Obscuras Tome 2 : L'indésirable.

Bonus 1 : Philosophie de vie.

/!\ bienvenue dans ce bonus du tome 2 😏 je profite de ce poste pour rappeler que le tome 3 est désormais posté (pour ceux qui auraient manqué la notif) ! Bref, bonne lecture ! /!\

Je regardai la silhouette de mon corps se dessiner dans le reflet du miroir. Mince, élancé. Mes cheveux noirs parsemés de petites plumes retombaient lentement dans mon dos, caressant mes cuisses de leurs reflets d'un bleu sombre et magnétique. Je soupirai, passant mes doigts sur la glace. Ma peau pâle me semblait encore plus blanche qu'habituellement. La fleur de lumière bleue encrée dans la chair de mon poignet restait fermée, n'abordant plus ses pétales à la lueur du jour. Cela faisait déjà des jours. Elle reflétait mes plus profonds ressentis. Enfermée. Retenue prisonnière. Se repliant sur elle-même.

Je me retins de donner un violent coup de pied dans le miroir. J'avais envie d'exploser le verre, de le voir gicler autour de moi, d'en prendre les débris et de les enfoncer dans mon cœur déjà meurtri. Mon cœur était tellement lacéré de douleur que j'avais de toute manière déjà l'impression qu'il était transpercé de bout de verre. J'aurais peut-être dû les prendre pour les enfoncer dans mes yeux. Ces affreux yeux. Ces yeux dorés que je détestais tant.

Je lâchai un énième soupir, reculant de plusieurs pas pour m'éloigner du miroir. Mes yeux se posèrent brièvement sur les vêtements soigneusement posés sur mon lit. Mes doigts effleurèrent la robe simple et sombre que je portais. Je devais me changer. Revêtir cette robe de fête. Passer le voile rouge au-dessus de ma tête. Ce voile rouge sensé symboliser l'amour, le feu de la passion, les émotions, le cœur... Pour moi ce rouge était celui du sang, de la mort. Ce voile était ma mort...

Et on me demandait de l'enfiler.

Enfiler ce voile écœurant. Cette robe si atypique et symbolique. On me demandait d'enfiler tant d'habits, de bijoux, de me faire la plus jolie. J'avais l'impression qu'on voulait m'enrober de tissu comme un bon gros chocolat. Cette idée me donnait la nausée.

Mais avais-je le choix ? L'avais-je déjà eu ? Ma vie n'était que succession d'événements guidés par autrui. Je n'avais pas voix au chapitre. Je n'avais pas mon mot à dire. Sois belle et tais-toi.

Dans un frisson de dégoût, je laissai mes vêtements classiques retomber contre le sol, se détacher de moi, pour les troquer contre cette belle robe haute en couleur. Un à un, j'enfilai les accessoires, les bouts de tissus. Colliers, bracelets, diadème, brassard, puis voile rouge. Je me donnais l'impression d'être un objet, un objet de collection, et non une personne vivante dotée de sentiments et de désirs.

Est-ce que celui à qui j'avais été promise depuis ma naissance était dans le même cas aujourd'hui ?

Enfilait-il ses vêtements comme s'il se rendait à l'abattoir ?

Voyait-il cette union comme une aberration ?

La triste réalité des choses était que j'avais été promise à un autre de ma race dès ma naissance, sans pouvoir y dire mot. Et je ne l'aimais pas. J'avais passé le plus clair de mon temps en sa compagnie, depuis nourrisson, et nous n'étions même pas devenus amis. Aucun point en commun. Aucun atome crochu. Des inconnus vivant sous le même toit.

Je me regardai de nouveau dans la glace, enrobée de tous ces vêtements. Ressemblant à un vulgaire emballage cadeau. J'étais une offrande. Une offrande à cette société. Depuis ma plus tendre enfance. J'étais née pour servir le palais, pour mettre mes sentiments de côté et me donner à un autre Sang Royal qui n'avait lui non plus rien demandé, pour devenir un membre dirigeant du royaume et éventuellement la future reine. J'étais coupée du monde, grandissant dans un lieu nommé le Dôme. Je ne connaissais que très peu de choses du monde extérieur. On était conditionné à un fonctionnement, une vie, à une manière de pensée, on devait rentrer dans le moule et apprendre à diriger un royaume selon les règles que l'on nous enseignait.