Obscuras Tome 2 : L'indésirable.

5. Confession nocturne.

Je sentis de la poussière me caresser les doigts. Une sensation de chaleur me caressa la peau, contrastant avec le froid glacial habituel de ma cellule. J'ouvris les yeux. Le ciel était rose, entièrement rose. Ce n'était pas de la poussière sur mes doigts, mais de la terre. De fins grains de terre, poudreux. Une agréable odeur de plantes aromatiques s'élevait dans les airs. Pourtant, il n'y avait aucun végétal dans les alentours. Rien que cette terre poudreuse et d'énorme montagnes brunes s'élevant au loin dans l'horizon. Les lieux étaient déserts.

Où étais-je ?

La dernière chose dont je me souvenais, c'est de m'être endormi à même le sol de ma cellule, fatiguée, la peau me tiraillant due à toutes mes blessures. Etais-je en train de rêver ? Ce rêve me semblait beaucoup plus réaliste qu'un songe habituel.

Me relevant lentement, j'époussetai mes vêtements pour me débarrasser de cette terre envahissant les lieux. Je remarquai alors que ma jambe ne portait plus de traces de la moindre blessure, je n'avais plus mal nulle part. Mes blessures n'existaient plus. Si c'était un rêve, ce n'était pas étonnant.

Une silhouette se dessina devant moi. Une silhouette étrangement familière. Kalidas. Qu'est-ce qu'il faisant dans mes songes, celui-là ?

- Ne me dis pas que je vais me mettre à rêver de toi ? m'agaçai-je au Rôdeur qui venait visiblement hanter mes rêves à présent.

Un sourire apparut sur le visage du jeune homme, laissant apparaître une fossette sur sa joue droite.

- Tu ne rêves pas, du moins, pas vraiment, me répondit-il tandis que je fronçai les sourcils.

- Qu'est-ce que tu entends par là ? Et qu'est-ce que tu fais ici alors ? Tu n'étais pas censé te tirer et retourner dans ta grande ferme ?

- Je suis bien parti, je suis actuellement dans mon repaire. Mais je ne pouvais pas rester les bras croisés à ne rien faire. Je me suis emparé d'un talisman d'amétrine, je l'ai glissé sous la dalle, devant la porte de ta cellule.

Je fronçai les sourcils.

- Comment tu fais ça ? Comment tu fais pour me rendre visite lors de mon sommeil ? demandai-je, ignorant l'information qu'il venait de me donner.

- Je n'ai pas pour seule race celui du Rôdeur, m'apprit-il, je suis un Inception, ce qui me donne le pouvoir d'entrer dans les rêves de qui je veux et de manipuler son rêve à ma guise.

- Tu me manipules ? m'écriai-je, sentant mon sang bouillir dans mes veines. Sors de ma tête !

Kalidas passa une main nerveuse dans sa chevelure d'un noir sans fond.

- Je n'ai pas dit ça, se justifia-t-il. Je pourrais manipuler ton rêve et faire apparaître toutes sortes de choses pour jouer avec tes émotions, mais je ne me permettrais jamais une chose pareille. Je suis juste venu pour te voir...

- Tu veux dire qu'il existe des Inceptions qui manipulent les Obscuras dans leur sommeil ? Jusqu'où peuvent-ils aller ?

- Ils peuvent aller jusqu'à causer la mort, marmonna le Rôdeur. Mais fort heureusement, c'est une race très rare.

- Et très dangereuse, commentai-je. Comment tuent-ils quelqu'un dans son sommeil ?

Le Rôdeur contempla le sol de terre poudreuse, le regard perdu dans les vagues.

- Si tu meurs dans ton rêve alors que tu es sous l'emprise d'un Inception, tu ne te réveilles jamais. Il a juste à se débrouiller pour que ça arrive. Et il existe d'innombrable façon d'y parvenir ; créer un cauchemar, un meurtrier, pousser la personne au suicide...