Obscuras Tome 2 : L'indésirable.

36. Ourson grognon, ourson trop 'gnon ?

Dans deux jours, Kairos allait utiliser son pouvoir pour retrouver les artéfacts royaux. Deux jours pour s'organiser. J'avais accepté de l'aider, comprenant qu'il ne reviendrait pas sur sa décision. Mais nous n'avions encore mis aucun plan au point et cette expédition dans le passé semblait mettre les Clandestins sur les nerfs.

Principalement Orso.

J'ignorais pourquoi, mais le grizzly avait l'air de plus mauvaise humeur que d'habitude et je n'avais pourtant pas cru cela possible. Même les Clandestins s'étaient mis à éviter de lui parler, agacés par ses râlements.

Quant à moi, je me contentais de faire ce que je faisais toujours ; rester seule. L'idée de replonger sur Terre, de revoir les objets que m'avait confié mon père, mettait mes nerfs en étaux.

Entrant dans la grande salle, je fus satisfaite de constater qu'il n'y avait personne. Le silence, le calme et l'isolement était ce qu'il me fallait pour faire le vide, oublier tout ce qui me préoccupait. Mais ma satisfaction fut de courte durée. J'entendis des bruits de pas, quelqu'un entra dans la pièce.

Je me tournai lentement, découvrant Orso, qui me toisait de son regard froid et hostile.

- Ourson grognon a décidé de pointer le bout de son museau ? lâchai-je, va le pointer ailleurs, j'ai envie de calme.

L'Animalis s'avança en ma direction, l'air énervé.

- Ne la ramène pas trop, je suis loin d'être d'humeur patiente aujourd'hui.

- A parce que ça t'est déjà arrivé de l'être ? me moquai-je.

Les yeux bleus extrêmement clair de l'Animalis me transpercèrent. Si l'ourson avait l'habitude d'être grognon, là, il l'était en décuplé.

- J'en ai marre de tes petits jeux ! s'agaça-t-il, tu mets sans cesse les autres en danger, tu attires les problèmes comme un aimant ! Après tout ce que tu as déjà fait depuis qu'on t'a mené ici, on découvre quoi ? Que les artéfacts ont disparu par la faute des tiens ? Et que, comme c'est étonnant, on va devoir se mettre en danger pour les retrouver et les garder !

Je levai les yeux au ciel, franchement lassée de ses reproches à répétition. Ce nounours ne savait décidément pas se détendre. Et je n'avais pas envie d'encore hausser la voix et que tout dégénère. Je voulais qu'on me foute la paix.

Décidant qu'il ne méritait pas de réponse de ma part, je partis d'un pas vif hors de la pièce. Ce qui ne sembla pas lui plaire.

- Bah voyons, tu te défiles, comme une lâche.

Je me crispai.

- Je ne suis pas lâche, j'en ai juste assez de tes conflits pour des queues de poire, grinçai-je.

Je partis sans demander mon reste, enfonçant mes poings dans les poches de mon pantalon. Mes doigts heurtèrent un petit sac. Fronçant les sourcils, je tirai le petit sac et découvris les baies de joie dont je m'étais emparée dans le Sundry. Les baies qui rendaient euphoriques.

J'eus soudain une idée et mon visage s'éclaira.

Si l'ourson ne savait pas se détendre, j'allais l'y aider. Quoi de mieux que des bonnes petites baies pour être d'humeur joyeuse ? Finalement, cette vengeance me semblait plus tentante qu'une dispute à coup de mots.

M'avançant discrètement dans la salle principale emplis de fauteuil, je m'installai dans l'un d'eux attendant l'heure fatidique. J'avais pu remarquer qu'en fin d'après-midi, Orso se servait un verre, discutant avec Naïa. J'espérai qu'il ne louperait pas ce rituel afin que je puisse glisser mes baies dans son breuvage.