Obscuras Tome 2 : L'indésirable.

38. Les Tours Grises.

Circé avait modifié le physique de Kalidas. Désormais, j'étais entourée de deux personnes possédant l'apparence d'Orso. C'était déroutant de parler à Kalidas, tout en voyant Orso me répondre. Le Rôdeur n'avait plus sa fossette qui venait creuser sa joue lorsqu'il souriait, il n'avait plus ses cheveux symbolisant le néant, ni même ses incroyables yeux rouges, à la place, il possédait désormais des yeux d'un bleu extrêmement clair, une chevelure courte semblable à la fourrure d'un grizzly, un nez étroit et des griffes pointues en guise d'ongles, semblables à de l'onyx.

Kalidas, Orso, Naïa et moi étions en chemin vers les Tours Grises. Kalidas rendait Orso et Naïa invisibles par un contact de la main, tandis qu'Orso menait la marche pour nous montrer le chemin. De mon côté, je m'aidais de mon pouvoir d'illusion pour me créer un dôme miroir, me rendant invisible par un réfléchissement de lumière.

Après des heures à marcher dans les terres arides, on finit par arriver à destination. Je vis un château gris se dresser au loin, possédant deux grandes tours tournoyant vers le ciel et se terminant par un toit pointu d'un gris cendré se confondant à ravir dans les nuages grisâtres de cette journée couverte.

S'approchant un peu plus, Orso nous fit arrêter près d'un grand monticule de pierre entouré d'un carré d'herbe. Kalidas rendit tout le monde visible et j'enlevai à mon tour mon dôme miroir. Cachés entre les pierres du monticule, nous n'avions plus besoin de nous camoufler sous nos pouvoirs.

- On récapitule, commença le vrai Orso, que je reconnus au son de sa voix toujours emplie de sévérité, le Rôdeur se rend dans le château à l'aide des ses pouvoirs. Tu dois te rendre dans la plus haute tour, au sommet. Tu seras obligé de redevenir visible pour pouvoir t'emparer du voile d'Astéria, autrement, la bulle de protection ne pourra pas détecter ton visage. Une fois que c'est fait, reviens le plus vite possible. Si tu te fais repérer, on devra partir sans toi au risque de se faire repérer.

- Pardon ? lâchai-je, ahurie.

Orso me lança un regard agacé.

- Si le Rôdeur se fait prendre, nous le saurons tout de suite, des néons rouges vont illuminer le ciel et une alarme se déclenchera. Le château va alors se refermer sur lui-même et sombrer dans les entrailles de la terre. S'il se fait prendre, c'est trop tard pour lui, mais pas pour nous. Il nous faudra fuir instantanément avant qu'on se fasse repérer. Car lorsque la sécurité se déclenche, des rondes sont effectuées dans la zone tout autour du château.

- Hors de question de l'abandonner derrière nous ! m'offusquai-je.

- Nous n'aurons pas le choix, soit on part, soit on se fait prendre et c'est la mort assurée.

Je croisai les bras, contrariée.

- Ne t'inquiètes pas, me lança Kalidas avec un sourire en coin, je suis un Rôdeur, cette mission est faite pour moi, je reviendrai en un morceau.

- T'as plutôt intérêt, lâchai-je spontanément avant de rosir de honte devant les mots qui s'étaient échappés de ma bouche.

Il fallait que je me contrôle, je montrais délibérément mon inquiétude face à la mise en danger de Kalidas. Je n'aimais pas être aussi transparente.

- Si nous devons fuir, reprit Orso, nous devons nous mettre en sûreté et attendre vingt minutes avant de rejoindre la grotte où nous attendent les autres afin d'éviter de les mettre en danger.

Les Clandestins ne se trouvaient pas dans l'abris de Kairos, mais dans une grotte légèrement hors de la zone du château des Tours Grises. C'est là-bas que Circé avait modifié le physique du Rôdeur. Nous avions changé de lieu parce que, selon Kairos, c'était préférable lors de la manœuvre de remonter dans le temps. Le portail pouvait créer des petits tremblements de terre sous la puissance du pouvoir et autant éviter de faire écrouler l'abris de Kairos sur lui-même. De plus, au retour de notre mission, le portail s'ouvrait, mais pas forcément à l'endroit désiré, mais aléatoirement à quelques mètres de là où il avait été ouvert. Mieux fallait éviter qu'il ne s'ouvre dans un lieu public, c'est pour cette raison qu'on avait préféré se placer près de lieux désertiques.