30. Ravage.

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Je m'accoudai à une table haute, regardant des Obscuras à l'aspect étrange faire une chorégraphie atypique. Alisa s'était mêlée à eux, mais j'avais refusé de la suivre. Elle revenait de temps en temps me voir, les joues rouges, le rire aux lèvres. Je ne comprenais pas comment elle pouvait s'amuser dans un truc de ce genre. J'aurais été plus mal à l'aise qu'autre chose à sa place. D'autant plus que les pas de danse de leur chorégraphie m'étaient totalement inconnues.

Poussant un soupir las, je vis sur la table plusieurs petits sachets. M'ennuyant et n'ayant rien d'autre à faire, j'en pris un dans ma main afin de l'examiner. Le petit sac contenait des petits fruits bruns zébrés d'or. C'était comestible ?

- N'en mange pas, me mis en garde Alisa, qui venait de revenir. C'est mangeable, mais les effets secondaires ne sont pas au goût de tout le monde et je doute que tu aimerais en subir les effets.

Je haussai un sourcil.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? demandai-je, intriguée.

- Ce sont des baies de joie, m'expliqua la Banshee. Lorsque tu en prends, tu ne te contrôles plus pleinement. Tu es sans cesse pris de fou rire, tu as envie de t'amuser et souvent tu parles sans réfléchir. Les Obscuras en mangent pour s'amuser de temps à autre.

- C'est comme de l'alcool quoi, résumai-je.

- Tu restes lucide tout de même, me contredit Alisa, et il n'y a aucun effet néfaste sur la santé. Et tu te souviens de tout ce que tu as fait.

Je regardai les toutes petites baies, intriguée, et au lieu de les reposer sur la table, je les rangeai dans ma poche sous le regard surpris d'Alisa. Mais la Banshee n'émit pas la moindre protestation et se contenta de s'accouder à la table, le souffle court à force de danser.

Un Obscuras me bouscula le bras en voulant esquiver un groupe de danseurs alors qu'il se dirigeait vers un coin de la pièce. Agacée, je me tournai vers l'imprudent.

- Tu ne sais pas regarder où tu marches ou tu es aussi adroit qu'un manche à balai ? lui criai-je d'un ton irrité.

Rester planter là commençait à m'énerver. Pourquoi avais-je accepté de suivre Alisa ? C'était complétement stupide. Le type que je venais d'agresser sursauta et se tourna lentement en ma direction. Je clignai vivement des yeux. Son physique était camouflé par d'innombrables habits. Il portait une combinaison noir recouvert d'un large holster où était rangé plusieurs étranges pistolets. Du moins, s'il s'agissait vraiment de pistolet. Il était également vêtu d'une large cape d'un brun sombre. Un foulard noir et or camouflé la partie inférieure de son visage, le recouvrant jusqu'au nez, tandis que de grosses lunettes aux verres noirs camouflaient ses yeux. Sur la tête, il portait une chapka en cuir brun. Impossible de voir ne serait-ce qu'un bout de peau, il était recouvert de la tête au pied. Même ses mains étaient munies de gants.

- Désolé, je ne t'avais pas vu, s'excusa-t-il, il y a tellement de monde ici, c'est difficile de se déplacer avec aisance.

- Surtout quand on est habillé comme un clown, commentai-je.

Ma réplique eut le don d'amener un long silence. Alisa se dandina à mon côté, partagée entre le fou rire et la gêne. L'inconnu s'avança lentement en ma direction. Avec tout ce qui camouflait son visage, il m'était impossible de voir son expression faciale. Il aurait pu être amusé ou énervé par ma remarque que je n'aurais pas pu le deviner.

- Pardon ? articula-t-il lentement. Tu as un problème avec mes vêtements, peut-être ?

Sa voix était neutre, impossible de connaître son humeur. C'était plutôt déroutant. Je croisai les bras contre ma poitrine, haussant un sourcil. Mais avec ma large capuche recouvrant ma tête, lui non plus ne pouvait voir mon regard.

Obscuras Tome 2 : L'indésirable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant