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Je tourne la tête vers Mathieu qui, mon téléphone toujours en main, me regarde méchamment.

— Quoi ?

— Tranquille mec, c'était qu'une taffe, explique Elyo.

— J'm'en bats les couilles.

— T'as rien à me dire, Mathieu. Tu fumes à longueur de journée, et pour autant je ne te dis rien.

— Ouais, c'est ça. Et sinon, tu comptes dire quand à Sneazz que t'es pas intéressée ?

Je fronce les sourcils, ne sachant pas de quoi il parle.

— Et en plus tu fais genre tu sais pas. Il te fait j'sais pas combien d'allusions sur le fait que tu lui plaises et qu'il te baiserait bien, et toi tu dis rien.

Je souffle, exaspérée. Cette soirée s'annonce plutôt catastrophique, et je pense rentrer chez moi plus tôt que prévu.

— Écoute, t'es bien gentil et j'ai beau t'aimer, tu me les brise. Moh, Ken, Deen, Maxime, tous autant qu'ils sont, ce sont juste des amis. J'en ai rien à foutre de leurs allusions parce que je le dis et je le répète, il n'y a que toi dans ma vie. Toutes les filles que je connais sont hypocrites et ne m'aiment pas, je vais pas aller leur lécher les bottes pour être intégrée. Alors forcément je préfère parler à des gars, même s'ils sont plus vieux que moi. Je m'en fiche de comment ils me voient, moi je les vois comme des amis, et c'est ce qui importe.

— Louna ! crie une voix.

Je me tourne vers les gars, mais ce n'est aucun d'entre eux. Ce qui est logique, puisque la voix paraissait venir de plus loin. Je fronce les sourcils, et aperçoit une silhouette se rapprocher. Elle continuer à crier mon nom, comme si sa vie en dépendait. Lorsque la personne n'est pas loin et que j'arrive à distinguer son visage grâce aux lampadaires, je me fige. Je n'avais pas fini de parler à Mathieu, mais je ne peux pas continuer. Mon sang se glace, mon cerveau se met sur pause, et mes membres sont paralysés.

— Putain.., gronde Assaf.

Je tourne la tête vers lui doucement, et me colle à lui.

— Profites pas de la situation ASF, grogne Mathieu.

— Ta gueule polak.

— Louna Deslys ! Ça fait un bail ! J'suis content de te revoir.

La personne se tient en face de nous, et je dois me contenir pour ne pas pleurer. Il a ruiné ma vie, et il se présente devant moi comme si de rien n'était, comme s'il était heureux de me revoir. Je serre la mâchoire, et le toise.

— Damien. Plaisir non partagé.

— C'est qui ce zgeg ? demande Ormaz de façon peu discrète.

Même si l'ambiance n'est pas à la rigolade, j'esquisse un sourire. Je me tourne, lui faisant signe de rester sérieux. Lui et Elyo ne semblent pas vouloir se taire, et Mathieu m'adresse un regard noir.

— Tu ne me présentes pas à tes amis ?

— Pourquoi devrais-je le faire ? Tu n'es rien à mes yeux.

— Fut un temps je l'étais.

— Non, tu te trompes. Tu as fait partie de ma vie, c'est un fait. Néanmoins, tu n'as jamais rien représenté de concret.

Il sourit, et met ses mains dans ses poches, ce qui a le don de m'agacer. Je dégage le bras d'Assaf de mes épaules, lui faisant comprendre que j'essaie du mieux que je peux.

— À ce que j'ai pu comprendre il y a un petit temps de ça, tu avais eu un coup de coeur pour moi, non ?

— Détrompes-toi, ce n'était que physique. Au delà, je me suis rendue compte que tu ne me correspondait pas. Trop prétentieux, trop pervers, trop.. Trop tout en fait.

— Balivernes !

Il se fiche de moi. Et ouvertement, qui plus est.

— Wah bonne tête de shlag qu'il a, genre tu l'as fréquenté ? demande Elyo.

— On a vaguement fricoté ensemble, en effet, explique Damien.

— Arrêtes de mentir et d'arranger la situation à ton avantage, s'il te plaît.

— Mais on a pourtant été très proches, ne te souviens-tu donc pas ?

— Frère parle français s'te plait, on pige pas nous.

Je me tourne vers mes amis et Mathieu, et inspire.

— Ce que Damien essaie de vous dire, c'est qu'il est le frère de Flavie. Flavie, a meilleure amie décédée par sa faute et celle de ses parents. Damien, ici présent, a profité d'un jour où Flavie était malade pour m'inviter dans leur piscine et me violet sans scrupules. Selon lui, coucher avec quelqu'un sans avoir son accord, c'est fricoter avec elle. Bonne mentalité, connard.

— Je te demande pardon ?

Je me tourne à nouveau vers mon violeur, et lui décolle une gifle qui retentit. Sa tête se tourne sous le coup de l'impact, et ma main me brûle. J'avoue ne pas y avoir été de main morte, mais cela me démangeait.

— Ta mère est une pute, ton père un connard, et toi tu es la parfaite combinaison des deux: un bâtard. Tu as poussé Flavie au suicide, tout comme tes parents qui mériteraient de crever comme des chiens. E toi, tu mérites de finir tes jours en taule.

— T'es une belle salope, Louna. Tu caches bien ton jeu. Je t'ai violé, tu dis ? Mais chérie, t'étais consentante, dis pas le contraire ! Tes tenues provoquantes, tes maillots de bains qui mettaient ton cul en valeur, tes regards qui voulaient tout dire ! Tu m'as fait des putains d'appels de phares auxquels j'ai répondu, c'est tout. Et je suis sûre que je t'ai bien décoincé niveau sexe. Allez, dis-nous à combien de partenaires t'en es. Dix, vingt, trente peut-être ? Ça m'étonnerait pas, à force de traîner avec Flavie, t'as fini par devenir une pute, tout comme elle.

Alors que j'allais pour lui mettre une seconde gifle, Mathieu intervient et lui met une droite, puis le plaque au sol. Je recule d'un pas, choqué de la violence avec laquelle il s'est jeté sur lui. Ormaz et Assaf tentent de les séparer, et c'est non sans peine qu'ils réussissent.

— Écoutes-moi bien fils de pute, Louna est tout sauf une salope. C'est à cause de bâtards comme toi que des filles comme elles perdent toute confiance en elle. Avant de dire des saloperies de ce genre, fais en sorte que son mec, soit moi, soit pas à côté. Évites d'en dire, ça sera encore mieux. La prochaine fois que j'te croise dans les parages, ou que Louna me dit qu'elle t'a vu ou que tu lui as parlé, tu finis à la morgue.

Mathieu se dégage de l'emprise des gars, furieux, et me prend par le bras, J'ai à peine le temps de récupérer mes sacs que nous rentrons dans l'immeuble, rapidement suivis des gars.

IdioteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant