21. Cimetière.

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J'étais statufiée sur place.

Kalidas s'était raidi, mais n'avait pas prononcé le moindre mot.

Et les mots d'Evilash tournaient en boucle. Elle l'avait appelé Kalidas. Elle avait dit Kalidas. Evilash connaissait Kalidas. J'avais pu constater que très peu de monde connaissait l'identité du Rôdeur. Et pourtant, elle l'avait appelé par son nom.

Sortant de mon état figé, je reculai de quelques pas, voulant prendre de la distance avec le Rôdeur. Kalidas me lança un regard peiné, mais n'émit pas le moindre son.

Les Clandestins nous rejoignirent, restant sur leur garde face à Evilash. Trop loin lors de l'apparition de la menace, ils n'avaient pas entendu les mots qui s'étaient échappés de sa bouche. Le fait que je me recule subitement en interpella plus d'un.

Evilash ne me laissa pas le temps de reprendre mes esprits sur ce qu'il venait de se passer, elle se dirigea droit vers moi.

- Je pense que tu te doutais que je souhaitais que tu viennes seule, me siffla-t-elle.

Clignant vivement des yeux pour me ressaisir, je ne réussis qu'à acquiescer. J'avais l'impression que ma gorge s'était asséchée d'un coup et qu'il m'était impossible de parler.

- Alors je peux savoir pourquoi tu te ramènes avec cette troupe de bras-cassé ?

Visiblement, Evilash semblait être de mauvaise humeur. Me forçant à me ressaisir, je toisai mon autre version.

- Je ne suis pas venue parler de mes actions, mais des tiennes, grinçai-je, étant subitement moi aussi de mauvaise humeur. Je ne suis pas venue jusqu'ici pour te rendre des comptes.

Evilash ricana.

- Tu crois sérieusement que je vais accepter de te parler avec ces êtres indésirables autour de nous ? siffla-t-elle. Je voulais te voir seule à seule, alors repasse plus tard, quand tu te décideras à venir sans personne dans ton sillon.

Je serrai les poings, m'avançant vers la silhouette de cendres, les nerfs à vif.

- Je n'ai pas fait tout ce chemin pour partir ! m'énervai-je.

Evilash lâcha un rire moqueur.

- Très bien, dit-elle en se tournant vers le couloir. Je te donne une seconde chance de me retrouver, seule cette fois-ci. Traverse le cimetière, déclara-t-elle en désignant le couloir, tu verras tout au bout un tunnel, je serai de l'autre côté.

Sur ces mots, la silhouette disparut dans un amas de cendres.

- Un cimetière ? répéta Martial. Il y a un cimetière dans la Scaremountain ! s'étonna-t-il.

Serrant les poings avec force, je m'élançai dans le couloir, sans un regard en arrière. J'entendis des bruits de pas. Ils me suivaient. Je me retournai, fulminant de rage.

- Je dois y aller seule, leur rappelai-je, je n'ai pas besoin de pot de colle !

- On t'accompagne au moins jusqu'au tunnel, se buta Kairos, visiblement inquiet de ce qu'il pourrait m'arriver.

Je levai les yeux au ciel, consciente que je ne pourrai pas l'en dissuader. Tant qu'il ne me suivait pas à l'intérieur du tunnel, je n'allais pas me battre avec lui.

Je repris mon chemin. Kalidas se glissa à mon côté. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine et je fis un brusque mouvement de recul.

- Tu ferais mieux de fermer la marche avant que mes nerfs ne lâchent, lui sifflai-je d'un ton sec, mon cœur tambourinant dans ma poitrine.

Obscuras Tome 2 : L'indésirable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant