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C'est le sourire aux lèvres que je pose les pieds à Paris.

J'ai passé la semaine à alterner entre sorties au marché avec la grand-mère de Ken, préparation de plats typiquement grecs, sorties à la plage, et rédaction de ma thèse.

Cette semaine loin de Paris et de tout ce à quoi je peux penser m'a fait un bien fou.

Après avoir récupéré ma valise, je me dirige vers la sortie de l'aéroport, où est censé m'attendre Moh. Il s'est porté volontaire pour venir me chercher, voulant me parler de quelque chose.

Je vois sa voiture un peu plus loin. Je my dirige donc, pose ma valise dans le coffre, et monte à l'avant.

— Coucou mon Moh !

— Salut Louna, wesh t'es pratiquement aussi bronzée que moi !

J'éclate de rire, et lui fais un léger câlin.

— C'était cool la Grèce ?

— C'était génial ! Yaya est adorable, elle m'a appris plein de recette grecques. Et le paysage est magnifique, j'ai fait pas mal de photos. Et toi ?

— Bof, la routine quoi.

Je souris, et il s'engage sur la route.

— Tu voulais me parler de quoi au fait ?

Je vois qu'il blêmit un peu.

— Ça peut attendre un peu. Tu veux aller faire un tour ou rentrer direct ?

— Il faut que je fasse deux ou trois courses avant, ça te dérange ?

— Pas du tout.

C'est ainsi qu'on se dirige vers le supermarché le plus près, avant de rentrer dans le quinzième.

Avec Moh, c'est pratiquement impossible de faire les courses calmement. Cette fois ne fait pas exception. Il s'amuse à faire des jeux de mots avec des noms de marques ou de nourriture, juge certains prix trop chers, et n'hésite pas à critiquer certaines personnes, ce qui a le don de me faire sourire, et parfois rire.

Une fois rentrés, je lui propose un café, qu'il accepte volontiers. Une fois nos deux tasses prêtes, je le rejoins dans mon canapé, et l'ambiance s'alourdit un peu.

Je vois qu'il veut me dire quelque chose, mais qu'il se retient.

— Ça va pas ?

— Hein ? Oh euh si, t'inquiètes Louna.

— Tu sais que tu peux tout me dire ?

— Vraiment tout ?

— Oui.

Il soupire, et pose sa tasse sur la table basse.

— Tu sais que cette semaine t'étais pas ici ?

— Oui, je suis au courant.

— Tu sais que, du coup, Jehk était tout seul ?

— Mais encore ?

— Il se peut qu'il ait galoché une go en boîte, que Deen ait pété un plomb et que j'ai failli lui casser la gueule.

— Pardon ?

— Ouais, grimace-t-il. Deen l'a obligé à te le dire en premier, mais j'étais pas sûre qu'il allait le faire. alors j'ai pris les devants. Tu m'en veux pas hein ?

— Pourquoi je t'en voudrais ?

Je pose ma tasse à mon tour, et m'étire.

— Tu sais, j'ai parlé avec Ken de tout ça. De ma relation avec Maxime, du fait que j'ai revu Mathieu deux jours de suite, et du fait que je l'aime encore.

— Tu me l'avais pas dit wesh !

— Tu vas tout savoir. Quoiqu'il en soit, il m'a dit qu'il fallait que je choisisse entre Jehk et Mathieu. J'aime les deux, mais je ne peux pas rester avec Jehk tout en aimant Mathieu. Je risque de le faire souffrir et ce n'est pas ce que je veux. J'avais fait mon choix, et avec ce que tu m'as dit, il semble évident.

— Tu vas tej Jehk ?

— Je vais lui parler, en lui expliquant mon choix, surtout. Mais je ferais en sorte qu'il n'y ait aucune tension, ne t'en fais pas.

Il acquiesce, et me demande alors de lui expliquer comment se fait-il que j'ai vu à deux reprises Mathieu, alors que je ne l'ai pas vu pendant deux ans. Je lui raconte alors mon entrevue avec Ormaz, son invitation, la réaction de Lesram et Mathieu, la discussion avec ce dernier dans ma voiture, et leur visite sur mon lieu de travail.

Nous parlons encore longtemps de tout et de rien, il me fait écouter un extrait d'un de ses morceaux qu'il a travaillé, et je lui donne mon avis. Puis il part sur le coup de dix-huit heures, peu avant que Maxime n'arrive.

— Oh, salut bébé, c'est aujourd'hui que tu rentrais ?

— Viens t'asseoir, sil te plait, il faut qu'on parle.

Il vient s'asseoir sur le canapé, un peu anxieux.

— Je ne vais pas y aller par quatre chemins : Moh m'a expliqué que t'avais embrassé une autre fille. Pour autant, je ne t'en veux pas. Mais je préfère qu'on en arrête là, toi et moi.

— Attends, j'comprends pas là. Tu veux rompre ?

— Laisse-moi t'expliquer. J'ai revu Mathieu récemment, et.. Je l'aime toujours. Je crois que.. Je crois que je n'ai jamais cessé de l'aimer, en fait. Pour autant, je t'aime aussi. Mais je ne peux pas rester avec toi tout en aimant une autre personne, c'est irrespectueux, et je tiens trop à toi pour te blesser d'une quelconque façon. Je n'ai pas dit que j'allais me jeter à nouveau dans ses bras, mais.. Ce que je ressentais pour lui, c'est toujours présent. Et je n'ai pas envie que tu en pâtisses, et que tu penses que tu as juste été un pansement pour moi. Je t'aime, j'ai des sentiments pour toi, mais ceux que je ressens pour Mathieu sont plus fort.

Il me regarde tristement, et hoche la tête.

— Ok, c'est cool, au moins t'es honnête. Je me doutais que tu l'aimais encore, j'suis con mais pas à ce point-là. Mais au moins ce que je ressens à ton égard, ç'a été réciproque pendant un temps. J'ai pas douté de ta sincérité, et j'préfère que tu me le dises plutôt que je l'apprenne de quelqu'un d'autre. On reste amis quand même, hein ?

— Bien sûr, je ne veux pas te perdre, Maxime.

— Moi non plus j'veux pas te perdre. Je m'occupe de l'annoncer aux gars, je dirai qu'on s'est séparés d'un commun accord parce que j'ai fait une connerie et que toi t'as toujours ce truc pour le polak.

Il se lève, ce que je finis par faire aussi, et je l'étreins rapidement.

— J'vais aller passer la soirée chez mon reuf, je viendrais récupérer mes fringues demain. Tu seras là ?

— Normalement oui. Sinon, t'as le double des clés. Tu les mettras dans la boîte aux lettres, si jamais je ne suis pas là.

— Ok, pas de soucis. Passes une bonne soirée.

— Toi aussi.

Alors qu'il va pour sortir de l'appartement, il se tourne vers moi.

— Simple question, parce que j'suis curieux : Mathieu, tu l'aimes sincèrement ?

— Je crois que je n'ai jamais cessé d'avoir des sentiments pour lui. C'était lui, et ça sera lui jusqu'à la fin, je pense.

Il hoche la tête et me sourit une dernière fois, puis sort de mon appartement.

Une bonne chose de faite, je suppose ?

IdioteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant