Une fois de plus, il passa devant ce pont. Parfois, Shoto avait l'impression qu'il le narguait. Viens, saute, qu'est-ce que tu attends ? Qu'est-ce qui te retient ? Pourquoi tu ne sautes pas ? Tu as peur c'est ça ? Tu es un lâche en plus d'être un égoïste ?
Toujours les mêmes pensées, mots pour mots, flottaient dans son esprit quand il voyait ce foutu pont. Toujours le même sentiment que son cœur était broyé par la culpabilité à l'idée qu'il soit assez égoïste pour sauter. C'est vrai quoi, il avait une vie de rêve non ? Shoto faisait partie de la riche famille des Todoroki, donc tout le monde s'imaginait que sa vie était superbe et magnifique. Dans un sens, il se sentait comme s'il était obligé d'en avoir une. Peut-être n'était il qu'un gamin capricieux et pourri gâter, qui n'était jamais satisfait et qui, dans un sens, méritait de mourir.
Chaque fois, il devait se rappeler que les autres ne savaient pas tout. Qu'ils ne savaient pas que l'entreprise familiale coulait. Que ça rendait fou son père. Qu'il se mettait à boire. À frapper son fils. À être plus exigeant encore avec lui. Les 17/20 ne suffisaient plus. Enji ne voulait plus que des 18/20, sinon il frappait son fils. Et que plus personne n'était là pour l'en empêcher.
Toya, Natsuo et Fuyumi avaient quitté la maison, ils étaient partis vivre leur propre vie, dans leur propre appartement. Loin de leur père, protéger de lui. Ils ne passaient presque jamais à la maison, mais Shoto ne pouvait pas leur en vouloir. Qui aurait envie de revoir un tortionnaire comme Enji Todoroki ? Personne. Et puis il y avait leur mère ; seule et enfermée dans un cet endroit lugubre, ce pseudo-hôpital psychiatrique qui n'essayait même pas de faire comme si. Pour tout dire, le personnel et les patients de ce soi-disant hôpital psychiatrique réquisitionnaient toute une partie de l'hôpital actuelle depuis qu'ils avaient perdu leurs locaux à cause d'un incendie. Ils ne comptaient pas les reconstruire, évidemment. Et sa mère était enfermée là-bas. À cause de son père, évidemment. Il faut savoir que, entre eux, c'était un mariage arrangé. Rei n'a jamais aimé Enji, et inversement. Et ce qui devait arriver arriva : Rei finit par tomber en dépression et se retrouva en hôpital psychiatrique.
Ce soir, une fois de plus, Shoto passa devant ce pont pour rentrer chez lui. Il était tard. Personne n'était là pour l'empêcher de sauter. Il pourrait le faire. Il déposa son sac de cours, enjamba la barrière du pont et se retrouva sur le petit rebord, mais, au moment de sauter, un doute le surpris. Que diront ses frères et sa sœur ? Et sa mère ? Il ne pouvait pas leur faire ça. Pas après tout ce qu'ils avaient vécu - après tout ce que leur père leur avait fait subir. Non, il ne pouvait définitivement pas sauter. Pas avant d'avoir essayer d'aller mieux. Il faisait ça pour sa mère, sa sœur et ses frères. Et son chat. Qu'adviendrait-il d'Icy s'il sautait ? Rien de bon en tout cas. Pas si son père le gardait en tout cas.
Alors il enjamba à nouveau la barrière, reprit son sac et repartit. Mais il se fit une promesse.
Dans un mois, s'il n'allait pas mieux, il sauterait. Mais si ça allait mieux, il se sortirait cette idée de la tête. Et il éviterait le pont aussi.
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Un mois pour vivre [TODOBAKU : TOME 1] (TERMINER)
FanfictionUn mois. Shoto donne un mois à la vie pour le convaincre de ne pas sauter du haut de ce pont qu'il traverse tout les matins pour aller au lycée.