Obscuras Tome 2 : L'indésirable.

Bonus 2 : Rencontre.

- Transforme-toi encore ! s'enthousiasma Cassius.

Le petit garçon trépignait de surexcitation, je ressentais sa joie comme si c'était la mienne. Pour lui faire plaisir, et parce que j'adorais ressentir ces émotions si positives, je me changeai en renard et fit un bond au-dessus de mon grand frère tandis qu'il riait.

Je me transformai de nouveau en Obscuras, fière d'avoir apporté de la bonne humeur dans le cœur de mon frère qui semblait bien maussade ces temps-ci. Je savais que quelque chose n'allait pas, que Cassius n'allait pas bien, mais ce dernier n'avait pas voulu me répondre lorsque je l'avais interrogé à ce sujet.

- J'aurais bien aimé être un Animalis, annonça le Guérisseur, ça doit être génial de pouvoir se changer en un animal, de faire partie d'un Clan.

Je m'installai face à mon frère d'adoption, les sourcils froncés. Une pointe de peine venait d'embrumer son cœur.

- Guérisseur est une race géniale, fis-je remarquer, il n'y a pas plus beau cadeau que de pouvoir soigner et sauver des vies !

Cassius baissa la tête et ses mèches de cheveux rouge pâle vinrent camoufler ses yeux émeraude.

- Peut-être... marmonna-t-il, mais j'aurais aimé être un Sang Royal, comme Aleth. Je sais très bien que notre mère aurait voulu que je partage leur gène. Elle ne m'aime pas autant qu'elle aime Aleth, je ne suis pas aveugle.

J'agrippai une mèche de mes cheveux et l'entortilla autour de mon doigt, peinée. Je ne pouvais même pas le contredire là-dessus, il avait raison. La reine Junon préférait Aleth à nous deux. Pour ma part, c'était peut-être normal, je n'étais que sa fille adoptive, une orpheline, mais Cassius était son fils... Sa chair. Son sang. Malgré tout, j'avais pu lire en notre mère une affection bien plus prononcée à l'égard d'Aleth.

- Mais oubli, reprit Cassius, je veux revoir le renard !

J'agita vivement les oreilles.

- Encore ! m'étonnai-je.

- Oui, je veux emporter ce souvenir avec moi, pour toujours, me confia-t-il.

Je ris. Puis, m'arrêtai brusquement lorsque je compris le sens de ses mots.

- Attends... comment ça ? Tu vas partir ? m'inquiétai-je.

Le garçon face à moi sursauta et détourna la tête.

- Je n'ai pas dit ça, chuchota-t-il, j'ai simplement envie de ne jamais oublier ce moment. Je veux qu'il reste gravé dans ma mémoire.

Je penchai la tête sur le côté, cherchant à comprendre le sens de ses paroles. Mon pouvoir d'empathie me faisait ressentir les émotions d'autrui sans même que je puisse le vouloir et à ce moment précis, ce que je ressentais ne présageait rien de bon. Cassius avait peur, mais été aussi plein de regret, de tristesse et un sentiment étrange venait me caresser. Un vide en lui semblait grossir, prêt à l'avaler. Je clignai vivement des yeux, interloquée.

- Cassius, si tu as un problème, dit le moi, s'il-te-plait, lui demandai-je d'une petite voix.

Cassius haussa les épaules.

- Je n'ai aucun problème, rétorqua-t-il, le regard toujours dévié dans une autre direction.

Impossible de lire ses yeux.

Doucement, je posai mes doigts sur son menton et tournai sa tête en ma direction. Surpris, le Guérisseur me lança un regard avant de fermer les yeux. Mais j'eus le temps de percevoir l'éclat de ses iris. Ses yeux émeraude étaient ternes, semblaient perdre de leur éclat et cela ne semblait pas être dû à la tristesse ou même à une émotion. Quelque chose n'allait pas, c'était évident. Et Cassius avait désormais envie de se défiler.