Un Coup De Joker (Tome 1)

Chapitre 3

Le barman apporta les boissons. Nora sortit son bloc-notes et son stylo :

— Monsieur Fatrouni, où étiez-vous hier soir ?

— J'étais ici pour ma conférence de presse sur le patrimoine culturel du Sagno Del Mar. Monsieur Henry peut le confirmer, Mademoiselle Kaddour, répondit le milliardaire.

— Bien. Étiez-vous au courant du vol ? demanda Nora en sirotant son verre d'Orangina.

Elle observait le milliardaire qui buvait son verre de coca. D'une voix posée, il répondit :

— Oui, comme tout le monde, j'ai appris la nouvelle par les médias et les réseaux sociaux.

— Avez-vous remarqué quelque chose de suspect ces derniers jours ?

— Non. Avec autant de monde ici, il est difficile de repérer quelqu'un de louche au milieu de la foule, n'est-ce pas ? affirma-t-il.

— En effet. Cette enquête est l'une des plus complexes que j'ai eues à résoudre, admit Nora.

— Avez-vous eu des affaires plus simples par le passé ? Depuis combien de temps enquêtez-vous, Mademoiselle Kaddour ? demanda Rayan avec un regard brillant.

— Depuis mes années lycée. J'ai résolu plusieurs affaires à l'époque. Ensuite, j'ai poursuivi mes études en droit à l'Université de Toulon, avant de devenir détective à Sagno Del Mar. Ça fait quatre ans que je travaille dans cette ville, confia Nora.

— Quelle a été votre plus grande enquête jusqu'à présent ?

— Chaque affaire est une aventure en soi, répondit-elle.

C'était inhabituel pour Nora de répondre aux questions. D'habitude, c'était elle qui interrogeait les suspects. Elle ne s'attendait pas à ce changement de rôle :

— Quelle est votre opinion sur cette enquête, Mademoiselle Kaddour ?

— Je ne sais pas encore. Je découvre au fur et à mesure, répondit-elle.

— La vie est comme un cadeau. Il faut la défendre et la protéger. L'amitié n'a pas d'autre but que de nous enrichir intérieurement. Vous cherchez quelque chose au-delà de cette quête, quelque chose qui peut changer le cours d'une partie de poker, expliqua Rayan.

— Quoi exactement ? demanda Nora.

— C'est un mystère que je vous laisse découvrir par vous-même, répondit-il.

Nora sentit que Rayan lui cachait quelque chose :

— Que proposez-vous, Monsieur Fatrouni ?

Il lui fit une proposition :

— Devenir votre associé.

Nora se sentit déterminée. Travailler avec un homme d'affaires serait un défi, mais cela pourrait aussi attirer plus de clients pour son agence de détective. Elle accepta :

— D'accord, Monsieur Fatrouni. Mais je reste la patronne.

— Bien sûr, vous avez les rênes, répondit-il.

— Je dois partir maintenant.

— Vous partez déjà, Mademoiselle Kaddour ?

— Oui, je dois respecter mon couvre-feu. Il est déjà tard. Mon père sera furieux... Je dois y aller. Au revoir, Monsieur.

Nora quitta le bar et le casino JOA avec Cynthia. Le lendemain matin, elle se rendit au poste de police et y trouva Rayan en discussion avec son père, le chef de la police régionale de PACA. Elle fut surprise de le voir là :

— Monsieur Rayan Fatrouni ? Au poste de police ? Que faites-vous ici ?

— Bonjour, Mademoiselle Kaddour. Je parlais avec votre père.

— Oh, ma fille ! Tu ne m'as pas dit que tu enquêtais au casino JOA.

Nora partagea sa première hypothèse :

— Je pense que le voleur a probablement utilisé l'argent volé pour en tirer profit.

— C'est une bonne déduction, ma fille. Mais tu devrais avoir un partenaire pour te protéger, surtout dans un casino, avertit son père.

— Je peux me débrouiller seule, papa. Je ne suis plus une enfant ! s'exclama Nora, irritée.

— Si tu le dis, mais tu auras besoin d'aide. Monsieur Fatrouni ici te propose la sienne.

— Il est déjà mon associé depuis hier, annonça Nora.

— Très bien, alors je peux retourner travailler tranquillement. Je dois patrouiller sur le Boulevard Stalingrad. Je te conseille de ne pas retourner à ton bureau. On va trier tes dossiers.

— Mais où vais-je travailler alors ? se plaignit Nora.

— Tu trouveras un autre endroit. Je te laisse. Bonne journée, Monsieur Kaddour, dit le chef de police en s'éloignant rapidement.

— Bonne journée, Monsieur Kaddour.

Nora boude. Elle croise les bras et soupire profondément. Rayan la réconforte :

— Ne vous inquiétez pas, Mademoiselle Kaddour. On peut parler de l'enquête tranquillement ailleurs.

— Vraiment ? Où ça ? demanda Nora.

— Suivez-moi, dit Rayan en se dirigeant vers la porte.

Nora quitta le poste de police et suivit Rayan. Où allait-il l'emmener ?