prologue

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Après un énième coup d'oeil à la montre ruisselante d'eau qui ornait mon poignet, je lèvais les yeux sur les feux tricolores qui avaient décidé de rester bloquer sur le vert.

Je lâchais un juron en grognant. Non seulement j'avais raté le dernier bus mais en plus une pluie abondante et particulièrement glaciale s'évertuait à me faire regretter ma journée.
J'avais vraiment l'impression que tous les éléments s'etaient ligués contre moi pour me faire passer la plus pire journée de ma vie et ce feu qui ne voulait toujours pas passer au rouge, déjà que j'avais fait qu'occasionner des gaffes durant toute la matinée... c'etait vraiment énèrvant, à croire que je m'etais levé du pied gauche ce matin.

Mes vêtements me collaient à la peau, je grelottais et je sentais que j'allais avoir un gros rhume; voilà les consequences d'oublier son parapluie chez soi et de ne pas prendre en compte les prédictions météo... j'espérais juste que les dossiers ainsi que les copies des élèves contenu dans la sacoche étroitement serrée contre moi ne s'etaient pas complètement trempés.

Le feu passa finalement au rouge, les voitures se stoppèrent, préssé de rentrer me sécher et de retrouver la chaleur et le confort de mon appartement, je traversais rapidement la chaussée en veillant bien sûr à marcher sur le passage piéton.

Une berline noir déboula soudain de nulle part, doubla plusieurs voitures et fonça droit sur moi. Je n'eus même pas le temps de réfléchir, ni de penser à quoi que ce soit, ni d'avoir la présence d'esprit de me pousser sur le coté que la voiture folle lancée à toute allure entrait déjà en collision avec moi. Je sentis mon corps se faire projeter dans les airs et la seule pensée qui me traversa l'esprit c'etait que le retour au sol n'allait pas être de toute gaieté.
Ma tête ne tarda pas à entrer brusquement en contact avec le bitume, signe que j'avais atterri bien plus vite que je ne le pensais et il ne m'en fallut pas beaucoup pour perdre connaissance... la dernière chose que je perçu avant de sombrer dans les ténèbres etait le crissement que faisaient les pneus de la voiture folle en freinant.

J'ouvris les yeux d'un coup en revenant à moi et une forte lumière blanche m'agressa la retine. Je refermais tout de suite mes yeux en râlant avant de recommencer à les rouvrir plus lentement cette fois-ci.

Un peu désorienté, je détaillais du regard la pièce dans laquelle je me trouvais: mur blanc, lit assez spécifique, cathéter, atmosphère chargé d'une odeur d'antiseptique... je n'eus pas besoin de plus d'élément pour comprendre que je me trouvais dans une chambre d'hôpital et il ne m'en fallut pas plus longtemps pour que les évènements de la veille aussi me reviennent en mémoire... la pluie, le feu rouge, la voiture qui etait arrivé de nulle part et qui avait foncé sur moi et enfin l'accident. Tout ces souvenirs me revennaient en tête tel un boomerang et je ne tardais pas à sentir un mal de crâne poindre le bout de son nez.

-la belle aux bois dormant est enfin reveillée! Me lança une voix féminine que je ne pouvais que reconnaître entre mille.

Je dirigeais donc mon regard en direction de la porte que ma meilleur amie venait de franchir. Elle avait un gobelet en carton dans les mains ainsi que des cernes sous ses magnifiques yeux vert émeraude signe qu'elle n'avait pas beaucoup fermé l'oeil de la nuit et ce n'etait pas en se dopant à la caféine que ça allait s'arranger.

Elle m'adressa un grand sourire où transparaîssait une légère trace de fatigue avant de venir s'asseoir dans un fauteuil se trouvant près de mon lit.

-comment tu te sens? Demanda t'elle en prenant ma main dans la sienne.

-comme si un camion m'avait roulé dessus... mais ça peut aller.

-tu ne peux pas savoir comme j'ai eu peur lorsque j'ai appris que tu te trouvais aux urgences... mais, maintenant tout va mieux et c'est l'essentiel.

-tu sais quelques chose au sujet de la voiture qui m'a foncé dessus ou de la personne au volant? Demandais-je en me redressant et en portant une main à ma tête qui me tiraillait toujours pour info.

Au toucher, je m'aperçus qu'une bande etait enroulé tout au tour de ma tête, au niveau de mon front. Je portais donc un regard attentif sur mon corps afin d'identifier les dégats de mon accident et remarqua l'atèle à mon bras gauche ainsi que le plâtre à ma jambe droite.

-... tu t'imagines, cet imbecile etait ivre au volant. Si je l'avais eu devant moi... ce type, je l'aurai massacré, disait ma meilleur amie les nerfs à vifs.

Je n'avais pas écouté le début de sa phrase, mais ce n'etait pas difficile de comprendre que le type ayant trop bu avait perdu le control de son volant, grillant ainsi un feu rouge et me fauchant au passage.

-... il allait comprendre sa douleur, continuait-elle à parler en frappant son poing droit dans sa paume gauche.

-avec les cours de défenses que tu prends, je suis certaine que tu l'aurais dessoûlé de suite, dis-je en posant ma main sur son bras pour l'inciter a se calmer.

Jessica contrairement à moi avait un tempérament de feu et etait plutôt vive, prompt à s'emporter facilement. Si je ne la calmais pas, elle etait capable de se rendre sur les lieux où se trouvait ce malheureux qui avait bêtement failli m'ôter la vie et lui refaire le portrait. Meilleur amie d'enfance, nous étions très proche... un peu comme des soeurs.

-il allait faire plus que dessoûler, je t'assure. Une chance pour lui que la police l'avait déjà emmené, fit-elle l'esprit maintenant plus calme.

-oh! Et bluebell, tu as pensé à aller le voir... il a dû s'inquiéter.

-ne t'en fait pas pour ton petit cheri, je me suis bien occupé de lui.

-j'en doute pas.

***

Le docteur m'avait fait savoir qu'avec juste une légère commotion cerebral, une jambe cassée et un bras dans un état pas du tout déplorable, j'allais vite m'en remettre et reprendre le boulot au plus vite. C'etait donc au bout d'un ou deux jours que je rentrais finalement chez moi. Jessica aurait bien voulu être là pour m'aider seulement elle avait été retenu à son cabinet d'avocat pour affaire. Je l'avais rassuré sur le fait que je me débrouillais bien avec ma béquille, ce qui l'avait quelque peu rassuré, mais elle avait toujours un peu peur que je me fasse à nouveau renversée par une voiture. Sacré jess!

Installé sur mon canapé, un roman à l'eau de rose en main, je lisais paisiblement les premières lignes pendant que mon adorable bluebell piochait par moment les noix du Brésil que j'avais mis dans une assiette, posé sur la table basse.

C'etait mes petits moments de tranquillité que j'aimais passer avec lui dans notre petit cocon. J'etais encore loin de m'imaginer que tout ça allait bientôt changer.

sur la voie qui mène à toi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant