37. Mission Terre.

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Nous avions dû reporter notre réunion pour concocter un plan afin de retrouver les Artefacts pour la simple et bonne raison qu'Orso avait été incapable de se comporter convenablement. Sous l'emprise des baies, il n'avait fait que rire, sans cesse, ou sortir des remarques étranges, mettant plus mal à l'aise qu'autre chose. La décision de reporter le plan d'action avait été prise lorsqu'Orso avait commencé à tirer sur les plumes noirs qui composait la chevelure de Martial en prétendant qu'il voulait le déplumer.

En attendant que les effets des baies se dissipent, chacun vaquait à ses occupations tandis qu'Orso avait été mis sur le canapé, afin qu'il dorme. C'était surtout pour qu'il ne fasse pas n'importe quoi sous l'effet euphorique des baies. Orso avait alors demandé à Naïa de le border et j'avais manqué m'étouffer pour retenir le rire moqueur qui avait voulu me gagner.

Depuis, j'avais tué le temps dans la grande salle, en compagnie de Kalidas et Martial. Ce dernier avait voulu m'apprendre des techniques de combat, prétextant que je me défendais comme un manche à balai et que sans mes pouvoirs, j'étais une proie facile. Il avait raison, mais sa remarque m'avait tout de même agacée. Puis, je n'étais pas si nulle que cela, je manquais simplement de concentration et de pratique. J'avais fini par le laisser m'apprendre quelques bases sous le regard amusé de Kalidas.

Puis, Martial s'était subitement pris d'intérêt pour le Rôdeur et avait commencé à le harceler de questions pour percer la carapace si mystérieuse de Kalidas. En vain. Agacée par autant d'agitation, j'avais fini par m'isoler dans les couloirs.

Je n'y étais même pas depuis dix minutes que je vis Orso à l'autre bout du couloir. Lorsqu'il m'aperçut, il s'avança vers moi sans l'ombre d'une hésitation. Son visage était de nouveau fermé, un vrai mur. Pas besoin d'être un génie pour comprendre que les baies ne faisaient plus effet. Il était probablement venu pour me passer un savon et cette idée m'indifférait.

L'Animalis de l'ours se dressa face à moi, je m'attendis à ce qu'il lâche sa fureur, mais fus alors surprise de découvrir que son visage ne laissait transparaître aucune colère.

- Il faut qu'on parle, lâcha-t-il, allant droit au but.

- Qui te dit que j'ai envie de te parler ? raillai-je.

Orso contracta la mâchoire, contrôlant sa colère qui avait tendance à monter tel un geyser.

- Ne joue pas à ça, tu m'as fait avaler des baies de joie ! Tu ne croyais quand même pas que j'allais reprendre ma petite vie sans t'en jeter deux mots ?

Je haussai un sourcil.

- Epargne moi le sermon que tu t'apprêtes à me lâcher, je n'en ai rien à faire de tes remontrances.

- Je ne suis pas ici pour te faire de remontrances, s'agaça-t-il, je voulais simplement te demander de garder pour toi ce que tu as entendu. Je n'étais pas dans mon état normal, je n'aurais pas dû dire certaines choses.

Je clignai vivement des yeux. Il avait désormais toute mon attention.

- Et pourquoi je t'obéirais ?

Orso inspira lentement.

- Tu peux quand même garder secrète la vie privée des autres ou c'est trop te demander ? Ma vie ne regarde que moi et je n'ai pas envie que tout le monde en soit informé. Surtout que si quelqu'un apprenait pour Naïa et moi, nous aurions de graves problèmes. Surtout elle.

- De quoi as-tu peur au juste ? répliquai-je. Tu es déjà recherché et menacé de mort, ce n'est pas une infraction de plus qui va changer quoi que ce soit.

- Peut-être que si, me contredit Orso d'une voix sèche. Un mélange de race avec les Sangs Royaux est extrêmement mal vu, on pourrait être dénoncé par l'un des Clandestins.

Obscuras Tome 2 : L'indésirable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant