Obscuras Tome 2 : L'indésirable.

7. Alliance inopinée.

Je m'avançai vers la porte, écoutant le moindre bruit alentour. Je ne voulais pas me faire repérer. J'avais peut-être une idée pour me sortir de là, et mes pouvoirs pour m'épauler, mais moins j'attirais l'attention et mieux c'était.

- Eudora... Libère-moi si tu t'en vas, me supplia subitement Martial, toujours suspendu au mur.

Il était complétement couvert de sang. Le sang gouttait sur le carrelage sombre. Visiblement, il était conscient. L'était-il depuis le début ?

Je fronçai les sourcils.

- Non, vu ton état, tu ne feras que me ralentir.

Martial poussa un cri apeuré.

- Mais tu ne vas pas me laisser là ? Je vais mourir si je reste ici.

Je haussai les épaules, même si je doutais qu'il puisse me voir clairement, vu son état.

- Je te l'ai dit, je ne serai jamais un modèle de sainteté, répondis-je. Tu ne feras que me ralentir, je me débrouillerai bien mieux toute seule. Et tu devrais le savoir ; moi seule compte à mes yeux.

Sans lui laisser le temps de répondre, je sortis hors de la salle de torture. Le laissant livré à son sort. Chacun pour soi.

Je longeai le couloir, heureuse de constater qu'il n'y avait personne. Mais malheureusement, je ne connaissais pas le château, j'ignorais où se trouvait la moindre sortie. Même une fenêtre me convenait... Tant qu'elle n'était pas trop loin du sol.

Je continuai d'arpenter le couloir, posant mon oreille contre chaque porte que je croisais afin d'entendre s'il y avait quelqu'un. Mais le plus souvent, les portes étaient verrouillées lorsque je tentai de les ouvrir.

Je devais avouer que partir sans rien planifier de concret, ne faisait pas partie de mes plans, j'avais été prise de court. Mais je n'allais pas rester plus longtemps en ces lieux au vu de ce que la reine comptait me faire... J'avais une envie irrépressible de faire marche arrière afin de tuer la reine, mais je devais être lucide, je n'étais pas de taille. Ils étaient beaucoup trop nombreux dans ce château et la reine ne se déplaçait jamais seule d'après ce que j'en avais vu. Et elle avait bien raison. De plus, son pouvoir qui consistait à renvoyer l'attaque à son lanceur me semblait assez redoutable.

Mais ce n'était que partie remise. Je me promettais de revenir et de lui faire payer. La reine avait eu le culot de se frotter à moi et elle allait le regretter. Elle n'allait plus faire long feu. J'ignorais encore comment, mais je comptais bien la faire tomber, la faire souffrir, la faire regretter, et je m'en délecterai. Mais chaque chose en son temps, avant de passer aux rêves de vengeance, il fallait déjà que je me sorte de là. Ce qui n'était pas chose aisée... C'était plutôt un parcours du combattant.

Je me stoppai subitement en entendant des sons de voix. Une voix. Elle m'était familière. Etrangement familière. Pourtant, je peinais à remettre un nom sur cette voix. Je m'approchai de la porte où émanait les sons, collant mon oreille pour mieux entendre.

- ... je vais être honnête avec toi, lorsque tu es partie, c'était le plus beau jour de ma vie. Pas seulement parce que je ne t'avais plus dans mes pattes, mais aussi parce que je savais que tu venais de signer ton arrêt de mort, ricana une voix.

L'identité de la personne me revint subitement et je serrai les poings pour contrôler mes pulsions qui me dictaient d'entrer dans la pièce pour l'égorger. Arachné. C'était l'Animalis de l'araignée. La fille impulsive à l'aura mystérieuse et repoussante. A qui parlait-elle ? Au fond, peu importait, je devais sortir d'ici au plus vite.

Pourtant, je ne pouvais m'y résoudre. Je voulais nuire à la reine et j'avais la conviction que la jeune fille avait une place privilégiée dans le cœur de glace de la reine Zara. Je devais en apprendre plus à son sujet. Et pour cela, je ne pouvais pas passer à côté d'une conversation qui pouvait m'en apprendre davantage.