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— J'ai envie de vous, dit Jayu, malgré une diction devenue peu commode par les baisers appuyés.

— Tais-toi !

— Laissez-moi vous toucher.

— Tais-toi !

Il lui attrapa les poignets, les positionna contre le lit, au-dessus de sa tête. Puis, il bougea ses hanches contre l'entre jambe Jayu, si peu camouflée par la robe sombre. Pourtant, Baehyun ne semblait pas avoir encore remarqué qu'il se frottait contre un sexe d'homme, mais cela n'allait pas tarder.

Il fondit de nouveau sur ses lèvres et cette fois, Jayu ouvrit les siennes et les langues s'entremêlèrent chaudement. Sans cesser de l'embrasser, Baehyun lâcha enfin prise sur ses poignets, dans le but d'aller faire un tour du côté de ses cuisses. Lorsque la main de l'homme s'immisça entre celles-ci, Jayu frissonna et serra de toutes ses forces. Il fallait faire quelque chose. Le gangster allait finir par toucher ou voir. Le garçon sentait la langue de Baehyun tourner dans sa propre bouche. Il prit la décision de rétracter soudain la sienne et de serrer ses mâchoires de toutes ses forces.

La langue de Baehyun fut tranchée net. L'homme poussa sur ses bras pour reculer, comme quelqu'un qui vient d'être brulé et qui fuit les flammes. Il tomba du lit, plaqua les mains sur son visage en sang, en gémissant. Jayu sauta à son tour hors du lit. Le goût métallique du sang dans la bouche. Il y en avait sur ses lèvres et sur son menton. Il se dirigea aussi vite qu'il le put vers la cheminée et ouvrit le loquet.

Jayu ne quitta pas Baehyun des yeux, ce dernier était recroquevillé sur le sol, le visage cramoisi, fermé par la douleur, les paupières closes dans une affreuse grimace. Sa bouche devait rester fermée pour éviter les effusions de sang, si bien qu'il ne criait pas. Il gémissait en se tordant de douleur.

L'homme leva les yeux vers celui qui lui avait tranché la langue. Il le fixa avec colère. Il jura :

— Cha-lope !

Du sang jaillit de sa bouche et éclaboussa son col de chemise. Parler avait dû lui faire du mal, car il plaqua de nouveau ses mains sur son visage en grimaçant.

— Je ne suis pas une jeune femme sans défense, asséna Jayu.

Baehyun le foudroya du regard. Il mit de côté la douleur pour répliquer.

— Ch'es morte !

— Je ne suis même pas une femme.

Il remonta pour de bon sa robe, dévoila ses jambes et son bassin. Le blessé fixa ses parties génitales avec un regard torve. Le pénis attirait toute son attention, il ne vit même pas la silhouette rampante, à la longue chevelure noire, apparaitre dans l'âtre de la cheminée.

— Je suis un homme, clama Jayu. C'est ce que je suis vraiment : un homme.

Il arracha sa perruque d'un geste, sans se soucier de la douleur que ça infligeait à son cuir chevelu, puis il la jeta sur Baehyun, qui eut le réflexe de la saisir en vol avec sa main libre. Là seulement il remarqua la jeune femme qui se redressait au côté du jeune fou. Elle avait une arme à la main, s'avançait dans sa direction à grande enjambée, ce qui le fit réagir. Il ouvrit grand sa bouche pour appeler à l'aide.

Son cri fut stoppé net. La crosse venait de s'écraser sur son crâne.

Les gangsters ne grandissent jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant