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Plus tard dans la soirée, alors que j'ai fini de faire la vaisselle, je m'attends à ce que Mathieu s'en aille, comme tout à l'heure. Mais il reste assis sur mon canapé, en face de la télé.

— Dis-moi que t'as encore Netflix.

— T'as le bouton sur la télécommande, mon compte est directement lié. Débrouilles-toi, t'es assez grand.

Alors que je le laisse allumer Netflix, je pars me mettre en pyjama. Comme à mon habitude, il s'agit d'un t-shirt vraiment ample à l'effigie d'un groupe, et d'un short de sport en dessous. J'attache mes cheveux en un chignon brouillon, récupère un plaid, et retourne dans le salon.

— J'savais pas c'que tu voulais regarder alors j't'ai attendu.

— Tu peux mettre ce que tu veux, c'est même pas garanti que je finisse de regarder un film en entier, de toute manière.

Il hoche la tête et met un film au hasard, puis je m'installe confortablement dans le canapé. Mes jambes repliées sur le côté, je me mets sous le plaid, emmitouflée jusqu'au cou.

Le film suivant son cours, je sens mes paupières s'alourdir un peu. Je pose ma tête sur l'épaule de Mathieu, qui ne dit rien. Au contraire, il en vient à poser sa main sur ma cuisse, et dessiner de légers cercles du bout de son pouce, me causant quelques frissons. Il doit le sentir, puisqu'il me regarde du coin de l'oeil.

— T'as froid ?

— Non.. Ça va.

— T'es sûre ? On dirait que t'as froid pourtant. Viens là.

Il passe son bras au dessus de mes épaules, et je le blottis contre lui. Je fais passer une partie du plaid sur lui, et nous restons dans cette position jusqu'à la fin du film. Sa main n'ayant plus accès à ma cuisse s'est posée sur mon avant-bras, faisant des allers-retours du bout des doigts. Les frissons n'ont donc pas cessés.

À la fin du film, il tourne la tête vers moi. Ses yeux passent de mon regard à mes lèvres, et inversement.

— J'vais y aller, j'dois rentrer sur Clamart.

— Reste dormir ici, proposé-je. Tu vas pas rentrer alors qu'il est un peu tard, et que t'es fatigué, c'est pas prudent.

— J'veux pas déranger.

— Déranger qui, même ? Je vis seule, et je suis clouée ici jusqu'à la fin de la semaine. C'est certainement pas moi que tu vas déranger.

Le blond à mes côtés remet une mèche s'étant échappée de mon chignon derrière mon oreille, et continue toujours de regarder soit mes yeux, soit mes lèvres. La tension s'est alourdie, c'est flagrant. Je baisse la tête, et me mordille légèrement la lèvre.

— Putain, grogne-t-il.

À peine ce mot ayant passé la barrière de ses lèvres qu'il relève mon visage du bout des doigts et part à l'assaut de ma bouche. Sa langue rejoint la mienne, et ce n'est pas moi qui l'en empêche.

Il y a quelque chose de pur dans cet échange, comme si c'était la première fois. Néanmoins, c'est une tension sexuelle qui règne dans l'appartement. L'atmosphère est pleine de désir, d'amour, de pureté, étonnamment.

Un de ses mains posée sur ma nuque, l'autre se fraie un chemin jusqu'à atteindre mon short, dans lequel il se glisse. Avant d'aller plus loin, il se sépare de mes lèvres et m'interroge du regard. Et je ne peux résister. C'est Mathieu, en même temps.

— Vas-y doucement, j'veux pas avoir de complications.

Il sourit, victorieux, et se relève rapidement. Il me porte, faisant attention à ne pas me faire mal, et prend le chemin de ma chambre. Il me pose sur le lit en fermant la porte derrière nous, et sa bouche retourne à la rencontre de la mienne tandis qu'il m'enlève mon short et mon dessous par la même occasion. Mes mains trouvent son torse et le carresse lentement, le redécouvrant. Il avait déjà une certaine carrure il y a deux ans, mais il est devenu plus musclé. Ses pectoraux sont très apparents et bien dessinés, et ses abdos, bien qu'assez grossiers, sont présents eux aussi.

Mes mains se glissent dans son dos, voulant enlever son t-shirt, mais je plante mes ongles dans son dos, la froideur de ses doigts se retrouvant sur ma zone sensible.

Je me sépare de ses lèvres, et un sourire mutin vient étirer ses lèvres.

— Enfoiré, grogné-je.

— Ouais, mais t'aimes ça.

Je ne relève pas et enlève son haut tant bien que mal, ses doigts s'agitant en bas. Il s'arrête juste le temps d'envoyer valser ton t-shirt, et reprends son activité. Son regard braqué dans le mien, je m'attendais à ce que ses lèvres rejoignent à nouveau les miennes, mais il n'en est rien. Non, il arrête tout mouvement, et se redresse. J'enlève alors mon t-shirt, révélant ma poitrine nue. Son regard se bloque un instant dessus, mais il se reprend et enlève son jean et son boxer, sortant par la même occasion une capote de sa poche arrière.

— T'avais prévu le coup, en fait ?

— Nan, j'en ai toujours une sur moi. T'sais, au cas où Emma m'appelle, dit-il avec un clin d'oeil.

— C'est chez elle que tu vas aller te vider si tu continues.

— Réagis pas comme ça bébé, j'voulais juste t'emmerder, c'est tout.

Je ne relève ni sa tentative de rattrapage ni le surnom qu'il m'a attribué, et prends son pénis en main, commençant de lents vas et viens. Il paraît surpris, et je le regarde, un léger sourire aux lèvres.

— T'es pas le seul à avoir couché avec quelqu'un, en deux ans.

Son regard s'assombrit, comprenant forcément que c'est avec Jehkyl que j'ai expérimenté ceci.

— Montre-moi ce qu'il t'a appris.

— Non. C'est pas parce que la Emma te fait tout ce que tu veux que je vais le faire. Je suis ni ton pantin ni ta poupée, Mathieu.

Il grogne et serre la mâchoire. Je relâche alors mon emprise sur son membre, et il enfile le bout de plastique avant de me faire me rallonger, me suivant dans le mouvement. Il se positionne correctement, puis finit par me pénétrer. Il ne bouge pas pendant un petit temps, puis, lentement, commence à bouger.

— Tu sais qu'avec elle c'est que pour le cul, hein ?

— Et avec moi c'est pour quoi alors ? Réchauffer le lit ?

Il ricane légèrement, et ose un coup de rein un poil plus brutal que les autres, me faisant gémir, à la fois de douleur et de plaisir. Mes mains prennent place sur ses épaules, et mes talons viennent se verrouiller dans le bas de son dos.

— Avec toi, ça a toujours été autre chose. Et tu le sais.

Je ne dis rien d'autre, profitant juste du moment. Nos gémissements et halètement viennent briser le silence de la pièce. Mathieu se penche vers moi, sa chaîne venant me chatouiller les clavicules. Sa bouche rejoint la mienne, et nous atteignons à l'unisson le septième ciel.

Quelques instants plus tard, il se retire, enlève le préservatif qu'il noue et jette dans la poubelle, et viens s'allonger à mes côtés. Son bras vient se caler derrière ma tête, et il pose les draps sur nous.

— C'était cool, l'expérience te va bien.

— C'est extrêmement nul comme phrase, avoué-je.

— Je sais, ricane-t-il. Mais t'as osé des trucs, c'est cool. À voir si tu continueras.

— Tu l'as aussi dit à Emma, ça ?

— T'es conne ou quoi ? Pourquoi j'te dirais quelque chose que j'ai dit à l'autre ?

— J'en sais rien. Quoiqu'il en soit, si jamais, on remet ça, c'est pas en tant que couple, Mathieu. Pas maintenant, en tout cas.

— Alors on est quoi, au juste ? Plan cul ?

Je réfléchis quelques instants.

— Plutôt amis, s'envoyant en l'air de temps à autre. Pas réellement un plan cul, ni sexfriend, et pas non plus un couple. Ça me paraît raisonnable.

— Ça m'va. T'as pas trop douillé avec tes côtes ?

— Si un peu.

N'ajoutant rien d'autre, Mathieu comprend que j'aimerai dormir, bien que je n'ai fait pratiquement que ça de la journée.

— Bonne nuit Lou.

— Bonne nuit Math.

IdioteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant