Chapitre 27 - Maitre contre élève

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Son entrée brutale fit lever le nez de Daewon de son livre universitaire. L'agent de sécurité se trouvait à sa place coutumière, son imposant postérieur enfoncé dans son fauteuil, devant le comptoir où la magnifique Narae était en poste. La belle Coréenne accueillit Hyuna avec un regard noir et réprobateur. Qu'importe, la brune se précipita sur Daewon qui se leva de son siège en remarquant son expression catastrophée.

— Qu'est-ce qui se passe ? On dirait qu'on t'a...

— ... Jayu est en danger ! Moi, je vais bien. Jayu... Jayu est en danger. Viens avec moi...

Elle tira sur son bras, mais Daewon ne bougea pas. Il consulta sa supérieure qui ne devait rien avoir manqué de cette intervention alarmiste. Narae dit avec prudence :

— Est-ce que tu peux nous expliquer ?

— Non ! Non ! On n'a pas le temps d'expliquer. Il faut aller dans sa chambre, tout de suite. Il est surement déjà en train de...

Elle ne pouvait pas finir sa phrase. Si dans une minute Daewon ne l'accompagnait pas dans les étages, tant pis, elle y irait seule.

— Allez-y !

L'ordre limpide et soudain de Narae surprit Hyuna. Néanmoins, elle ne se le fit pas dire deux fois. Daewon et elle prirent l'ascenseur, jusqu'au deuxième étage. Les portes mécaniques s'ouvrirent et ils descendirent.

Là, devant l'entrée des ascenseurs, Hyuna attrapa le bras de l'agent. Si elle ne l'avait pas retenu, il serait allé directement dans la chambre, au-devant d'un danger dont il ne savait rien. L'inconscient ! Il n'avait aucune idée de ce qu'ils allaient affronter. Cette fois, il ne s'agissait pas d'un quelconque client violent ni d'un mauvais payeur. Daewon devait se croire fort avec sa montagne de graisse et sa grande taille. Mais Hyuna savait que malgré les apparences, si un combat au corps-à-corps devait opposer cet agent et Luka, elle parierait tout son or, et sans hésiter, sur celui qui avait été son tuteur.

— Attends ! chuchota-t-elle. Attends ! Tu as une arme ?

Daewon se retourna, l'allumage automatique ne s'étant pas déclenché, le seul éclairage leur parvenait de l'extérieur, depuis la grande fenêtre qui se trouvait dans le dos de Hyuna. Le visage de Daewon devint un écran pour la lumière orange d'un réverbère et celle turquoise d'un néon d'enseigne. Les ombres de la pluie qui s'écrasaient sur la fenêtre ruisselaient sur les lignes arrondies, un simulacre de goutte coula sur ses joues. Puisque Hyuna venait de chuchoter, Daewon répondit sur le même ton :

— Non.

Un juron franchit les lèvres de la jeune femme. Elle n'avait pas son Canik Shark sur elle. C'était trop dangereux de le transporter tous les jours. Elle se souvenait encore très bien l'avoir laissé à l'appartement, à sa place, dans la table de nuit. Cela signifiait qu'ils n'étaient pas armés, alors que Luka l'était probablement. Au minimum devait-il avoir son éternel couteau. C'était inconscient de s'en prendre à lui à main nue...

Hyuna envisagea sérieusement d'aller chercher son flingue. Si elle courait sur tout le trajet, il lui faudrait environ huit minutes pour faire l'aller-retour. La solution était raisonnable, elle augmenterait de beaucoup ses chances de prendre le dessus sur Luka, mais la raison lui manquait. Chaque seconde perdue à réfléchir était une seconde où elle risquait de le perdre ; d'éventuelles mutilations subies. Si elle arrivait trop tard, à cause d'une mauvaise décision, elle ne se le pardonnerait jamais. Elle abandonna l'initiative de la prudence. Elle devait agir immédiatement, c'était son choix. Le choix d'un esprit trop impliqué émotionnellement, celui de l'impulsivité et de l'amour. Ironiquement, c'était Luka qui lui avait appris à différencier la vitesse de la précipitation, qui lui avait enseigné comment juger d'une situation avant d'entrer en action.

La jeune brune se baissa, souleva une jambe de son jean et découvrit une bottine qui lui montait à la moitié du mollet. Elle en tira trois couteaux de lancer qu'elle plaça entre ses phalanges repliées, telle une professionnelle. Leur éclat étincela dans la lumière de la nuit pluvieuse. L'agent de sécurité écarquilla ses yeux en la regardant faire.

— Qu'est-ce que ? ... bredouilla-t-il.

— Je n'ai que ça sur moi, expliqua Hyuna. Je n'aurais pas le temps d'aller chercher une meilleure arme et la vie de Jayu est en danger, alors... Est-ce que je peux compter sur ton aide ?

— Qu'est-ce que vous êtes exactement ? Des tueurs à gages ? Des agents secrets ?

— Quand nous serons à l'intérieur, il faudra que tu fasses attention à ne pas rester entre lui et moi. Reste en dehors de ma ligne de tir.

Les gangsters ne grandissent jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant