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Hyuna se retourna alors vers la prostituée, assise et tremblante :

— Tu vas me suivre. Les employés du Harem de l'Empereur sont tous invités à une petite réunion, en bas.

Avant de conduire la vieille à ladite réunion, Hyuna ouvrit une à une les chambres du deuxième étage, toutes étaient vides. Elle vérifia les toilettes et les salles de bains. Personne ne devait échapper à la leçon. Finalement, il n'y eut que cette prostituée, qui miaulait continuellement à sa suite :

— Mademoiselle, mademoiselle... ? Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?

— Ta gueule, putain !

Elle força la pute à descendre devant elle, dans les escaliers de la maison close. Les marches en bois couinaient sous son poids. Hyuna n'avait qu'une hâte : quitter cet endroit miteux. L'action avait du bon, à commencer par mettre de côté des problèmes auxquels elle n'avait pas envie de penser. Mais, à force de voir des cafards morts dans les douches, des poils pubiens abandonnés dans les bidets, des mouchoirs en papiers froissés et des capotes encore humides dans tous les coins, elle se demandait dans quel établissement sordide elle venait d'atterrir.

— Vous allez nous faire du mal ? insista la fille de joie.

— Non. Pas à vous.

— Kwang-bom ?

Hyuna marmonna en guise d'affirmation. La prostituée n'eut pas l'air de beaucoup s'émouvoir pour le fameux Kwang-bom.

Arrivée au rez-de-chaussée, Hyuna poussa la pute sur le sol, à côté des autres employés de l'hôtel. Les gangasters les avaient réunis là. Elles devaient être une demi-douzaine, nombre approximatif, car Hyuna ne prit ni le temps d'observer leurs têtes ni de les compter. Elle fixa toute son attention sur le fameux Kwang-bom. Contre lui, les hostilités avaient déjà commencé.

Le proxénète était assis sur une chaise, face à ses employés, ses mains attachées dans le dos. L'arcade sourcilière avait dû être la première chose à exploser. La lèvre inférieure était également fendue. L'œil droit disparaissait presque totalement derrière les paupières tuméfiées. Son nez avait tenu bon, pour l'instant.

La jeune fille observait le passage à tabac en croisant les bras. Elle était satisfaite de ne pas avoir à frapper. Ce n'était pas tellement qu'elle se sentait compatissante envers une telle crapule, mais cogner avait tendance à faire souffrir ses phalanges. Elle resta donc là, à mastiquer son chewing-gum nerveusement, puis entreprit d'arranger ses cheveux artificiellement blonds en une longue queue de cheval, pendant que Luka cognait une nouvelle fois sur le visage mutilé.

Il continua de battre l'homme plusieurs minutes. Ses poings prirent une teinte écarlate. Après un énième coup qui eut raison du nez de sa victime, le gangster porta lentement sa solide main à son propre visage. Il se gratta le menton. Un peu de sang se prit dans le creux de sa fossette. Une fois de plus, le tuteur de Hyuna avait une barbe de quelques jours.

Luka essuya sa main sur la veste tachée du proxénète. Il la glissa ensuite dans son manteau de cuir noir et en sortit un long couteau cranté qu'il approcha de la gorge de l'homme.

— J'ai assez frappé, je crois.

— Non ! Non ! Ne me tuez pas !

— Est-ce que tous les employés sont là ? questionna Luka sans se retourner.

— J'ai vidé le premier étage, précisa La paire.

L'un des compagnons de crime de Hyuna était surnommé La paire. Cela faisait très lubrique mais, en réalité, l'allusion portait sur sa paire de lunettes de soleil qui ne quittait jamais sa tête chauve.

— Et moi le deuxième, acheva Hyuna. Le Harem est vide maintenant. Tout le monde est là.

— Alors ! Toutes ses putes vont être les témoins de ce qui arrive quand on trahit le Pian Kkoch.

— Je vous paierai, se plaignit le proxénète. Je vous paierai ! Je le jure ! Laissez-moi un peu de temps, simplement un p...

L'homme se crispa et cessa toutes paroles. Luka venait de saisir ses cheveux, de basculer brutalement sa tête en arrière et à présent la lame caressait sa pomme d'Adam.

— Un peu de temps ? C'est ce qu'ils veulent tous. Mais pourquoi vouloir vivre plus longtemps quand la vie est si minable ? Est-ce que tu veux vraiment vivre ou est-ce que c'est simplement la peur du vide, Kwang-bom ? Est-ce que c'est simplement la peur du jugement dernier ?

— J'aurai votre argent. J'aurai...

— C'est trop tard pour ça, continua Luka. Le Pian Kkoch a tenu la police à l'écart de ton business, nous avons toujours fait notre part du contrat.

Un spasme agita le condamné.

— Et toi, malgré notre bienveillance, tu ne paies pas tes dettes.

— Je n'ai plus assez d'argent. Les temps sont durs.

— Sais-tu pourquoi le Pian Kkoch a ordonné tamise à mort, Kwang-bom ? En général, les mauvais payeurs, on leur coupe undoigt, puis deux, puis trois... On prend notre temps, pour récupérer plusd'argent. Un homme mutilé paie mieux ses dettes qu'un mort. Mais toi. Toi, onva te tuer et tu sais parfaitement pourquoi. Et je veux que tes filles lesachent également. Alors, confesse-toi !

Les gangsters ne grandissent jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant