueule, tu sers à rien, crache-t-elle.

— Chérie, viens me parler quand tu m'arriveras à la cheville, tu pourras refaire mes lacets comme ça.

Un des gars se retient de rire, tandis que l'autre me fusille du regard.

— Fais pas trop la maligne, tu sais pas à qui tu as affaire.

— Hm, si, je crois savoir. À des personnes qui ne savent pas venir m'affronter seul à seule, parce qu'ils ont peur. Je fais face à des personne stupides, qui se pensent supérieurs parce qu'ils sont populaires sur les réseaux sociaux et dans le lycée. J'ai affaire à deux sportifs qui, à mon avis, galèrent à suivre les cours, et à deux filles qui sont outrées dès qu'un garçon ne les regarde pas, se croyant irrésistibles.

— Nous le sommes. Pruski est avec toi juste parce que tu paraissais inaccessible.

— Non, du tout. En fait, vous êtes jalouses parce que je sors avec Mathieu, et qu'aucune de vous ne l'a eu. C'est puéril. C'est pas que, mais mon copain m'attend. Vous reviendrez me parler quand vous aurez autre chose à me dire que des insultes et des menaces, bisous !

J'entends Mathieu s'esclaffer alors que je le rejoins deux mètres plus loin. Le petit groupe se tourne vers nous, et j'embrasse mon copain une fois qu'il a fini de rire.

— Allez Nana, on y va. D'où tu sais clasher comme ça toi ?

— Mon frère biologique rage beaucoup, quand il joue aux jeux vidéos. J'ai pris le pli de l'écouter se plaindre, et j'ai retenu pas mal de choses. Puis, je n'énonce que des faits.

Il me tend un casque que je mets, et je monte sur son scooter juste après lui. Il démarre ensuite, prenant la direction du seizième arrondissement. Adam veut le voir, pour lui parler de son écart de la dernière fois, et j'ai envie de passer la soirée avec lui, les parents n'étant pas là. Cela nous permettra de parler de mon agression, pour qu'il comprenne mieux mes réticences.

On pourra parler de nous aussi, et s'embrasser. Moins fiévreusement que la dernière fois, mais ça sera déjà bien.

Dans mes pensées, il m'arrive de resserrer mon étreinte autour de sa taille lorsque je pense à lui, ou à feue ma meilleure amie.

IdioteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant