8. Illusion et manipulation.

981 140 671
                                    

Après lui avoir dit où trouver l'amétrine que Kalidas m'avait amené, Circé était partie libérer ceux prisonniers dans des cellules tandis que j'étais retournée chercher Martial, probablement toujours suspendu contre le mur. J'espérai simplement le trouver seul dans la pièce. Mais désormais, la reine ne devait pas tarder à revenir dans la pièce. Elle se rendrait compte de mon absence.

A peine cette idée pénétra mon esprit qu'une alarme retentit dans tout le château. Puis une voix résonna entre les murs ;

- De dangereux criminels se sont échappés, enclenchez le code blocus.

Le code blocus ? Ce nom ne me disait rien qui vaille. J'entendis des bruits de pas dans les couloirs et des Guerriers surgirent, courant. Grâce à mon physique modifié par Circé, ma présence ne les alerta pas. Ils continuèrent leur chemin sans me prêter la moindre attention.

J'en profitai pour rejoindre la porte d'où je m'étais échappée et, prenant soin de vérifier qu'il n'y avait personne, j'entrai. Martial était toujours là, seul, suspendu contre le mur. Ma présence eut pour effet de lui faire redresser la tête. Ses yeux s'écarquillèrent à ma vue et il prit une mine craintive. Bien sûr... il ne m'avait pas reconnu. C'était plutôt compliqué de me reconnaître sous ces écailles rouges et ces cheveux de flammes. Mais c'était une situation qui finissait par me plaire et j'avais même envie de jouer avec ça.

Avançant d'un air menaçant, le visage fermé, je me mis face à lui, laissant un faible sourire se dessiner sur mes lèvres. Un sourire mauvais. Martial déglutit.

Désormais plus grande, grâce à la transformation que m'avait subir Circé, je parvins à m'emparer de la corde qui maintenait le Guerrier suspendu, et à l'aide de mon poignard, je tranchai les cordages. Le Guerrier tomba lourdement sur le sol, poussant un râle de douleur. Il était ensanglanté et ses blessures ne semblaient pas prêtes de se refermer. Le sang pourpre s'écoulait lentement sur le sol. Vu son état, il allait plus nous ralentir dans notre fuite qu'autre chose. J'en maudissais Circé d'avoir eu l'idée de sauver des poids morts.

Empoignant le Guerrier par le col de son tee-shirt, je le mis à ma hauteur. Même grandi par Circé, le Guerrier restait plus grand que moi de quelques centimètres. Et malgré son état pitoyable dans lequel il se trouvait, il me rendit un regard empli de défis. Ce fut quelque chose qui me plut. Il se savait perdu, à la merci de ses adversaires, courant droit vers la mort, mais refusait de perdre la face et laisser la peur prendre possession de lui. Il restait digne.

- Suis-moi, en silence, lui soufflai-je d'une voix glaciale.

Je le relâchai, mais trop faible, Martial ne parvint pas à tenir sur ses pieds et ses jambes se dérobèrent sous lui. Il tomba contre le sol dans un grognement tandis que le sang continuait de tapisser le carrelage. Ses blessures semblaient bien plus graves que je ne l'avais imaginé, ce qui semblait déjà difficile.

- Je t'ai dit de me suivre ! m'énervai-je.

Martial lâcha un rire mauvais. Mais même son rire me parut faible. Il était à bout. Au bout de ses forces.

- Achevez-moi maintenant qu'on en finisse, lâcha-t-il d'une voix faible, de toute façon, ce n'est plus qu'une question de temps.

Je m'accroupis pour pouvoir voir plus distinctement son visage. Les yeux de Martial étaient rivés sur le carrelage poisseux de sang. Il avait un rictus de douleur sur les lèvres.

- Je te pensais plus fort que ça, lâchai-je, déçus qu'il décide d'arrêter de se battre.

Martial se mit à haleter, un filet de sang s'échappa de ses lèvres. Il était sacrément amoché. Bien plus amoché que le reste de ses camarades que j'avais pu voir. Bien plus amoché que lorsque que je l'avais quitté pour m'évader de ces lieux... Étaient-ils revenus le battre ? Mais pourquoi ? Ils avaient dû se rendre compte de mon absence... J'aurais dû être leur priorité.

Obscuras Tome 2 : L'indésirable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant