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Pour l'usine, elle inventait. Pour le reste, tout était vrai.

— Mon véritable père, je ne l'ai même pas connu, alors je n'ai pas de peine lorsque je pense à lui.

— C'est étrange...

— Quoi ?

— Je peux vous comprendre, moi-même, je n'ai pas connu mon père.

— Comment est-il mort ?

— Je ne sais pas. Il est peut-être en vie. Ma mère ne savait pas qui il était. Il y a des enfants qui sont désirés, qui sont l'aboutissement d'un projet. Moi, je suis né de l'imprévu, d'un accident de préservatif. M. Lee dit que j'ai été conçu par hasard et qu'il n'y a rien de plus beau que le hasard. Quand il m'a dit ça, je me souviens d'avoir ressenti une grande reconnaissance. Il a été la première personne à considérer que ma naissance avait quelque chose de beau. Avant qu'il ne me dise ça, je me voyais comme une erreur. Il m'a fait comprendre que je n'en étais pas une, que j'étais le fruit d'une volonté, la volonté du hasard, qui est plus noble que celles des humains.

Le dé rouge à pois blancs roula dans la mémoire de Hyuna et s'arrêta sur le six, puis des mots revinrent en boomerang : ce n'est pas moi qui le veux, c'est le hasard. Baehyun avait partagé la même idéologie avec Jongchul et avec elle.

Jongchul ne parlait pas souvent de Lee Baehyun, mais il n'avait pas non plus cherché à lui cacher qu'il travaillait pour lui. Hyuna étouffa sa haine et son dégout comme elle put et chercha à l'encourager pour qu'il parle davantage.

— Vous y croyez, vous, à la religion du hasard ?

— Je ne sais pas. J'accompagne le président Lee depuis des années et, à force, j'ai fini par reconnaitre qu'il n'a pas volé son surnom.

Hyuna fit semblant de réfléchir, avant de dire :

— Le chanceux, c'est ça ?

— Oui... le chanceux. Savez-vous pourquoi il se fait appeler le chanceux ?

— Peut-être parce qu'il a construit sa fortune grâce aux jeux d'argent...

— Une théorie intéressante, reconnut-il, mais non. Bien sûr, c'est vrai qu'un propriétaire de casino doit aimer le jeu et respecter les gagnants, mais... ce n'est pas ce qui lui vaut son surnom, ni ce qui justifie son respect quasi-religieux vis-à-vis du hasard. Je parlais de... sa vie privée, son passé. C'est à cause de son passé qu'il tient toujours à honorer ses paris. Vous voulez que je vous raconte ?

— Je suis toute ouïe.

Les gangsters ne grandissent jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant