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— Tu rends folle à dire de la merde comme ça.

— C'est toi qui a commencé, en disant que tu trouvais l'actrice canon ! Du coup t'as aucune raison de faire le mec jaloux sachant que, techniquement, j'aurai pu faire une crise de jalousie dès que t'as dit que tu trouvais Nathalie Portman canon. C'est mon opposé physique, et certainement mental. Elle est grande, belle, elle a des formes. Moi, je suis petite, moche, et je ressemble à une planche à pain.

Mathieu ferme rapidement mon ordinateur et le pose sur le sol, avant de me regarder droit dans les yeux.

— D'où tu es cheum ? D'où ? T'es la plus belles des meufs que j'ai pu connaitre.

— C'est faux. J'ai de l'acné, j'ai pas de formes, j'ai la mâchoire un peu carrée comme les gars et je m'habille pas aussi bien et aussi fémininement que les autres. Mes côtes se voient, mes bras sont trop fins et mes cuisses aussi. Je suis pas belle.

— Sérieux, si c'est pour dire de la merde, ferme ta gueule.

Je vais pour dire quelque chose, mécontente, mais il m'en empêche. Il se positionne au dessus de moi, et tient mes poignets au dessus de ma tête avec une de ses mains. Je me sens mal à l'aise, mais ne dis rien. Vu son regard qui vient de s'assombrir, non pas de désir mais de colère, il vaut mieux que je ne dise rien. Je n'ai pas envie de connaître Mathieu avec son énervement à son paroxysme.

— T'es la plus belle meuf que je connaisse. T'es naturelle, tu cherches pas à te faire remarquer par les gars. Les autres c'est des putes, elles s'habillent avec des sapes archi courtes et ça fait fille facile. Tema au lycée, y'en a pas une qui n'a pas eu des sales rumeurs sur elle. Y'a jamais rien qui a circulé sur ton dos comme rumeurs de ce style, ou alors je les ai pas entendu et vaut mieux pas d'ailleurs. Ton acné se voit pas, tu racontes de la merde. La forme de ton visage est magnifique, ça te donne un air de gamine, j'trouve ça canon. T'as des formes, et elles sont magnifiques. T'as un petit boule de dingue, quand tu marches devant moi j'peux pas regarder autre chose que ça. Tes jambes sont archi longues et fines, ça donne un air de femme fatale, sans déconner. T'as la taille marquée et les hanches larges, c'est le rêve de n'importe quel gars. Pour tes côtes qui s'voient, on s'en bat les couilles. Ça fait mannequin, et putain arrêtes de de trouver des défauts parce que ça me rend dingue.

— Mais.. Je me trouve..

Je n'ai pas le temps de finir que ses lèvres prennent place sur les miennes pour la énième fois de la soirée, et que sa main serrent un peu plus mes poignets. Son assaut sur mes lèvres n'est pas aussi doux que précédemment, il est plutôt brutal. Sa langue se fraie un passage au travers de mes lèvres, et vient caresser la mienne.

Je sens une douce douleur dans le bas de mon ventre, ma chaleur corporelle augmente, et ma tête tourne légèrement. La bouche de Mathieu quitte la mienne pour se poser doucement sur ma mâchoire, puis dans mon cou, et derrière mon oreille. Je soupire d'aise, et la main libre de Mathieu vient se poser sur ma taille. Je gigote un peu, la chaleur dans mon bas-ventre augmentant peu à peu, et n'étant pas habituée. Son emprise sur ma taille se fait un peu plus forte, et je lâche un gémissement malgré moi alors que ses lèvres se posent à nouveau dans mon cou.

Sa main, précédemment posée sur ma taille, glisse doucement dans mon dos, et descend jusque sur mes fesses, qu'il presse doucement alors que ses lèvres rejoignent à nouveau les miennes. Étant la "première" expérience en la matière que j'ai de façon volontaire, je ne sais où donner de la tête. Je réponds machinalement à son baiser, les yeux fermés, essayant de ne pas me laisser surpasser par les différentes sensations que je peux ressentir.

Sa main qui, jusque là, tenait mes poignets, les lâchent, et se retrouve sur ma cuisse, me forçant à relever la jambe. Mes mains, enfin libres de bouger, prennent place sur ses épaules, puis dans son dos. Je ne sais pas ce qui est en train de se passer, ni ce qu'il risque de se passer. Ce qui est sûr, c'est que j'aime ça. J'aime le fait de partager ce moment avec Mathieu, qui est la personne en qui j'ai le plus confiance après ma mère et Adam. J'aime tout ce que me fait ressentir Mathieu.

Mes mains glissent sous son t-shirt, et remontent jusque dans sa nuque, que je presse délicatement. Il se redresse et fait passer son t-shirt au dessus de sa tête. Ce dernier s'écrase par terre, et le torse de Mathieu vient pratiquement se coller au mien. Sa main passe en dessous de mon t-shirt, pour se retrouver sur ma taille de façon directe. Mes paumes plaquées sur ses omoplates, je le regarde dans les yeux, sa bouche contre la mienne.

C'est lorsque sa main se trouvant sur ma taille commence à remonter un peu trop que je prends conscience de ce qui est en train d'arriver, et je le repousse doucement, les larmes commençant à me monter aux yeux.

— Math.. Non..

Il se redresse, paraissant assez étonné que je refuse d'aller plus loin. C'est lorsqu'il voit mes yeux larmoyants qu'il comprend qu'il se passe quelque chose.

— Eh.. Shh, viens-là.

Il m'attire contre lui, et s'assied, me serrant contre lui. Je laisse mes larmes couler, submergée par trop d'émotions contradictoires, et je sens sa main dans mes cheveux. Mathieu presse mon visage contre son cou, et enroule son bras autour de moi.

— Shhh, c'est fini. Il va rien se passer.

— Désolée.. Je.. C'est.. Merde..

Il me berce doucement, le temps que je me calme. Une fois calmée, et que les larmes ne coulent plus, je reste contre lui encore un peu, à humer son odeur.

Lorsque je m'éloigne de lui, il pose ses mains sur mes joues, et me regarde droit dans les yeux. Je vais pour lui expliquer pourquoi j'ai fait cette crise, mais il m'en empêche, prenant la parole en premier.

— Pas la peine de m'expliquer, Nana. T'as tes raisons, et j'peux pas aller contre. On s'est laissés aller, et c'était cool. Je t'ai dit que t'étais belle, je te l'ai montré, et oui on aurait pu aller plus loin si tu le voulais. Mais c'est beaucoup trop tôt, et t'aurais certainement fini par regretter de l'avoir fait si tôt. Dans un sens, ta crise était un peu la bienvenue. Quoiqu'il en soit, j'veux pas que tu te justifies. J'veux juste que tu ailles bien, et si tu veux que je m'en ailles, alors je m'en irai.

IdioteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant