Un goût horrible avait fait logis dans ma gorge. Un arrière-goût comme ceux qui donne envie de vomir, de ressortir tout le contenu de notre estomac, d'avaler des centaines de litre d'eau sans pour autant sentir l'effet atroce du goût se dissiper.
J'avais mal partout. Aux os. Aux muscles. Aux articulations. Aux phalanges. Aux yeux. Aux tendons. A chaque organe, chaque os du squelette. Les pulsations de mon cœur me semblaient lentes, pénibles, douloureuses. Mes poumons me tiraient, criaient à l'aide, cherchaient de l'air dans des tentatives désespérées, mais j'avais l'impression d'avaler l'oxygène à travers une paille.
Et pourtant il m'était impossible d'ouvrir les yeux, de chasser ce noir qui me faisait face, cette douleur qui me sciait le corps. J'étais prisonnière de moi-même.
Je ne savais même pas si tout était réel ou bien le fruit de mon imagination. Cette douleur si vive, si intense, était-elle bien présente ? J'étais enfermée dans un épais brouillard et le manque de lucidité me caressait la peau.
Des flashs, comme des lumières éblouissantes, irradiants l'iris et brûlant la rétine, m'assaillirent. J'avais l'impression que mon corps était parcouru d'électrochocs. J'avais si mal. L'esprit si embrouillé.
Qu'est-ce que je faisais là, tapis dans le noir de mon esprit ? Où étais-je ? Pourquoi est-ce que je suffoquais ? Pourquoi le monde tanguait ? Pourquoi je tombais dans le vide, encore et encore, sans être muni du moindre parachute ? Pourquoi la peur venait s'éclater contre mes joues comme des centaines de perle de pluie ?
La terre avait tremblé, c'était la seule information que me transmettait mon cerveau avant de frétiller dans tous les sens, me donnant le tournis. La terre s'était fendue, s'était ouverte et avait avalé ce qui tombait dans son centre avec délice. La terre avait tremblé et tout était devenu noir, étrange. J'étais fatiguée. J'étais molle. J'étais usée. Usée comme un vieux parchemin qu'on aurait trop utilisé. Usée comme la peinture décrépit d'un mur, étant là depuis trop longtemps. Usée d'être fatiguée. Usée de cette énergie qui me picotait les veines.
La terre avait tremblé. J'avais un goût immonde dans la bouche. Le corps en ébullition. La peau collante. L'agonie dans la gorge.
J'avais la sensation d'un corps contre ma peau. De la chair. Froide. Rigide. Vide de vie. Encore. Encore ce contact révulsant. Encore cette chair contre moi, cette peau inerte frottant contre la mienne, ce contact si traumatisant d'un être éteint.
J'ouvris la bouche dans un hurlement, mais mon corps refusa de coopérer. Mes cordes vocales ne fonctionnaient plus. Tout était éteint. J'étais une ampoule qui avait disjoncté, sauté, grillé.
La caresse de la chair inerte continuait de me hanter. Le goût horrible dans ma gorge s'intensifia et j'avais l'impression de m'étrangler dans une mare de sang. Le goût affreux était similaire au sang. J'avais vu tellement de sang dans ma vie. Trop de sang. Des fleuves, des cascades de substance rouge et poisseuse. Mon monde ne se résumait qu'à la mort et au sang.
J'entendis le bruit atroce d'une lame que l'on frotte. Que l'on aiguise. Mon cœur rata un battement. Mes poumons retenaient toute l'air de mon corps, les enserrant dans leur bras, refusant que je l'expire. La lame continuait de chanter dans mes oreilles d'un ton macabre.
Je vis une silhouette fendre l'obscurité, une ombre encapuchonnée. Une ombre bleue nuit. Un nouveau cri s'étrangla dans ma gorge dans le plus grand des silences.
Les bras de la silhouette se changèrent en lame aiguisée et le bruit métallique redoubla. Deux diamants me toisèrent d'un air malsain. Je me débattis dans le néant pour échapper à cette vision. A ce souvenir. A ce cauchemar. Mais l'ombre était toujours là, ses yeux de contrefaçon me saisissant le corps.
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Obscuras Tome 2 : L'indésirable.
Fantasia/!\ ATTENTION, ce tome est le TOME 2 d'Obscuras, à ne surtout pas lire si vous n'avez pas lu le tome 1. Contient des spoils du premier tome, si vous n'avez pas lu le tome 1, quittez ce résumé ! /!\ Le monde s'est subitement renversé et a pris une to...